Ach, le mode de vie berlinois ! Au cours de ces cinq dernières années, tout le monde a entendu parler au moins une fois de Berlin, cet endroit magique où la bière coûte moins cher que l’eau, où l’on fait la fête en plein milieu de l’après-midi et où l’art est devenu un bien commun pratiqué par n’importe qui et n’importe où.
L’art de vivre berlinois n’attend plus que vous !
Certains de vos amis ont même déjà pris le large pour rejoindre l’une des villes les plus hypes du moment. Et vous ? Vous restez là à scruter leur compte Instagram à la recherche de la moindre photo, à liker sans les comprendre les hashtags #dönermachtschöner, #sundayfunday, à retweeter “First we take Manhattan, then we take Berlin“.
Soyons clair, il est grand temps d’aller découvrir par vous-même ce qui se trame là-bas. Alors, videz vos placards, casez votre ordi sur la pile de t-shirts soigneusement pliés au fond de la valise… et hop ! En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, vous voilà calé dans un fauteuil d’avion en route pour l’Outre-Rhin, où vous comptez d’ailleurs bien rester. Vous allez enfin avoir votre part du gâteau berlinois, pouvoir poster des photos de vous avec des graffitis géants en arrière-fond, paresser des après-midi entiers au bord du canal, rejoindre la liste des 379 120 blogueurs de la ville.
Mais au fond, que connaissez-vous vraiment de Berlin ? Vous savez que c’est la capitale de l’Allemagne, certes. Ce qui implique certainement que des Allemands y habitent. Peut-être même qu’on y parle… allemand ?!? Vous n’auriez pas aussi entendu dire que les gens, là-bas, sont assez taciturnes et difficiles à impressionner ? Sur ce coup-là, on tombe à pic pour vous donner un coup de main !
Parlez comme un vrai Berlinois grâce à Babbel
En mettre plein la vue à un Allemand est sans aucun doute une tâche ardue. Mais elle n’est pas impossible ! C’est votre jour de chance : nous vous avons concocté la recette du succès. Il ne vous reste plus qu’à oublier vos inhibitions et à prononcer ces quelques phrases magiques, tellement in qu’elles feront de vous le nouveau Kennedy (version 2.0. cette fois), dont le Ich bin ein Berliner reste célèbre. Grâce à elles, vous ne tarderez pas non plus à récolter vos premiers « WOW ! ». C’est parti… suivez le guide !
1. Darf ich das in Papier eingeschlagen bekommen?
Traduction : « Vous pouvez m’emballer ça dans du papier, s’il vous plaît ? »
Bienvenue au paradis des boutiques second-hand et des marchés aux puces ! Vous allez pouvoir vous en donner à cœur joie, entre les porte-monnaie aux couleurs du métro berlinois et les appareils photos d’avant-guerre, en passant par les touches de clavier d’ordinateur montées en bagues et en colliers. Mais attention, souvenez-vous bien d’une chose : jamais on ne vous donnera de sac plastique pour emporter vos achats. Les Allemands ne le savent que trop bien, celui-ci risquerait de terminer sa course au fond de l’océan, ou pire encore, accroché pendant des années à l’aileron d’un dauphin.
Maintenant que vous connaissez la règle, vous pouvez apprécier à sa juste valeur la variété infinie de papiers à motifs que Berlin peut offrir. Profitez-en aussi pour épater le vendeur berlinois en lui demandant poliment un emballage avec cette formule : « Darf ich das in Papier eingeschlagen bekommen? » – et récoltez votre premier WOW.
2. Dit Kind wer’n wa schon schauk’ln. (Das Kind werden wir schon schaukeln.)
Traduction littérale : « On va pousser l’enfant sur la balançoire. »
Signification : « On va y arriver. »
Non, il ne s’agit pas d’attraper le premier enfant berlinois venu afin de le faire grimper sur une balançoire. De ce point de vue, les règles à Berlin sont les mêmes que partout ailleurs. Ne prenez donc pas la formule à la lettre si vous voulez éviter de finir la nuit au poste (une expérience à coup sûr authentique, mais certainement pas des plus agréables).
L’expression sert d’ailleurs plutôt à apaiser les tensions qu’à créer des problèmes : elle signifie qu’il n’y a aucune raison de s’énerver, que tout est sous contrôle. Si votre voisin berlinois, hors de lui, vient sonner à la porte à 4h du matin en vous expliquant qu’il n’a aucune envie de passer sa quinzième nuit blanche d’affilée, simplement parce que vous vous êtes mis en tête d’entamer une carrière de DJ (or l’art de mixer des platines ne se pratique que la nuit), lâchez nonchalamment cette petite phrase. Elle a le don de pouvoir transformer les pires ennemis en meilleurs amis – et rajoutera un nouveau WOW à votre compteur.
3. Mach bloß keene Fisimatenten (Mach bloß keine Fisimatenten)
Signification : « Je t’ai à l’œil ! » ou « Ne fais pas de folies ! » – selon le contexte, soit une mise en garde, soit une remarque bienveillante
Voilà une expression tout à fait adaptée pour balayer les excuses bidons de votre colocataire Robert quand il vous assure que son chat a déchiqueté le paquet de papier toilette qu’il venait justement d’acheter (mais bien sûr !). Vous pouvez aussi l’utiliser comme mise en garde envers cet ado qui passe son temps à loucher sur le vélo que vous venez d’acheter. Ou bien encore comme un au revoir plein d’empathie, accompagné d’un clin d’œil, lancé à votre amie Anna pour laquelle vous vous inquiétez toujours un peu. Boum ! Trois conversations pour le prix d’une ! Qui dit mieux ?
Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer l’origine étymologique du mot Fisimatenten. L’une d’elle (peut-être pas la plus scientifique, mais certainement la plus croustillante), le fait remonter à une excuse très prisée des soldats allemands lorsqu’ils rejoignaient leur campement trop tard et qu’ils prononçaient en français « visiter ma tante » (comprenez : « Je n’ai rien fait de mal, j’ai juste rendu visite à ma tante… »). Imaginez ces trois mots prononcés avec un fort accent allemand… on s’approche pas mal de Fisimatenten. Avec le temps, ce serait devenu synonyme de mauvais prétexte puis, par un retournement de sens, une mise en garde. Vous le savez maintenant : si un Berlinois devait vous adresser cette phrase, tenez-vous à carreau.
4. In wat für’m Kiez sind wa hier? (In welchem Kiez sind wir hier?)
Traduction : « Dans quel quartier sommes-nous ? »
Vous venez de vous perdre pour la énième fois dans le métro berlinois. Deux solutions se présentent à vous : ou bien vous vous asseyez sur un banc et décidez de ne plus jamais franchir les portes de cet engin de malheur, ou bien vous optez pour une solution stratégique en commençant par oublier méthodiquement les noms de rue et par abandonner votre boussole (parfaitement inutile quand on sait que la Fernsehturm constitue un excellent point de repère depuis n’importe quel endroit de la ville).
La topographie berlinoise ne se construit pas autour des rues ni des monuments, mais autour des Kiez, appellation mystérieuse toujours sujette à évolution, qui signifie « le quartier ». Mais le Kiez est un peu plus que cela. Une bonne connaissance de votre Kiez augmentera considérablement vos chances de survie dans Berlin. Grâce à ces simples mots « In wat für’m Kiez sind wa hier? », vous devriez être capable de libérer n’importe quel Berlinois de son humeur morose et de le transformer en vrai guide touristique. Il sera soudain saisi d’une envie irrésistible de vous donner un maximum de renseignements topographiques, sociologiques et autres anecdotes historiques sur le quartier en question. Si vous continuez à lire cet article, vous comprendrez mieux pourquoi les Berlinois sont si attachés à leur Kiez.
5. Jwd (janz weit drauß’n – ganz weit draußen)
Traduction littérale : « Loin en-dehors »
Tôt ou tard, il va vous falloir élire votre quartier berlinois préféré, votre « Lieblingskiez ». Le choix est loin d’être anodin. Cette information permettra en effet à votre interlocuteur de vous identifier facilement. À Berlin, le Kiez en dit long sur la façon dont on vit, ce que l’on aime manger, le style vestimentaire, le genre de bars qu’on aime fréquenter – bref, c’est le nid douillet, l’endroit qu’on ne quitte qu’à contrecœur.
Si jamais vous vous liez d’amitié avec un Berlinois habitant en dehors de votre Kiez, vous devez savoir que toute tentative de prendre rendez-vous sera une bombe à retardement pouvant rapidement virer au drame. Car comme on vous l’a expliqué, personne n’aime sortir de son Kiez. Après avoir pesé le pour et le contre, étudié le plan du U-Bahn, évalué le temps de transport, vous réussissez enfin à fixer le point de rendez-vous idéal. C’est le moment de sortir votre joker en expliquant à votre amie Anna en bon dialecte berlinois que, finalement, c’est bien trop loin, « jwd » (à prononcer « yotte vé dé »). Celle-ci sera tellement clouée par l’argument, qu’elle n’hésitera plus à prendre sur elle les quarante minutes de métro vous séparant pour s’aventurer jusque dans votre Kiez.
6. Allet paletti! (Alles paletti, danke!)
Signification : « Il n’y a pas de lézards ! » ou « Ça roule ! »
Vous voulez teinter votre quotidien berlinois d’une touche d’optimisme, sans pour autant en faire trop ? Idéale pour clore une conversation, cette phrase magique en est le moyen rêvé. Vous souvenez-vous de cette fois où vous avez demandé qu’on emballe votre achat dans du papier ? Lorsque le vendeur vous tendra vos emplettes en vous demandant si vous êtes satisfait, lancez-lui donc un jovial « allet paletti! ». Vous ne manquerez pas de voir se dessiner sur son visage un sourire admiratif et étonné. Ce sera l’occasion de récolter un deuxième WOW de sa part en un temps record. Un autre record digne d’être mentionné : vous aurez réussi à faire sourire un Berlinois à deux reprises !
7. Wo is’n der nächste Späti? (Wo ist der nächste Späti?)
Traduction : « Où est le Späti le plus proche ? »
Pour terminer, vient le moment fatidique où, ayant réussi à convaincre Anna de venir jusque chez vous, vous vous rendez compte que tous les magasins sont fermés et que votre frigidaire est désespérément vide – pas même une petite bouteille de rouge pour accueillir votre invitée… Que faire ?
Tout simplement sortir de chez vous et prononcer le mot berlinois magique « Späti ». Le Späti est une sorte de supérette que l’on trouve un peu partout et qui est ouverte jusque tard dans la nuit. On peut y acheter à peu près tout et n’importe quoi, du papier toilette (chose que vous devriez rappeler à Robert, votre colocataire) aux pizzas surgelées et aux cigarettes, en passant par toute sorte de limonades ou autres boissons alcoolisées. Demandez simplement où est le Späti le plus proche à la première personne que vous rencontrez. Sachez tout de même que celle-ci risque de vous suivre à l’intérieur pour observer votre premier achat en ce lieu sacré – votre baptême berlinois, en quelque sorte.