À chaque pays du monde, sa propre tradition de légendes effrayantes. Bien sûr, les personnages fantastiques sont avant tout là pour rappeler les enfants à l’ordre. Les parents ne les invoquent le plus souvent qu’en dernier recours, mais lorsque leurs enfants n’en font qu’à leur tête, il y a toujours un monstre terrifiant pour les inciter à bien se tenir. Si celui-ci peut avoir des noms, formes et genres différents, il est néanmoins connu de toutes les cultures du monde : le sombre, l’insaisissable, le diabolique, qui se délecte des vilains garnements. Il a beau être le mal incarné, une alliance secrète l’unit aux parents désespérés qui n’arrivent pas à mettre leurs enfants au lit. En France, on le connaît sous le nom de croque-mitaine, mais chaque culture a une dénomination propre pour désigner cette créature nocturne qui hante les cauchemars des enfants. Et sur ce fait, tous les parents du monde sont d’accord : un monstre qui fait peur est un excellent moyen de calmer une progéniture agitée.
Boogeyman
Angleterre
autres noms : Bogeyman, Bogieman, Boogie Man, Bogy, Bugbear
autres régions concernées : les pays anglophones
Un fantôme sombre et informe qui se cache dans l’obscurité afin d’effrayer ses crédules victimes. Il est plus une nuisance qu’un danger et ses pouvoirs peuvent facilement être neutralisés en allumant la lumière. Le nom tient probablement son origine du mot anglais « bugge », datant du Moyen-Âge et qui signifie « quelque chose d’effrayant ».
Bokkenrijders
Pays-Bas
autres régions concernées : Belgique, Allemagne
Les « chevaucheurs de boucs » sont des fantômes à cheval sur des chèvres volantes. Cette légende a été inventée au XVIIIe siècle par de véritables bandes de voleurs, dans le but d’intimider et terroriser les communautés locales de fermiers.
Butzemann
Allemagne
autres noms : Bütze, Buhmann, Mummelmann, Popelmann
autres régions concernées : Pays-Bas, Scandinavie
Un gobelin sans visage ou un fantôme enveloppé d’une grande cape. C’est le monstre qui se cache dans les coins sombres, sous les lits ou dans les armoires, et attaque les enfants qui ne respectent pas l’heure du coucher. Son nom vient de l’allemand de l’époque médiévale bôtzen (faire du boucan) ou verbutzen (dissimuler ou déguiser).
L’homme au sac
Espagne
autres noms : Hombre del Saco, Hombre del Costal, Homem do Saco, El Roba-chicos
autres régions concernées : une grande partie du sud de l’Europe et Amérique latine
Un homme maigre et laid qui kidnappe les vilains enfants en plein jour et les emporte dans un sac. Selon les variantes régionales, il les vend ou bien les mange. Dans certaines cultures, l’homme au sac est aussi le pendant diabolique de Saint Nicolas.
Baba Yaga
Russie
autres noms : Baba Roga, Złota Baba, Ježibaba, Gorska Maika
autres régions concernées : les pays slaves
Une sorcière ayant un lien profond et puissant avec la forêt. Elle vit dans une cabane perchée sur des cuisses de poulet géantes, chevauche un mortier volant et porte un pilon géant. Sa relation envers les humains est ambivalente, puisqu’elle peut aussi bien les dévorer que leur venir en aide. « Baba » (Баба) se traduit par « femme » ; « yaga » pourrait être dérivé du mot protoslave signifiant serpent, mais ressemble aussi au polonais « jędza » (sorcière), au serbo-croate « jeza » (horreur) et au vieux slave « jęza » (maladie).
H’awouahoua
Algérie
Un monstre à l’aspect composite, dont le corps est constitué de membres d’animaux divers. Ses yeux sont des boules de feu et il porte un manteau tissé avec les vêtements des enfants qu’il a mangés.
Tokoloshe
Afrique du Sud
Ce sont des esprits de l’eau, qui répondent aux appels de sorciers maléfiques. Ils peuvent devenir invisibles en buvant de l’eau et causer toutes sortes de catastrophes. Pendant votre sommeil, vous pouvez vous protéger d’eux en plaçant une brique sous chaque pied du lit, mais si vous souhaitez vous en débarrasser pour de bon, il vous faudra l’aide d’un sorcier.
Gurumapa
Népal
Un cannibale géant avec de longs crocs saillants. Bien qu’il aime le goût des enfants, on peut lui faire entendre raison et aujourd’hui, il savoure un banquet annuel en son honneur en échange d’épargner la vie des bambins.
Wewe Gombel
Indonésie
L’esprit vengeur d’une femme dont le cœur brisé l’a conduite au suicide. Contrairement aux croque-mitaines habituels, elle kidnappe les enfants pour les sauver de leurs méchants parents ! Elle s’occupe d’eux avec amour dans son nid, en haut d’un palmier, refusant de les rendre jusqu’à ce que leurs parents se repentent de leur comportement violent ou négligent.
Namahage
Péninsule d’Oga, Japon
Ces ogres frappent aux portes pendant le réveillon du Nouvel An, à la recherche des enfants qui n’ont pas été sages durant l’année écoulée. Ces monstres sont plus que ravis de venir soulager les parents en capturant leurs enfants fainéants, insolents ou pleurnichards. Leur nom vient du fameux refrain – なもみコ剝げたかよ « Namomi ko hagetaka yo? » (« Les ampoules sont-elles désormais guéries ? ») – qui moque les fainéants assis au coin du feu toute la journée.
The Jersey Devil
New Jersey, USA
autre nom : le diable de Leeds
Un monstre aux allures de dragon, étrange amalgame de plusieurs parties d’animaux divers, et dont le cri vous glace le sang. D’après la légende, il était le treizième enfant, né en 1735, de la terriblement malchanceuse « maman de Leeds ». Depuis lors, il terrorise les téméraires qui s’aventurent la nuit dans les forêts de pins.
La Llorona
Mexique
Elle a noyé ses enfants afin d’être avec un homme qui l’a finalement repoussée. Elle s’est alors noyée elle-même par désespoir – mais reste bannie du paradis jusqu’à ce qu’elle retrouve ses enfants. La nuit, elle erre le long de la rivière à leur recherche, pleurant « ¡Ay mis hijos ! » (« oh, mes enfants ! ») et capturant tous les enfants qui croisent son chemin et qu’elle prend pour les siens. Comme pour la Banshee irlandaise, entendre ses pleurs est considéré comme un présage de mort. Son nom est dérivé de l’espagnol « llorar » (pleurer).
Tata Duende
Belize
Un gobelin petit et barbu, sans pouce, et dont les pieds sont à l’envers. On dit de lui qu’il est le gardien de la forêt et des animaux. Les parents mettent en garde leurs enfants : si ceux-ci restent dehors à la tombée de la nuit ou errent dans la jungle, le monstre Tata Duende les attrapera. Son nom se traduit par « Papa gobelin ».
Mètminwi
Haïti
Un homme aux jambes incroyablement longues, qui, à minuit, se promène aux alentours des villes pour attraper et manger toute personne se trouvant encore dehors. Son nom résulte de la contraction des mots français « maître » et « minuit ».
Cuca
Brésil
autres noms : Coca, Cucuy
Une célèbre berceuse brésilienne avertit les enfants que Cuca, une femme crocodile, les attrapera s’ils ne vont pas au lit. Elle est le pendant de la Portugaise « Coca ».