đ Halloween 2022 : dĂ©couvrez nos mots effrayants favoris !

Ă lâoccasion dâHalloween, nous nous sommes intĂ©ressĂ©s aux mots qui font peur. Ces mots effrayants qui Ă©voquent des monstres issus du folklore des contes et lĂ©gendes, ceux que lâon utilise pour dĂ©crire ou exprimer un sentiment dâangoisse, ou encore, les expressions idiomatiques utilisĂ©es pour (se) faire peur⊠Les langues mortes et vivantes ont toujours fait preuve dâune inventivitĂ© remarquable pour parler des craintes et des angoisses, rationnelles ou non.
Ă rechercher des mots effrayants dans les langues du monde entier, on sâaperçoit trĂšs vite dâun fait amusant : Ă peu prĂšs toutes les langues du monde ont, un jour ou lâautre, inventĂ© quelque chose pour faire peur aux enfants qui ne sont pas sages. Bien que la dĂ©finition du « bon comportement » que doit avoir un enfant varie dâun bout Ă lâautre du monde, il semblerait que les parents aient toujours eu besoin dâavoir un Ă©pouvantail Ă opposer Ă leur progĂ©niture lorsque celle-ci commençait Ă ĂȘtre agaçante : croque-mitaine, GrĂœla, MareâŠ
Voici donc une liste complĂ©mentaire Ă celle que nous avons dĂ©jĂ Ă©crite sur les alter ego du Boogeyman (croque-mitaine). Des mots qui font peur lorsquâon en parle, et dâautres mots qui, eux, parlent de la peur.
đ» Les monstres les plus effrayants đ»
1 / Le Bicho-papĂŁo (Portugal)
Le Bicho-papĂŁo est un monstre imaginaire connu de tous les enfants portugais, mĂȘme sâil apparait Ă©galement dans certaines provinces espagnoles comme la Galice, les Asturies ou encore la Catalogne.
Le Bicho-papĂŁo est un ĂȘtre malfaisant qui reste en permanence tapi dans lâombre, aux aguets. Le seul moment oĂč il apparait ? Lorsquâil sent la prĂ©sence dâun enfant mĂ©chant : il prend alors la forme dâun esprit, dâun animal monstrueux, dâun fantĂŽme, ou dâun ĂȘtre vivant malĂ©fique, pour manger lâenfant en question⊠avec du ketchup.
Le mot papĂŁo vient de lâexpression « papar » (manger, dĂ©vorer) tandis que bicho signifie une bestiole, un animal, un insecte. LittĂ©ralement, le Bicho-papĂŁo est donc un « dĂ©voreur de bestiole ».
2 / La GrĂœla (Islande)
Les Islandais, pour faire peur Ă leurs enfants, racontent de nombreuses histoires sur GrĂœla, une horrible gĂ©ante qui vit dans les montagnes. En effet, celle-ci possĂšde deux caractĂ©ristiques bien utiles : une ouĂŻe trĂšs dĂ©veloppĂ©e qui lui permet de repĂ©rer les enfants qui ne sont pas sages ; et un appĂ©tit sans fin pour le ragout dâenfants mĂ©chants. Et, pour son plus grand bonheur, la lĂ©gende dit que lâingrĂ©dient principal de son plat prĂ©fĂ©rĂ© ne vient jamais Ă manquer. La sociĂ©tĂ© islandaise aimant les paradoxes, la GrĂœla est Ă©galement la mĂšre des Lads Yule, lâĂ©quivalent local du pĂšre NoĂ«l.
La figure de la GrĂœla a traumatisĂ© tellement dâenfants quâen 1746, un dĂ©cret public a interdit aux parents de raconter cette histoire et dâentretenir la lĂ©gende. Heureusement, il semblerait que cela nâait pas fonctionnĂ©.
3 / La Came-cruse (Gascogne)
La came-cruse est une version gasconne du croque-mitaine, mais particuliĂšrement effroyable : il sâagit dâune jambe â oui, juste une jambe â qui se balade dans la nuit, avec un Ćil sur le genou. Elle apparait sans crier gare (puisquâelle est dĂ©nuĂ©e de bouche), surgissant de nulle part, pour emporter et dĂ©vorer Ă peu prĂšs nâimporte qui. Personne ne sait vraiment comment la came-cruse sây prend pour se sustenter (avec la plante du pied ?) Avec le moignon de la cuisse, car les scientifiques ayant voulu approcher la crĂ©ature ne sont jamais revenus. NĂ©anmoins, si, un jour, vous croisez le chemin dâune jambe qui sautille gaiement dans la nature : fuyez.
4 / La Goulue (Gascogne)
Dans un conte de Gascogne recueilli par Jean-François BladĂ©, la Goulue est le surnom donnĂ© Ă une jeune fille qui aimait un peu trop la viande, quâelle mangeait crue et en grandes quantitĂ©s, entrant dans une colĂšre dantesque chaque fois quâelle en Ă©tait privĂ©e. Un jour, ses parents partent faire des emplettes Ă la ville ; la Goulue, naturellement, leur demande de ne pas oublier de rapporter de la viande. Mais, sur le chemin du retour, les parents se rendent comptent quâils ont bel et bien oubliĂ© dâacheter de la viande ; afin de ne pas avoir Ă subir une nouvelle colĂšre homĂ©rique de leur fille, ils vont dans un cimetiĂšre, y dĂ©terrent un mort, lui coupent la jambe, et lâapportent Ă leur fille. FidĂšle Ă ses habitudes, elle la mange crue, apprĂ©ciant mĂȘme son goĂ»t faisandĂ©.
Ăvidemment, le mort mĂ©content vient rĂ©clamer sa jambe Ă la Goulue. Comme celle-ci ne peut lui rendre ce quâelle a dĂ©jĂ ingurgitĂ©, le mort emporte la Goulue avec lui dans sa tombe, oĂč il la dĂ©vore Ă son tour⊠avec de la mayonnaise.
5 / La Mare (Scandinavie et pays anglo-saxons)
Une Mare est une entitĂ© malfaisante qui existe depuis les premiers siĂšcles aprĂšs JĂ©sus-Christ : le mot viendrait dâailleurs du vieil anglais (mĂŠre), Ă moins quâil ne vienne du vieux nĂ©erlandais (mare) ou du vieux norrois (mara), qui fut la premiĂšre langue scandinave Ă©crite.
Dans tous les cas, la Mare est toujours une entitĂ© fĂ©minine malĂ©fique qui chevauche le ventre des gens lorsquâils dorment, apportant les mauvais rĂȘves ou cauchemars (nightâmareâ). Le mot apparait dâailleurs dans toutes les variantes nordiques du mot « cauchemar » :
- En suĂ©dois, « mardröm » signifie littĂ©ralement « rĂȘve de mara »
- En norvégien, « mareritt » signifie « chevauchée de mara »
- En danois, « mareridt » se traduit également par « chevauchée de mara »
- En islandais, « martröð » signifie « rĂȘver de mara »
On retrouve la trace de la Mare dĂšs lâYnglingatal (fin du Xá” siĂšcle) et la Saga des Ynglingar (1Â 225). Mais il est probable que le terme existe depuis bien plus longtemps.
De façon plus anecdotique, la Mare est connue pour monter Ă cheval, Ă©puiser ses montures, et emmĂȘler les cheveux de ses victimes pendant la nuit. Ainsi, le meilleur moyen dâĂ©chapper Ă la Mare serait de souffrir de calvitie⊠ou de dormir sur le ventre.
6 / Le Draugen (SuĂšde)
Un Draugen est le fantĂŽme dâun humain qui a pĂ©ri en mer. Ănorme, gonflĂ©, couvert dâalgues et marchant avec des rames de bateau en guise de bĂ©quilles, il pousse un cri effroyable lorsquâil apparait, de prĂ©fĂ©rence lors des nuits de tempĂȘte. Cherchant Ă semer naufrages et noyades dans son sillage, ses proies prĂ©fĂ©rĂ©es sont Ă©videmment les marins et les pĂȘcheurs, mais Ă©galement tous les promeneurs imprudents qui marcheraient au bord de lâeau, lorsque la mer est agitĂ©e.
Aujourdâhui, le mot draugen ne se rĂ©fĂšre plus vraiment Ă la crĂ©ature fantastique du folklore suĂ©dois. Il sâagit plutĂŽt de tout ce que la mer et lâocĂ©an ont de mystĂ©rieux, mais avec une connotation angoissĂ©e, voire sombre.
7 / Le Krampus (Allemagne)
Le Krampus est une créature mythique anthropomorphe et munie de cornes, à moitié chÚvre et à moitié démon. Il apparait dans de nombreux folklores européens, sous différents termes :
- Hans Trapp (Alsace)
- Rubelz ou Rupp Knecht (Lorraine germanophone)
- PĂšre La Pouque (Normandie)
- Zwarte Piet (Pays-Bas)
- Knecht Ruprecht (Allemagne)
- Pelznickel (Rhin, BaviÚre, Autriche)
Câest autour des fĂȘtes de NoĂ«l que le Krampus apparait le plus souvent : comme le PĂšre Fouettard, il sâagit du double malĂ©fique de Saint-Nicolas. Alors que ce dernier offre des cadeaux aux enfants qui ont Ă©tĂ© sages, le Krampus, lui, se charge de punir les enfants qui se sont mal conduits. Les origines de cette figure malfaisante ne sont pas connues, mais les spĂ©cialistes sâaccordent Ă dire que lâexistence du Krampus remonterait Ă lâĂšre prĂ©-chrĂ©tienne.
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8 / Yuputka (Nicaragua)
En ulwa (une langue parlĂ©e par les 350 personnes dâun village du Nicaragua), « yuputka » fait partie de ses mots effrayants qui ne se rapportent pas rĂ©ellement Ă un monstre, mais Ă un sentiment bien prĂ©cis : sentir que quelque chose dâinvisible est en train de ramper sur votre peau lorsque vous marchez, seul, dans la nuit, dans une forĂȘt. Quâil sâagisse dâune araignĂ©e, de la main dâun zombie, dâun fantĂŽme, dâun serpent, ou de lâesprit dâune petite fille sordidement assassinĂ©e, cette sensation vous donne une chair de poule monstrueuse â la yuputka.
9 / Tsujigiri (Japon)
Comment ne pas ajouter Tsujigir Ă notre liste de mots effrayants ? Ce mot japonais se traduit littĂ©ralement par « meurtre Ă la croisĂ©e des chemins ». En effet, les SamouraĂŻs (membres de la classe guerriĂšre du Japon fĂ©odal) avaient une fĂącheuse tendance Ă vouloir tester le tranchant de leur sabre et leur niveau dâescrime en allant, de nuit, au carrefour le plus proche de chez eux⊠Pour tuer la premiĂšre personne quâils rencontreraient. Il sâagissait dâun phĂ©nomĂšne tellement commun que les Japonais ont dĂ» inventer un mot pour parler de cette habitude trĂšs spĂ©cifique. De nos jours, bien que les SamouraĂŻs aient disparu, le terme Tsujigiri est toujours utilisĂ© de façon mĂ©taphorique. Ou lorsque, la nuit, des Japonais se baladent dans une forĂȘt sombre et que deux chemins se croisent subitement. Yuputka, es-tu lĂ Â ?
10 / ŃĐŸŃĐșа (Toska, Russie)
Avec toska, il ne sâagit pas vraiment de peur, mais plutĂŽt, dâangoisse existentielle. Un mot effrayant pour parler de toutes les raisons pour lesquelles vous pourriez faire une dĂ©pression : la nostalgie, la mĂ©lancolie, lâangoisse de la mort⊠Mais câest Vladimir Nabokov qui en parle le mieux.
« Aucun mot en anglais ne rend compte de toutes les nuances de toska. Ă son niveau le plus profond et le plus douloureux, il sâagit dâune angoisse spirituelle trĂšs profonde, souvent sans cause prĂ©cise. Ă un niveau moins lugubre, il sâagit dâune souffrance de lâĂąme, dâun dĂ©sir vain, dâun Ă©puisement maladif, dâune vague agitation, des affres de la mort, dâune nostalgie. » Vladimir Nabokov, commentaires Ă sa traduction dâEugene Onegin (Aleksandr Pushkin)
11 / æšȘ飯 (« Riz horizontal », Japon)
Le Yoko Meshi (æšȘ飯), littĂ©ralement traduit par « riz horizontal », est probablement le mot le plus effrayant de cette liste. Il ne sâagit pourtant pas dâune crĂ©ature venue des abysses dĂ©guisĂ©e en grain de riz, mais dâune expression utilisĂ©e lorsquâon avale son riz (meshi : riz cuit) de travers (yoko : horizontal, de travers, Ă cĂŽtĂ©). Effrayant ? Oui, et mĂȘme effroyable, car « avaler son riz de maniĂšre horizontale » peut Ă©galement se rapporter Ă la panique et lâangoisse que vous pouvez ressentir lorsque vous devez parler une langue Ă©trangĂšre. Il sâagit dâune rĂ©fĂ©rence au fait que le japonais sâĂ©crit verticalement de haut en bas, tandis que toutes les autres langues (sauf le chinois) sâĂ©crivent horizontalement.
Un sentiment que ressentent tous ceux qui apprennent une langue avec Babbel, le jour oĂč il faut se lancer Ă lâeau !