Et si salaire ne rimait plus avec sédentaire ? Depuis quelques années, la tendance fait son chemin dans le monde du travail. Ils sont de plus en plus nombreux à franchir le cap de l’itinérance professionnelle, une activité rémunérée mais libérée des contraintes horaires, calendaires, et sédentaires donc. On parle désormais de plus en plus de ces ambassadeurs du travail mobile, les fameux digital nomads – un terme que l’on traduit en français par « nomades digitaux ».
À défaut d’une autre traduction, c’est le terme que nous emploierons pour désigner celles et ceux qui ont la chance de pouvoir travailler et gagner leur vie depuis les quatre coins du monde, à partir d’un simple ordinateur et d’une connexion internet. Ils travaillent souvent dans les domaines de l’informatique, du marketing, de la rédaction web ou du journalisme, et ont en commun l’envie de profiter d’un certain mode de vie, rythmé par les voyages, l’expatriation. Oublié le tristement célèbre « métro/boulot/dodo » ; travailler de partout permettrait de rester libre, de choisir ses horaires, son lieu de travail, d’écrire ou de coder au soleil, les pieds dans l’eau, face à un paysage de rêve.
Et pourtant si ce virage professionnel a tout pour faire rêver, le quotidien des nomades digitaux n’est pas toujours rose. La liberté professionnelle a un prix : de plus grandes contraintes et des choix radicaux à faire, que ce soit dans sa vie personnelle, ou dans la somme de ses possessions matérielles. Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les nomades digitaux lorsqu’ils sont à l’étranger ?
Note : cet article a été préparé à partir d’une série d’entretiens, discussions sur les groupes Facebook et forums consacrés au nomadisme digital.
L’autonomie professionnelle parmi les principales difficultés rencontrées
On sous-estime souvent l’importance d’avoir des collègues. Et c’est peut-être lorsqu’on est un nomade digital qu’on s’en rend le plus vite compte. Vivre dans un décor paradisiaque présente des avantages certains, mais cela peut également être handicapant lorsqu’on rencontre une difficulté dans sa mission. Parmi les principales difficultés qu’ils rencontrent, les digital nomads regrettent souvent les difficultés de communication liées à leur statut. Un bout de code informatique que l’on n’arrive pas à faire fonctionner correctement, un renseignement sur une destination, un retour d’expérience sur une stratégie d’inbound marketing… Dans un bureau plus traditionnel, il suffit d’aller poser sa question de vive voix aux collègues. Les nomades digitaux devront eux poser leurs questions à un groupe de discussion sur Facebook ou WhatsApp, puis attendre patiemment d’obtenir ces informations.
Mais de l’avis général, l’absence de hiérarchie directe est l’une des principales difficultés rencontrées par les nomades digitaux. Se passer de ses supérieurs, c’est aussi se priver de conseils parfois précieux : mentoring, contacts, opportunités, feedbacks pertinents sur le travail que l’on effectue. En choisissant de se couper d’un quotidien, les nomades digitaux se retrouvent parfois « piégés » dans leur domaine de compétence. Leurs clients – et c’est logique – ne leur commandent que ce qu’ils savent déjà faire, ce qui les empêche parfois d’améliorer leurs compétences, ou de diversifier celles-ci. Sans compter qu’ils renonceront également à la plupart des avantages que peut proposer une entreprise à ses salariés : intérêts, participation, actions, Ticket restaurant, primes, ordinateurs de fonction… Le nomade digital doit tout prendre en charge lui-même, ou du moins le calculer dans ses prestations.
Dissocier voyages et activité professionnelle
Voyager en travaillant – ou travailler en voyageant – est un sentiment très appréciable. Cependant, ce mode de vie rend très difficile le fait de tracer une limite franche entre moments de détente et moments de travail.
Chaque heure de la journée devient, potentiellement, une heure de travail selon les missions. À l’inverse, des traditionnels horaires de bureau permettent d’établir un sas précis entre les moments de repos et les plages de travail.
Avec les voyages, c’est la même chose : synonymes de « vacances » ou de « loisirs » pour la plupart des salariés, le « voyage » devient un mode de travail pour le nomade digital. Plus question de voyager en fait : l’une des principales difficultés rencontrées est alors de choisir « une destination adéquate dans laquelle s’installer pour les prochaines semaines ». Par ailleurs, le fait d’être quelque part pour y travailler requiert une bonne dose d’investissement personnel qui empêchera les nomades de profiter pleinement de la destination choisie. Pour les nomades digitaux, la notion de vacances disparait petit à petit – et les plus beaux voyages sont bien souvent ceux qui les ramènent à leur pays d’origine.
L’indépendance financière, le nerf de la guerre
La vie de nomade digital est une vie d’épicurisme et d’hédonisme. On profite de chaque instant, de chaque endroit, de chaque restaurant, le plus possible ; parfois en se mettant en scène. Mais l’une des principales difficultés rencontrées par les nomades digitaux est la précarité liée au statut. Flux de commandes aléatoire, variation permanente des revenus, impossibilité de se projeter financièrement dans l’avenir : il est souvent difficile pour le nomade digital de mettre de l’argent de côté.
Rebâtir un socle social
Certains nomades digitaux partent pour se réinventer une vie, ailleurs. Mais la majorité garde tout de même de solides attaches : proches, familles, parents, amis, qui ne peuvent pas les suivre dans ce mode de vie très particulier.
Adopter le nomadisme digital implique donc de ne pas être présent dans le quotidien de ses proches. Un coup de blues, une naissance, un mariage, un pot de départ à célébrer, une promotion à fêter : lorsqu’on est nomade digital, on passe à côté de tous ces petits évènements marquants de la vie.
Pour compenser, les nomades digitaux ont tendance à se reporter sur des amitiés de voyage ; parfois intenses, mais souvent éphémères. C’est peut-être l’une des difficultés rencontrées les plus marquantes : devoir rebâtir constamment une vie sociale stable, sans avoir la certitude d’y parvenir.
Parfois, quelques simples mots échangés peuvent déboucher sur une surprenante amitié, qui devient une porte ouverte dans la vie locale. Apprendre les rudiments d’une langue vous donnera la possibilité de nouer plus facilement contact avec les habitants du pays : à l’hôtel ou chez vos hôtes, au restaurant ou dans un café, dans les commerces… les possibilités sont infinies !
Une certaine gastronomie
Lorsqu’on demande à un nomade digital français ce qui lui manque le plus, la réponse est toujours la même : le vin, le fromage, et/ou le saucisson – la Sainte Trinité des expatriés, souvent source de frustration lorsqu’on choisit de s’installer dans le pays de ses rêves.
Parallèlement à la démocratisation du nomadisme digital, de nombreux cours de cuisine ont vu le jour dans les destinations du monde entier. Et si la plupart de ces cours sont en anglais, cuisiner peut être un excellent moyen d’apprendre la langue locale, et de se servir de la cuisine comme d’un pont interculturel, notamment si vous êtes invités quelque part. Qu’il s’agisse de faire la cuisine (celle de chez soi), ou de demander à apprendre certaines recettes auprès de cuisiniers, la préparation d’un repas est toujours un moment enrichissant !
Un club de sport ou un engagement associatif
Pour certains, consacrer quelques heures à une activité extra-professionnelle est un besoin permanent. Cela peut paraître anecdotique, mais lorsqu’on aime faire du sport, de la musique, du dessin, du jardinage, de la couture ou du bricolage, il est parfois compliqué de s’y consacrer pleinement dans un pays dans lequel on ne s’installe que quelques mois.
Heureusement, il reste possible de compenser cette frustration… grâce à l’apprentissage des langues bien sûr ! Suivre nos cours spécifiques au pays dont on apprend la langue est un excellent moyen de renouer avec ses engagements habituels : en rejoignant un groupe de running, en allant disputer une partie de football avec des locaux, ou en se portant volontaire pour une action civique ponctuelle.
Nomade cherche nid douillet
Un endroit où se cacher, où se réfugier, rempli de choses à soi. Une bulle de confort qu’on arrange comme on veut. Parfois on tente de reconstruire le foyer, la maison, l’appartement qu’on a laissé dans son pays d’origine ; et qu’on ne peut évidemment pas emporter avec soi. Parfois, on a tout quitté justement pour larguer les amarres et se couper de cela.
Lorsqu’on est un nomade digital, on change souvent de foyer. Il est bien sûr possible de s’approprier cet endroit ; mais il est toujours difficile de s’y sentir réellement « chez soi ». Parce qu’il serait inutile d’acheter un tas de bibelots – pour s’approprier l’espace – mais qu’on ne pourrait pas emporter avec soi ; parce qu’il faut des années, pour se construire un foyer, un endroit à soi, où se sentir bien, où recharger ses batteries, où faire du cocooning. Et où stocker ses affaires, qu’on accumule au fil des voyages : livres, souvenirs, pièces de monnaie, etc.
Prendre de l’assurance
On sous-estime l’importance d’avoir un médecin de famille, capable de vous suivre sur une longue période. Pour les nomades digitaux, la santé est souvent un sujet majeur d’inquiétude et d’interrogations : quelle assurance choisir ? Faut-il rentrer dans son pays ou oser aller voir un médecin local ? Ça tombe bien, notre prochain article répondra à toutes ces questions, en proposant une « boîte à outils » regroupant toutes les informations essentielles aux nomades digitaux !