C’est probablement le train le plus célèbre du monde. Le Transsibérien, surnommé Transsib (Транссиб) par les Russes, traverse le plus grand pays du monde d’est en ouest depuis Moscou. Le tracé de ce chemin de fer mythique passe ensuite par la région de la Volga, l’Oural, l’infinie Sibérie avant de terminer sa course à Vladivostok, sur les rivages de la mer du Japon. C’est le meilleur moyen de découvrir les splendeurs de la gigantesque Russie !
Le Transsibérien est organisé comme une société ambulante qui serait divisée en trois classes. Les compartiments de la première classe ont deux couchettes, tandis que ceux de la deuxième classe en contiennent quatre. Mais tous les férus de voyages en train vous le diront : les véritables sensations se vivent en troisième classe. C’est dans ce couloir ouvert de 54 couchettes que vous ferez vos plus belles rencontres : des étudiants curieux de parcourir l’Europe de l’Est, des enfants qui débordent d’énergie et même de véritables babouchkas de l’URSS.
Voyager à bord du Transsibérien, c’est donc faire un périple hors du commun dont les chiffres donnent le tournis : 9 288 kilomètres, une vitesse de croisière moyenne de 60 km/h, 8 fuseaux horaires franchis, 7 jours de trajet, une centaine de gares desservies… Il y a mille raisons de parler du Transsib ; alors nous avons opté de manière complètement arbitraire pour le chiffre neuf. Voici donc neuf choses à prendre avec soi avant d’embarquer à bord du Transsibérien.
1. Des vêtements adaptés
Les Russes ont cette curieuse habitude de surchauffer les lieux intérieurs. L’air lourd maintenu entre les parois permet notamment de supporter la rigueur de l’hiver. Le Transsibérien ne déroge pas à la règle. En été comme en hiver, il y a des chances que vous transpiriez dans votre wagon. La température intérieure peut monter jusqu’à 28 degrés ; considérez que vous avez de la chance s’il fait moins de 25. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à peine montés, les passagers se changent immédiatement. Une fois les tenues légères enfilées, on supporte mieux le voyage. Pour ne pas fondre, shorts et t-shirts sont de rigueur !
2. Des chaussons
Le Transsibérien prend parfois des airs de grande pyjama-party. Quand on prend le train pour plusieurs jours, on veut se sentir chez soi. Pour ça, il n’y a pas de mystère : rien ne vaut une bonne paire de pantoufles. Cela rendra vos déplacements beaucoup plus agréables pour vous, mais aussi pour la provodnitsa (cheffe de wagon) qui passera moins de temps à embêter les voyageurs avec sa serpillière.
3. Du thé
Parlons à présent de la boisson nationale de la Russie. La vodka, dites-vous ? Perdu, c’est le thé ! La provodnitsa met des tasses à disposition des passagers afin qu’ils ne meurent pas de soif pendant le voyage. Un énorme récipient d’eau chaude en libre-service est disposé à l’entrée de chaque wagon : c’est le fameux samovar qui libère les saveurs du thé. Alors, n’oubliez pas vos petits sachets ! Les meilleures conversations dans ce train commencent d’ailleurs souvent autour d’une tasse de thé.
4. Son garde-manger
Le problème de la soif solutionné reste celui de la faim – en particulier si vous embarquez pour un trajet long de plusieurs jours. Nombreux sont les courageux à engloutir d’une traite les 5 000 kilomètres qui séparent Moscou de Irkoutsk, l’étape la plus attendue de par la proximité du lac Baïkal. Alors qu’emporter avec soi ? Encore une fois, le samovar sera votre meilleur allié. Les Russes ont l’habitude des aliments lyophilisés achetés en grande surface (nouilles, purée, etc.). Il suffit ensuite d’y ajouter de l’eau chaude et le repas est prêt. La nourriture sèche est donc à privilégier : biscuits, fruits, légumes, chips… on évitera par contre le chocolat qui supportera difficilement les 28 °C ambiants. Il est aussi possible d’acheter de la nourriture dans le train ou sur le quai, si la durée de l’arrêt le permet.
5. De l’énergie
Non non, il ne s’agit pas de vous. Enfin pas uniquement. Vous, vous aurez tout le temps de recharger vos batteries en dormant dans le train. Dormir est la meilleure activité du Transsibérien, juste après manger. Non, ici on parle plutôt de téléphones, ordinateurs, appareils-photo et autres objets électroniques. Les prises sont rares à bord. Les voyageurs avertis n’oublient jamais leurs chargeurs externes pour faire le plein d’énergie à tout moment.
6. Une appli pour apprendre le russe
Prendre le Transsibérien sans parler un mot de russe est la pire chose à faire. Vos voisins et voisines ne tarderont pas à vouloir vous parler. Et ne vous faites pas d’illusions : des questions, ils en auront plein ! Prenez le temps de faire quelques leçons de russe pendant le trajet. Avoir un peu de matière pour construire une discussion vous permettra de nouer des relations amicales, même éphémères. Vous aurez accès à la plus belle richesse de ce fabuleux pays : son peuple.
7. Des babioles
La nouvelle risque de se propager rapidement. Il y a un étranger dans le train… et c’est vous ! Les Russes ne comprennent pas toujours pourquoi les voyageurs rêvent du Transsibérien. La route est longue, le transport est lent… Oui, mais c’est ainsi qu’on découvre la Russie : en prenant son temps ! Profitez-en pour faire voyager les personnes avec lesquelles vous partagerez ce trajet en distribuant à votre tour quelques babioles que vous aurez pris soin de glisser dans votre sac à dos. Palets bretons, nougats de Montélimar ou encore bêtises de Cambrai : mettez votre région à l’honneur, et vos compagnons de voyage dans votre poche. Un petit conseil pour les Parisiens : les petits porte-clés en forme de tour Eiffel raviront à coup sûr les petits comme les grands.
8. Son plus beau sourire
Si ce n’est pas recommandé dans la rue, ça l’est dans le Transsibérien. Que se passe-t-il après une tasse de thé, un repas et une discussion partagés ? Dans le train, la notion d’étranger tend à disparaître avec celle du temps et de l’espace. Au sein de sa nouvelle famille, il est de bon goût de montrer sa joie en souriant.
9. De l’assurance
Les Russes apprécient de pouvoir partager tout un tas de choses avec leurs compagnons de route… et en particulier la nourriture. Vous ne saurez pas toujours ce qu’on vous propose, vous ne comprendrez pas forcément ce qu’on vous explique, mais vous comprendrez rapidement qu’il ne faut jamais refuser. Prenez votre courage à deux mains et goûtez ce qu’on vous offre. C’est de cette manière que vous prendrez de l’assurance avec les Russes. On vous racontera sans pudeur des histoires personnelles. On pourra même vous demander de surveiller des sacs, le temps d’une cigarette fumée sur le quai. Croyez-en mon expérience : après 20 000 kilomètres sur les rails de Russie et zéro expérience négative, j’ai vraiment réalisé que faire confiance était le meilleur moyen de vraiment profiter du périple.
BONUS + 0,288 point : son mal en patience
Le Transsibérien, ce n’est pas exactement 9 000 kilomètres, mais 9 288. Si vous rejoignez Vladivostok depuis Saint-Pétersbourg (ou l’inverse), vous aurez même la satisfaction de franchir la barre des 10 000. Ce qui nous amène à notre conseil bonus. C’est souvent long, il fait toujours chaud et on peut parfois en avoir marre. Mais dans tous les cas, la voie vous fait une promesse qu’il faut écouter : vous allez vivre une expérience extraordinaire ! Alors, prenez votre mal en patience.