Lorsque le monde change, les langues évoluent – c’est l’apanage des langues dites vivantes. Les dernières années auront ainsi été le théâtre de nombreuses révolutions linguistiques, portées par les différents mouvements de société qui agitent l’humanité tout entière. À ce titre, l’essor de la parole féministe est un exemple absolument unique. Seules quelques années auront permis de réaliser à quel point la langue est une alliée de premier plan du féminisme.
Qu’est-ce que le féminisme, et comment le définir ?
Longtemps utilisé de façon clivante, la nécessité de donner une définition juste au mot feminism – féminisme en français – est apparue incontournable aux yeux du monde avec l’avènement du mouvement #metoo, repris en France via le hashtag #BalanceTonPorc.
Définir ce qu’est le féminisme, c’est d’abord définir ce qu’il n’est pas : le féminisme ne doit en aucun cas être comparé avec le masculinisme ou le machisme, dont l’ambition est de réduire le féminisme à une simple lutte de genres. Le féminisme vise l’égalité entre les sexes – en termes de droits, de libertés, de sécurité, de salaires, etc. – et ne pense pas que les femmes sont supérieures aux hommes. Il s’agit d’une question d’égalité, de justice et d’équité.
En fait, alors que l’idéologie masculine se concentre sur l’oppression des femmes de différentes manières et formes, le féminisme lutte précisément pour exposer, dénoncer et s’opposer à cette oppression.
La théorie, bien sûr, ne suffit pas : chacun de nous a l’obligation d’adopter des comportements qui peuvent briser le schéma du machisme.
Nous avons donc décidé de vous proposer un petit glossaire de mots anglais qui ont été inventés dans le but spécifique de dénoncer de la façon la plus juste possible certaines attitudes sexistes.
Manterrupting (man = homme + interrupting = interrompre)
Comme la composition de ce mot l’indique, ce terme décrit l’attitude arrogante d’un homme qui interrompt une femme pendant qu’elle parle et qui ne la laisse pas finir jusqu’au bout. Dans de nombreux cas, le « manterrupting » se transforme en « mansplaining ».
Mansplaining (man = homme + explaining = expliquer)
Ce mot, inventé par Rebecca Solnit, auteure du livre Ces hommes qui m’expliquent la vie », dénonce l’attitude condescendante et paternaliste de certains hommes qui, discréditant et dévalorisant le savoir féminin, interrompent une femme pour lui expliquer un sujet qu’elle maîtrise pourtant sur le bout des doigts. Cette façon de faire est malheureusement très courante dans les milieux professionnels. On parle aussi de « mansplaining » lorsque les hommes expliquent des sujets très évidents aux femmes, en supposant qu’elles ne peuvent pas les comprendre.
Bropriating (bro/brother =frère + appropriating = s’approprier)
Voici un autre comportement très courant dans le monde professionnel. On parle de bropriating lorsqu’un homme s’approprie l’idée développée par une collègue féminine, agissant comme s’il en était l’auteur et s’attribuant tout le mérite.
Gaslighting (une forme de manipulation psychologique)
Ce terme tire son origine du film Gaslight (Hantise dans sa version française), sorti en 1944, dans lequel un mari réussit à manipuler mentalement sa femme au point qu’elle croit être devenue folle, afin de mettre la main sur son héritage. Le gaslighting désigne précisément une manipulation sournoise basée sur la violence psychologique et qui, bien qu’elle fasse également des victimes parmi les hommes, est plus fréquemment utilisée contre les femmes.
La manipulation est effectuée dans le but de semer la confusion, de discréditer la personne et de la faire douter. Dans des cas extrêmes, les victimes de « gaslighting » peuvent se convaincre qu’elles ont complètement perdu le contrôle de leur vie.
Faites donc attention si quelqu’un s’adresse très souvent à vous avec des phrases comme « Tu es trop sensible », «Tu ne comprends rien », ou « Tu as perdu la tête ».
Slut-shaming (slut = traînée + shaming = mettre la honte en public, ridiculiser)
Le terme slut-shaming désigne l’action de rabaisser ou ridiculiser une femme à cause de ses pratiques sexuelles ou de son mode de vie. En vérité, décréter ce qui constitue un comportement sexuel approprié pour une femme est en soi sexiste et arriéré. Cette façon de faire est mise en œuvre lorsque la femme victime de slut shaming brise les tabous, n’a pas peur de vivre pleinement sa vie sexuelle et en parle librement.
Body-shaming (body = corps + shaming = ridiculiser une personne, mettre la honte en public)
Le body shaming consiste à se moquer d’une femme en raison de son physique et de sa façon de s’habiller. Là encore, cette attitude se produit naturellement lorsque la femme expose son corps avec joie et liberté. La femme se libère des diktats de la beauté imposés par une société qui promeut constamment un idéal à l’origine du cercle vicieux du « body shaming ».