Paris, mars 2024 – À l’approche de la compétition sportive mondiale la plus attendue de l’année, Babbel, plateforme leader de l’apprentissage des langues, dévoile une étude analysant l’évolution du langage médiatique autour des femmes et du sport au cours des 30 dernières années. Si les femmes ont été autorisées à participer aux Jeux dès 1928, ce n’est qu’à partir des années 80-90 qu’une augmentation significative de leur taux de participation a été observée, renforçant également leur visibilité médiatique. Les équipes de linguistes de Babbel ont examiné de près le traitement médiatique réservé à ces athlètes en analysant une sélection d’articles de presse généraliste française allant de 1992 à aujourd’hui, mettant en lumière une évolution significative qui reflète notre société contemporaine. “Le langage n’est pas seulement un moyen de communication; il est aussi le reflet de notre perception du monde et de ceux qui l’habitent. La manière dont nous parlons des femmes dans le sport n’est pas seulement révélatrice de nos attitudes envers elles, mais aussi de notre volonté collective de reconnaître et de valoriser leurs contributions et leurs réussites.” explique Sophie Vignoles de Babbel “Alors que le vocabulaire employé dans les années 90 pouvait être relativement neutre, il a peu à peu évolué en s’adaptant aux évolutions de la société, passant d’une simple reconnaissance de leur présence à une réflexion plus critique sur les enjeux d’égalité et d’inclusion dans le sport.”
Du langage infantilisant et genré vers une reconnaissance des performances sportives
Selon Babbel, dans les années 90 et 2000, le langage utilisé pour décrire les athlètes féminines était souvent infantilisant et genré. Les termes tels que “fille” ou “descente dames” étaient fréquemment employés pour se référer à des athlètes, réduisant parfois les sportives à une image moins sérieuse et compétitive. Ces expressions reflétaient souvent une vision stéréotypée des femmes dans le sport, les cantonnant à des rôles
traditionnellement associés à la féminité. Par exemple, les skieuses étaient souvent décrites comme des “coureuses” ou des “misses”, ce qui pouvait minimiser leurs performances sportives et renforcer les normes de genre préétablies, les reléguant ainsi à des rôles secondaires. Alors que les hommes, quant à eux, sont plus souvent décrits comme des “champions”, des “stars”, ou des “phénomènes médiatiques”, l’exact opposé des adjectifs employés pour les femmes. Au fil du temps et dès le début du millénaire, la plateforme a observé une évolution positive vers l’utilisation de terminologies plus valorisantes et respectueuses. Les médias ont ainsi commencé à reconnaître les réalisations sportives des femmes en utilisant des termes tels que “Championne” ou “Femme des Jeux”, mettant en avant leurs exploits sportifs de manière plus élogieuse. Ce n’est enfin qu’à partir des années 2010 qu’elles sont enfin reconnues à leur juste valeur avec l’emploi plus courant du terme “sportives professionnelles” pour parler des athlètes. Cette évolution linguistique reflète une prise de conscience croissante de l’importance de reconnaître les performances individuelles des sportives, indépendamment de leur genre.
Une prise de conscience collective menant à redéfinition inclusive et équitable dans le
domaine sportif
D’après l’analyse de Babbel, l’évolution des mentalités à l’égard de la reconnaissance des femmes dans le sport a ouvert la voie à une réflexion sociétale plus profonde. À partir des années 2010, le discours médiatique adopte une approche plus analytique et critique, témoignant d’une prise de conscience croissante des inégalités persistantes dans le domaine sportif. L’utilisation de termes tels que “sous-représentation” et “bastion du sexisme” souligne les défis auxquels les femmes sont confrontées pour accéder à des opportunités égales dans divers aspects de leur vie, y compris dans le domaine du sport.
Cependant, malgré ces avancées, les sportives continuent souvent d’être réduites à leur identité de genre, comme le suggèrent des termes tels que “section féminine” ou “carrière sportive des femmes”, parfois même avec des formulations redondantes telles que “entraîneuses femmes”. Cette évolution du langage médiatique reflète une prise de conscience grandissante des enjeux liés à l’égalité des sexes et souligne l’importance de
remettre en question les normes sociales et les structures institutionnelles discriminatoires.
Enfin, Babbel a pu noter un changement de paradigme depuis 2020, alors que le langage médiatique évolue vers une perspective plus inclusive et équitable. Les médias abordent désormais également les questions liées à l’intégration des personnes transgenres et intersexes dans le sport. Les termes tels que “athlètes intersexes”, “athlètes transgenres” et “inclusion et équité” sont de plus en plus utilisés pour reconnaître la diversité des identités de genre dans le domaine sportif. Une nouvelle évolution qui illustre une réflexion croissante quant à la nécessité de créer des environnements sportifs inclusifs et équitables pour tous les individus, quelle que soit leur identité de genre. Les athlètes transgenres, intersexes et non binaires font face à un parcours difficile dans leur lutte pour participer pleinement aux épreuves sportives. Les débats persistent, avec certains médias utilisant des termes tels que “avantage biologique supposé”, ce qui contribue à la controverse persistante dans le paysage médiatique français. Aujourd’hui, bien que des progrès aient été réalisés dans la façon dont les athlètes féminines sont représentées dans les médias, des défis persistent encore. Malgré l’utilisation de terminologies plus valorisantes, les femmes sont parfois encore confrontées à des stéréotypes de genre et à des inégalités dans le traitement médiatique de leurs performances sportives. Par exemple, l’engouement pour les droits de diffusion de certains matchs féminins n’est pas le même que celui des équipes masculines, et les athlètes continuent d’être rattachées à leur identité de genre.
Cependant, il est encourageant de constater que le langage médiatique évolue progressivement vers une représentation plus équitable et respectueuse des athlètes féminines, témoignant ainsi d’une prise de conscience croissante des enjeux liés à l’égalité des sexes dans le sport. Cette étude nous montre bien que le langage médiatique n’est pas seulement le reflet de nos attitudes actuelles : c’est aussi un levier pour le changement. La manière dont nous choisissons de parler des athlètes féminines, des personnes transgenres et intersexes dans le sport, a le potentiel de redéfinir les normes et les attentes de la société. En encourageant un discours plus respectueux, nous pouvons célébrer les exploits sportifs tout en inspirant les générations futures à embrasser des valeurs de diversité et
d’inclusion. La question qui se pose désormais est de savoir comment les médias, les institutions sportives et le public peuvent collaborer pour accélérer cette transformation.