Après le créole réunionnais, cap sur le créole martiniquais !
Francophonie et créole martiniquais
Il suffit d’à peine huit heures depuis Paris Charles-de-Gaulle pour rejoindre les Antilles françaises en avion. Ce n’est peut-être pas – géographiquement – l’Europe, mais atterrir en Martinique, c’est atterrir en France ; pensez à prendre vos euros ! À votre arrivée à l’aéroport Aimé-Césaire, le chauffeur de taxi vous accueille d’un grand salut en mettant vos bagages dans le coffre. Le trajet jusqu’à la capitale de l’île, Fort-de-France, est court, et vous avez hâte de vous plonger dans la culture antillaise. Le téléphone sonne, le chauffeur répond, mais à votre grand désarroi, vous ne comprenez pas un traître mot de ce qu’il dit. C’est normal : il parle créole.
Pas d’inquiétude doudou ; même si le français est parlé partout en Martinique, le créole martiniquais a ses propres caractéristiques. Fusion linguistique de différentes cultures (française, anglaise, espagnole, indienne, africaine et indigène), le créole martiniquais ressemble structurellement au français, mais possède son propre vocabulaire. Tout cela rend cette langue encore plus énigmatique et captivante. Voici quelques éléments pour décoder le mystère du créole martiniquais :
1. En créole martiniquais, on écrit comme on prononce
Vous vous rappelez à quel point il peut être difficile de ne pas faire de faute en français ? Et bien, le créole martiniquais ne s’embarrasse pas de ces structures grammaticales complexes. Tout s’écrit comme ça se prononce et vice-versa. Voici quelques exemples :
Français métropolitain | Créole martiniquais |
bateau | bato |
un | yom |
deux | dé |
trois | twa |
de temps en temps | tanzantan |
bonsoir | bonswa |
s’il vous plaît | Si ou plé |
2. Ici, pas de conjugaisons !
Vous souvenez-vous de ces longues heures de votre enfance passées à ressasser les tableaux de conjugaisons ? Et bien, ce ne sera pas un souci en Martinique. Tout ce temps que vous passiez à vous tracasser à propos de la conjugaison d’un verbe au plus-que-parfait du subjonctif, vous pourrez le passer à profiter d’une baignade sur l’une des plages cristallines de l’île. En créole martiniquais, les verbes restent inchangés à toutes les personnes et à tous les temps, ce qui signifie que vous devrez avant tout faire attention aux pronoms personnels et aux compléments de temps. Par exemple :
Français | Créole martiniquais |
Je vis à Fort-de-France | Man ka rété fodfrans |
Je vivrai à Fort-de-France | Man ka’y rété fodfrans |
J’ai vécu à Fort-de-France | Man té ka rété fodfrans |
Vis à Fort-de-France ! | Rété fodfrans ! |
3. Pas de vouvoiement non plus en créole martiniquais
En Martinique, vous n’avez que des amis ; nul besoin donc de vous demander si vous devez tutoyer ou vouvoyer vos interlocuteurs en créole. « Tu » se dit ou, et, pour s’adresser à plusieurs personnes, on dit zòt ou zò. Facile, non ?
Le créole étant à la fois si proche et si différent du français, il n’est pas surprenant que les locaux aient trouvé un mot très amusant pour décrire les Français de métropole : Zoreille. La première occurrence du mot a été entendue sur l’île de la Réunion, mais il s’est ensuite propagé aux autres pays de langue créole. Il vient du mot « oreille » et décrit un homme blanc tendant l’oreille pour mieux comprendre l’expression locale. Voici un petit lexique de phrases utiles au quotidien :
Français | Créole martiniquais |
Comment allez-vous ? | Sa ou fè ? |
Bien, merci | Bien mèsi |
Excusez-moi | Eskizé mwen |
Au revoir | A pli ta |
4. Quid de la culture locale de la Martinique ?
Si par hasard ce petit guide de conversation en créole martiniquais vous a ouvert l’appétit, sachez que la Martinique ne vous décevra pas sur le plan culinaire. Comme dans n’importe quel département français, vous ne manquerez pas de boulangeries pleines de croissants sortant du four, de pains au chocolat et de macarons.
Ceci étant dit, vous auriez tort de ne pas expérimenter la cuisine locale. Ne manquez pas d’essayer les petits accras de morue (une friture de poisson aux épices) dans l’un des nombreux cafés-restaurants que compte l’île aux fleurs. Ils peuvent être consommés comme un encas, à l’apéritif ou bien au petit déjeuner. Vous devriez également goûter la fricassée de chatrou, un ragoût de poulpe à la sauce tomate, aux oignons et aux épices. Autre incontournable de la cuisine martiniquaise, le colombo est un autre plat typique, qui peut être préparé à base de poisson, de poulet, de porc ou d’agneau aux épices, et cuit dans un mélange de lait de coco, de gingembre et de poudre colombo.
Une petite soif ? Agrémentez ces mets d’un ti punch fait à partir de rhum agricole, d’un peu de sirop de sucre de canne et d’un zeste de citron vert. Vous pouvez visiter l’une des presque 20 distilleries de rhum de la Martinique pour découvrir comment le rhum est fait dans les Caraïbes… et pourquoi il s’agit de la principale exportation de l’île.
Enfin, dépensez-vous en dansant le zouk, un type de reggae des Antilles françaises. Zouk est un mot créole qui vient du français « secouer », et c’est une danse qui puise ses racines dans la soca et la kompa caribéennes, ainsi que dans la musique brésilienne et africaine. De nos jours, zouker signifie « faire la fête » en créole martiniquais. Les Martiniquais ont d’ailleurs l’habitude de dire qu’il n’existe pas de problème en Martinique qu’on ne puisse résoudre en zoukant. Si jamais vous vous sentez pris au dépourvu au détour d’une question, répondez simplement : an nou zouké ! (allons danser !)