Le top 10 des mots français tombés aux oubliettes

La langue de Molière recèle des trésors dont certains se perdent, à notre plus grand regret. Voici quelques mots français tombés aux oubliettes qui embelliront votre langage.
Que serait la langue française sans ses expressions idiomatiques ? Voici les cinq expressions françaises les plus populaires

Pourquoi certains mots français tombent-ils aux oubliettes ? C’est l’apanage des langues vivantes ! L’usage de la langue évolue tandis que certaines expressions, plus adaptées à la réalité de ses locuteurs, apparaissent.

Rendons hommage aux mots français oubliés !

À l’inverse, d’autres mots français tombent donc aux oubliettes, n’étant plus que très rarement utilisés. Mais ils ne disparaissent pas pour autant ! Nous avons ainsi décidé de rendre hommage aujourd’hui à ces mots français rétro, ces expressions qui fleurent bon l’eau de Cologne, les photos en noir et blanc et les trains à vapeur. Découvrez notre top 10 des mots français tombés aux oubliettes que l’on rêverait de voir revenir sur le devant de la scène.

Notre classement des mots français tombés aux oubliettes

10. Cancan(s)

« Les commères du quartier passent leur temps à faire des cancans. »

Certains affirment qu’avec son « coin coin » caractéristique et proprement insupportable aux oreilles humaines, le canard a donné naissance au terme « cancan », premier sur notre liste des mots français oubliés, qui signifie « bavardage malveillant ». Bien que pittoresque, cette explication semble condamnée aux oubliettes. « Cancan » pourrait en réalité venir de l’arabe كان كان, (« kan kan »), une formule qui désignerait « des propos futiles ».

Deux canards se chuchotent des commérages alors qu'un troisième canard les observe
Le mot « cancan » fait partie de ces expressions tombées depuis longtemps aux oubliettes de la langue française

9. Sobriquet

Parmi les mots français oubliés, ce synonyme désuet de « surnom » a comme sens premier « coup sous le menton ». Peut-être est-ce là qu’il faut chercher l’origine étymologique du terme, qui prend souvent une connotation moqueuse aujourd’hui, évoquant une pichenette symbolique que l’on donnerait à celui ou celle que l’on affuble d’un ridicule pseudonyme.

Quelques exemples historiques de sobriquets : « Berthe au Grand Pied » (Bertrade de Laon, épouse de Pépin le Bref et mère de Charlemagne) ; « Petit Caporal » (Napoléon) ; « Gros Louis » (Louis XVI, qui s’est vu affublé de ce surnom suite au catastrophique épisode de la fuite à Varennes) ; ou encore, plus actuel et international : « Il Cavaliere » (Berlusconi), ou « Governator » (Arnold Schwarzenegger, alias « Schwarzy » pour les intimes).

8. Ouste ! (Variante : Oust !)

« Ouste, sacripant ! »

Voilà une phrase qui fleure bon l’eau de Cologne de grand-mère, n’est-ce pas ? En tout cas, si j’ai acheté ce terme poétique à cette liste de mots français oubliés, c’est parce qu’il me rappelle ces moments où ma propre grand-mère me surprenait dans la cuisine en train de voler les restes de gâteau dans le réfrigérateur (même si elle ne m’a jamais traitée de « sacripant », heureusement !). D’après certaines sources, cette onomatopée condamnée depuis longtemps aux oubliettes lexicales serait, à la base, une contraction des deux mots allemands heraus (dehors) et schnell (vite), et serait apparue au XIXᵉ siècle. Son usage se serait banalisé en France après la Seconde Guerre mondiale.

7. Saperlipopette

« Saperlipopette, où ai-je donc laissé traîner mes savates ? »

Imaginez qu’en ouvrant la porte de la maison, vous surpreniez un chenapan en train de subtiliser vos savates. Diriez-vous : « Saperlipopette ! Que faites-vous ici ?! Ouste, gredin, du balai ! » ?

De l’avis de tous les étrangers à qui j’ai appris ce mot, « saperlipopette » est la quintessence même du paradoxe langagier : cinq longues syllabes regroupées en un mot qui n’en finit pas, pour exprimer une réaction aussi spontanée que la surprise. En termes de logique et d’efficacité, on a déjà connu mieux. C’est toutefois un régal pour les oreilles !

6. Savates

« Ne laisse pas traîner tes savates ! »

Savates, donc. Ce synonyme de « chaussures » ou « vieille pantoufle » s’accompagne d’une connotation relativement péjorative. Il est repris en ce sens dans une expression telle que « traîne-savates », qui désigne une personne vivant dans la misère – une insulte pour le moins imagée. Comme tant d’autres mots français tombés en désuétude, son origine n’est pas clairement établie. Cependant, le terme pourrait venir du basque ou de l’arabe, ce qui est d’ailleurs loin d’être incompatible, si l’on considère le cheminement étymologique des mots français venus de l’arabe, et qui ont souvent d’abord été transformés, notamment par l’espagnol ou l’italien.

5. Chenapan

« Qu’on ne t’y reprenne plus, petit chenapan ! »

Un homme attrape un coq par le cou
Chenapan, encore un de ces mots français géniaux… pourtant tombés aux oubliettes !

Quel terme délicieusement démodé ! Ce mot, qui signifie « voleur de grand chemin », est également d’origine allemande. L’étymologie allemande aurait donc quelque chose à voir avec l’oubli des mots français ? Ou simple coïncidence ? Quoi qu’il en soit, le terme vient de « Schnapphahn », soit la contraction de « schnappen » (attraper) et « Hahn » (le coq), ce qui se traduit littéralement par « voleur de poules ». Il s’agit certainement d’une référence aux bandits sans scrupules qui faisaient main basse sur la volaille des paysans se rendant au marché.

4. Fi ! (le plus petit des mots français oubliés)

« Fi, fi, qu’elle est laide ! »

Cette phrase, tirée du conte de fée « La princesse Rosette » de Marie-Catherine d’Aulnoy est, pour je ne sais quelle raison, restée à jamais gravée dans ma mémoire. « Fi » est le plus court des mots français de cette liste puisqu’il n’est composé que de deux lettres. Une formule magique de deux lettres assassines exprimant à la fois le mépris, le blâme et le dégoût. C’est à la fois une interjection impitoyable pour le destinataire et un terme plein de délicatesse, qui exprime toute l’étendue de l’offense faite à celui qui la prononce, et donc toute sa sensibilité.

3. Fleureter

« Il aime fleureter avec la laitière. »

« Fleureter » est assurément l’un de nos mots français préférés de cette liste. Je l’ai rencontré récemment en feuilletant Berlin Alexanderplatz, le roman allemand de Alfred Döblin, dans sa traduction française. En le lisant, je me suis rendu compte à quel point sa prononciation rappelait l’anglais « flirter ». Ni une ni deux, je suis allée faire mes recherches afin de confirmer ou non mon hypothèse, c’est-à-dire que le mot « flirter », couramment utilisé aujourd’hui avec son orthographe anglaise, viendrait en réalité initialement du français. D’après le Trésor de la Langue française, c’est effectivement une des possibles origines du « flirt » moderne.

Une abeille survole différentes espèces de fleurs
Le verbe « fleureter », tombé depuis longtemps aux oubliettes de la langue française, aurait possiblement inspiré le « flirt » anglais !

Ce terme rappelle une célèbre expression tombée, elle aussi, aux oubliettes – « conter fleurette » – et renferme effectivement l’idée de séduction, de badinage et de discours fleuri.

2. Contre-aimer

« Siecle vrayment heureux, siecle d’or estimé, Où tousjours l’amoureux se voyoit contre-aimé. » (Siècle vraiment heureux, siècle d’or estimé, Où toujours l’amoureux se voyait contre-aimé.) – Pierre de Ronsard

Pour rester dans la veine amoureuse des mots français oubliés, voici un joli verbe, aujourd’hui complètement tombé aux oubliettes. « Contre-aimer » signifie littéralement « aimer en retour » une personne qui nous aime – l’ancêtre du « Tinder-match », en quelque sorte.

1. Et le premier sur notre liste de mots français oubliés est…

« Ils sont venus avec toute leur marmaille. »

Marmaille. Ce nom collectif qui désigne des enfants bruyants est composé du mot « marmot » et du suffixe « -aille », qui introduit ici une connotation péjorative. Eh oui, tout le monde n’aime pas forcément les enfants. Notons cependant que ce dernier terme de notre liste de mots français oubliés est encore très utilisé par le créole réunionnais !

Illustrations d’Adélaïde Laureau

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