10 expressions allemandes à connaître absolument

Ces 10 expressions allemandes vont vous (entre-)ouvrir les portes de la culture et de la mentalité germaniques. Elles peuvent accessoirement vous aider à affronter n’importe quelle situation si vous partez dans un pays germanophone.

À l’étranger, les Allemands sont plus souvent réputés pour leur raideur que pour leur humour. On pourrait avancer l’argument que la structure rigide de l’allemand ne se prête guère au badinage. Mais est-ce vraiment le cas ? Ces 10 expressions allemandes idiomatiques, quelque part entre le bon sens et la poésie, pourraient bien contredire l’hypothèse. Constatez plutôt par vous-même…

Nos dix expressions allemandes favorites :

1. Ce n’est pas ma bière (Das ist nicht mein Bier)

Comprendre : Ce ne sont pas mes oignons !

Ce n’est pas un secret, les Allemands sont amateurs de bonne bière. Cette boisson est une institution en Allemagne et une marque de fabrique à l’étranger. En plus de cela, elle est un moyen infaillible d’aborder n’importe qui en soirée. Bref, une fête sans bière en Allemagne, ce n’est pas une fête – et ce ne sont pas les expressions allemandes qui démontreront le contraire. C’est par exemple pour ça qu’on appelle tendrement les packs de six « six amis » (sechs Freunde) et qu’on préfère souvent que les invités ramènent ces six amis-là plutôt que les copains des amis du mec de… euh, c’était quoi son nom, déjà ? C’est aussi ce qui explique l’existence de 1000 nuances de bière, ces termes divers et variés déclinant toutes les situations qui peuvent être vécues une bière à la main : Fußpils, Wegbier et Faustmolle ne sont que quelques exemples parmi une infinité de noms donnés à la bière qu’on boit sur le chemin d’une fête, pendant une pause ou en rentrant de soirée.

Balancer à quelqu’un « Ce n’est pas ma bière ! » (déclaration radicale et slogan politique du protestant Martin Luther), c’est faire comprendre clairement qu’on n’a rien à voir avec cette histoire, ce qui correspond en français à « Ce ne sont pas mes oignons ! ». Sans aller jusqu’à dire que nous aimons autant les oignons que les Allemands la bière.

2. Pas de bière avant quatre (Kein Bier vor Vier)

Comprendre : Pas de bière avant quatre heures.

La bière serait-elle la reine des expressions allemandes ? Vu son statut en Allemagne, on peut bien lui consacrer quelques adages. Celui-ci est un bel exemple de la modération germanique qui caractérise les peuples du Nord : pas de bière avant quatre heures. Autrement dit, un petit peu avant que la cloche ne sonne la fin d’une dure journée de labeur. Plus qu’une question de rimes, c’est une question de savoir-vivre.

3. Je t’appuie les pouces (ich drück dir die Daumen)

Comprendre : Je croise les doigts pour toi.

Une des expressions allemandes les plus connues. Si vous entendez un Allemand dire « Drück mir die Daumen », ce qu’on traduirait littéralement par « Appuie-moi les pouces », ne vous attendez pas à une suite du style « Là en haut près de l’épaule… un peu plus à gauche, ça me fait mal… ah oui c’est ça… mmmh ça fait du bien… ». Et lorsque les Suisses disent « Tiens-moi les pouces », il ne s’agit pas non plus d’une variante locale du « Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette », mais bien d’un romandisme qui signifie en français « Souhaite-moi bonne chance » – tout simplement.

4. Et maintenant, du beurre sur les poissons (Jetzt mal Butter bei die Fische)

Comprendre : Arrête de tourner autour du pot/Va droit au but.

« Il est temps de beurrer le poisson ! »… n’est-ce pas là une façon agréable et sympathique de signifier à votre interlocuteur qu’il met votre patience à l’épreuve et que vous risquez lentement de vous dessécher sur place s’il n’ajoute pas un peu de beurre à la conversation ?

5. Attendre et boire du thé (Abwarten und Tee trinken)

Comprendre : Attendre et laisser venir.

Au contraire de la bière (voir point n° 1), le thé n’est pas franchement la boisson nationale, qu’on parle de l’Allemagne, de l’Autriche ou de la Suisse allemande. Pourtant il est parvenu à se faire une place dans la grande famille des expressions allemandes. Peut-être est-ce justement en raison de son faible degré d’alcool qu’on l’a associé à cette belle et rare vertu qu’est la patience. Mais peu importent les origines, voici plutôt comment utiliser cette expression déconcertante, surtout quand on l’entend pour la première fois. Vous paniquez à l’idée des résultats du bac qui ne tomberont que dans un mois ? Attendez et buvez du thé… Vous stressez parce que vous pensez avoir raté le dernier métro ? Attendez et buvez du thé… Mais soyons honnête : dans ce genre de situations, une petite bière ne ferait pas de mal non plus.

6. Attention (Achtung)

Comprendre : Attention (avec ou sans point d’exclamation)

Voici un simple mot dont l’efficacité est largement supérieure à n’importe quel discours. La preuve : c’est à peu près le seul que connaissent les francophones qui n’ont jamais appris d’expressions allemandes – ni même l’allemand tout court (pas la peine de faire comme si…). Ce que beaucoup ignorent en revanche, c’est que le sens de ces deux syllabes varie selon l’intonation avec laquelle elles sont prononcées. Par exemple, dans l’exclamation « Fais gaffe, il y a une marche ! », l’aboiement « En marche ! » (surtout en usage chez les militaires), le grognement « Parle à ma main, je ne suis pas du matin », ou encore le chuchotement du bout des lèvres « Prépare-toi, Bernard va encore balancer une de ses blagues à deux balles ».

7. Être à droite, aller à gauche (Rechts stehen, links gehen)

Comprendre : Dégagez le passage !

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas là du programme d’un des candidats à l’élection présidentielle française. Cette phrase est plutôt une injonction consacrant la règle d’or du métro parisien : « Tiens ta droite ! ». Règle qui, si elle ne vaut pas grand chose sur les autoroutes françaises, fait en revanche encourir le risque aux touristes peu vigilants de se faire allègrement aboyer dessus et de perdre ainsi toutes leurs illusions sur Paris, capitale de l’amour et du romantisme. Le fait qu’on consacre une expression à cette règle dans la langue de Goethe nous démontre encore une chose : loin d’être une exception parisienne, elle est bel et bien universelle.

8. C’était clair à un point pas possible (Das war ja so was von klar)

Comprendre : C’était tellement prévisible.

Qui a déjà placé trop d’attentes dans quelque chose ou quelqu’un, nourri des espoirs impossibles à satisfaire, fantasmé sur l’avenir en oubliant les cruelles contingences de la dure réalité ? Ou plutôt : qui n’a jamais connu la déception ? N’est-ce pas là justement le propre de notre nature humaine ? Attendre trop de notre existence terrestre en oubliant qu’elle est inextricablement liée à notre humble condition d’animaux pensants, organismes microscopiques dans l’immensité de… Oups ! Pardon pour cet instant d’égarement. Plutôt que de se perdre dans des considérations philosophiques, préférons nous remettre une de ces expressions allemandes qui une fois de plus brille par sa simplicité déconcertante, exprimant avec autant de clarté que de concision ce sentiment de frustration blasée qui nous envahit tous de temps à autre : « C’était tellement prévisible » – à accompagner d’un haussement d’épaule, s’il vous plaît. Mais rassurez-vous, la langue de Goethe comprend aussi l’adage « Die Hoffnung stirbt zuletzt », « L’espoir meurt en dernier » (Comprendre : L’espoir fait vivre).

9. On n’est pas en sucre (Wir sind ja nicht aus Zucker)

Comprendre : On n’est pas douillet.

D’ailleurs, nous avons beau parfois ressentir de façon cruelle cet éternel enchaînement d’espoirs et de déceptions, au fond, nous ne sommes pas non plus fait de sucre, comme dirait l’autre !

10. On ne se reverra plus aussi jeunes (So jung kommen wir nicht zusammen)

Comprendre : Ça ne va pas aller en s’arrangeant.

Il est quatre heures du matin, vous avez de plus en plus de mal à convaincre votre ami Bernd de déboucher une (avant-)dernière bouteille de vin – non pardon ! D’ouvrir une (avant-)dernière canette de bière. Et voilà que soudain, l’alcool aidant, ressurgissent toutes vos peurs existentielles sur la condition éphémère de l’existence humaine (voire point n° 8), cette angoisse viscérale de voir votre vie passer sans laisser de trace. Bercé par le tic-tac de l’horloge en bruit de fond, cette vérité éclatante (littéralement) vous aveugle : jamais, plus jamais, vous ne serez aussi jeune que maintenant… ou que maintenant… ou que maintenant… C’est le moment opportun pour assommer Bernd d’un bon coup de « De toute façon, ça ne va pas aller en s’arrangeant », autrement dit, on n’a plus rien à perdre (#yolo).

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Thea Bohn

Thea Bohn écrit sur ce qu'elle-même aime lire. Elle a vécu à Mainz, New York et Berlin, villes où elle a étudié la littérature allemande et anglaise ainsi que la philosophie. Elle a publié des textes dans des revues, des recueils et des anthologies, avant de rejoindre Babbel en 2015. Elle apprend actuellement une sixième langue étrangère, l’italien. Son grand défi est d'arriver à engager avec ses collègues Italiens des conversations aux confins de l'absurde sans toutefois les pousser à bout.

Thea Bohn écrit sur ce qu'elle-même aime lire. Elle a vécu à Mainz, New York et Berlin, villes où elle a étudié la littérature allemande et anglaise ainsi que la philosophie. Elle a publié des textes dans des revues, des recueils et des anthologies, avant de rejoindre Babbel en 2015. Elle apprend actuellement une sixième langue étrangère, l’italien. Son grand défi est d'arriver à engager avec ses collègues Italiens des conversations aux confins de l'absurde sans toutefois les pousser à bout.