13 mots patois bien d’chez nous

Il n’y a pas une langue française, il y a des langues françaises ! Selon que vous êtes Basque, Parisien ou du bassin méditerranéen, vous portez en vous cette originalité linguistique locale difficile à décrypter hors de vos régions. Connaissez-vous ces 13 mots patois ?
Une aquarelle illustre des mots patois avec des paysages, animaux et autres dessins

Parfois, il suffit de quelques mots patois pour se sentir largué dans sa propre langue.

Mon expérience personnelle avec les mots patois

Pour illustrer mon propos, commençons par une anecdote. Pas plus tard que la semaine dernière, je passais une soirée dans un bar avec des amies lorsque Constance, arrivée avec un peu de retard, a commenté : « Y a dégun dans ce bar ! » Mathilde, qui l’attendait depuis une demi-heure, lui a répondu : « Mais qu’est-ce que tu bouinais ? On t’attend depuis trente minutes ! » Célia lui a ensuite proposé « un schlouk de bière », pendant qu’Hélène faisait de la place à Constance pour qu’elle puisse s’asseoir en lui disant : « Allez, c’est bon, t’es rendue, assieds-toi ! ». Et devinez quoi ? Absolument aucun de ces mots patois n’avait de sens pour moi.

Le français, une langue riche en mots patois

Le français est une langue qui sait varier selon l’humeur et la culture. Chaque région française a construit au fil du temps son propre patois, ses propres expressions, a développé un vocabulaire propre de par son histoire et ses habitudes. Bien sûr, nous avons tous déjà participé au moins une fois à ce fameux débat sur le pain au chocolat (ou devrais-je dire « chocolatine » pour les sudistes ? Ou encore « petit pain » pour les Alsaciens ?). Néanmoins, s’arrêter à cet exemple à dimension symbolique serait dommage. Il existe une multitude de mots et d’expressions spécifiques à chaque région de France. Nous avons sélectionné 13 mots patois pour que vous commenciez à vous acclimater !

13 mots patois bien d’chez nous

Frouiller

« C’est impossible que tu gagnes encore : je suis sûr que tu frouilles ! » Est-ce une accusation ou un compliment ? Le terme lyonnais « frouiller » pourrait venir du latin « fraus, fraudis » qui signifie « fourberie, fraude ». Alors oui, si quelqu’un frouille en jouant avec vous, c’est bien qu’il est en train de tricher sous votre nez !

Une illustration par les cartes du mot patois "frouiller"

Bigaille

« Misère, j’ai plein de bigaille. Je m’en débarrasserai à la boulangerie. » J’ai grandi en Loire-Atlantique et ma mère me laissait toujours la bigaille qui encombrait son porte-monnaie lorsqu’elle m’envoyait chercher le pain. Car la « bigaille », ce sont toutes ces petites pièces, ces petits centimes qui n’ont que peu de valeur et qu’on essaie de refiler à chaque petit achat. (Et si vous en avez vraiment beaucoup, vous pouvez toujours essayer d’en recouvrir un vase, c’est du plus bel effet…)

(Être) gaugé

« Il pleut comme vache qui pisse, le Michel va être tout gaugé ! » Le cliché de la pluie en Normandie a la vie dure, mais on ne parle pas assez de la Franche-Comté. Là-bas, lorsqu’il pleut, il pleut pour de bon. Les Francs-Comtois auraient-ils tellement l’habitude du mauvais temps qu’ils ont inventé leur propre mot patois pour dire « être trempé » !? On dirait bien…

Gouelle

Une gouelle est l'un de ces mots patois originaux qui parlent des animaux
« Nom de diou, il a mangé comme une gouelle, il n’en reste pas une miette ! » Bon, il faut reconnaître que la gastronomie bretonne, c’est quelque chose ! Alors forcément, on en mange beaucoup, comme une « gouelle » (ou « gouel ») ou… comme un « goinfre » ! Ce mot d’origine bretonne ferait référence au goéland, réputé pour être très très vorace. Exactement comme un breton devant une galette-saucisse, en fait !

Jaille

« On charge tout dans la remorque et on dépose ça à la jaille. » Si ce mot n’a aucun sens pour vous, demandez à un Nantais ou à un Angevin et il vous emmènera… à la déchetterie. Certes ce n’est pas très glamour, mais il peut toujours s’avérer utile de savoir ce que c’est.

Maronner

« T’as fini de maronner parce que t’as perdu ? » Activité favorite des mauvais perdants marseillais, « maronner » revient à « marmonner dans sa barbe » parce qu’on est de mauvaise humeur et qu’on préfère bougonner dans son coin.​

Bugner – pour continuer la liste des mots patois lyonnais

« Je ne l’ai pas vue arriver, on s’est bugné sur le parking ! » Les gourmands penseront tout de suite au beignet lyonnais, la « bugne », mais non… ce n’est pas le sujet. Le verbe « bugner » est utilisé dans le sud-est de la France, surtout dans la région lyonnaise et savoyarde. Il viendrait du terme « buigne » (« bosse » en vieux français). Eh oui, parce que c’est bien ce qui arrive lorsqu’il y a collision entre deux voitures…

"Bugner" vient s'ajouter à la longue liste des mots patois du lyonnais

Peuf

« Tu te fiches de moi ? Il y a encore plein de peuf sur les meubles ! » Les aficionados de la glisse me diront que « peuf » veut dire « poudreuse », la « fraîche ». Alors, certes, mais cela vient avant tout de la ressemblance avec la neige et la poussière. En effet, la première signification de ce mot patois savoyard veut tout simplement dire « poussière », dérivée du terme « pousse » en vieux français.

Ronquer

« Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit mais lui a ronqué comme un bienheureux. » Ah, nous sommes bien inégaux devant le sommeil ! En tout cas, celui qui ronque dort à poings fermés, d’un sommeil profond. Utilisé principalement dans le sud-ouest de la France, ce mot patois est né de la francisation de l’espagnol « roncar », qui signifie « ronfler ».

Ramasse-bourrier

« Va donc chercher le ramasse-bourrier, il reste un grand tas de poussière dans le couloir. » En patois poitevin, le terme « bourrier » désignait autrefois la paille restée sur le sol après le battage. Peu à peu, ce terme a été utilisé pour désigner les déchets sur le sol. On a forcément dû utiliser la balayette pour les ramasser, et c’est comme ça qu’est née la dénomination de « ramasse-bourrier », plutôt que « pelle » ou « pelle à poussière ».
Le "ramasse-bourrier", l'un de ces mots patois à l'héritage historique

S’empierger

« J’étais à deux doigts de me retrouver par terre. Je me suis empiergée dans les racines de l’arbre. » Regardez bien où vous mettez les pieds ! « S’empierger » est un verbe pronominal qui nous vient du nord-est de la France et qui signifie « trébucher, se prendre les pieds dans quelque chose ». Ce mot patois viendrait du mot « perche », que l’on utilisait pour empêcher le bétail d’avancer.

Péguer

« Joël n’a pas nettoyé le sol après la soirée : ça pègue ! » Sous vos chaussures, ça pègue. Le chewing-gum, ça pègue. Vous l’aurez deviné, le verbe « péguer » communément utilisé par nos amis toulousains, signifie « coller ». Et logiquement, c’est de l’occitan « peguar » (coller), proche de pegar en espagnol, que nous viendrait ce fameux verbe. Après ronquer, l’espagnol semble décidemment avoir une certaine influence sur les mots patois… y compris dans le nord du pays !

Et pour finir notre liste de mots patois…

« Il a déramboulé depuis le haut de l’escalier sans jamais tomber ! » L’étymologie de ce mot nous est inconnue mais il faut dire que le terme est précis : « dérambouler » signifie « glisser sur la rampe de l’escalier ».
Fallait-il un mot pour désigner cette activité ? Les Lyonnais semblent en avoir décidé ainsi.

Parmi les mots patois, "dérambouler" a un sens précis et surprenant

Et maintenant, pratiquez ces mots patois !

Cette sélection de mots patois n’est évidemment pas exhaustive. Mais libre à vous d’utiliser (et de compléter) ces expressions à bon escient lors de vos prochaines vacances dans notre beau pays !

Illustrations de Louise Mézel

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Aline Franconnet

Élevée à la baguette fraîche et au beurre salé, Aline a pris un jour ses cliques et ses claques pour aller voir ce qu’il se passait par-delà les frontières de la Bretagne. D’Édimbourg à Atlanta en passant par Lyon, Aix-en-Provence et Paris, c’est finalement à Berlin qu’elle a fini par poser ses valises. Depuis, elle profite de la folie douce berlinoise en entretenant sa collection de collants et de livres sur la méditation et la cuisine vegan. Suivez-moi sur Twitter !

Élevée à la baguette fraîche et au beurre salé, Aline a pris un jour ses cliques et ses claques pour aller voir ce qu’il se passait par-delà les frontières de la Bretagne. D’Édimbourg à Atlanta en passant par Lyon, Aix-en-Provence et Paris, c’est finalement à Berlin qu’elle a fini par poser ses valises. Depuis, elle profite de la folie douce berlinoise en entretenant sa collection de collants et de livres sur la méditation et la cuisine vegan. Suivez-moi sur Twitter !