« Il faut une certaine maîtrise des langues pour accéder à des postes à responsabilités »

Marine est cheffe d’entreprise, et a implanté son activité à Berlin, en Allemagne. Quel rôle jouent les langues dans sa vie professionnelle ?

Bonjour Marine ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour ! Je m’appelle Marine, et je suis la fondatrice d’une agence basée à Berlin qui s’appelle The French Agency. Le rôle de mon agence est d’accompagner les entreprises étrangères dans leur développement en France. Quand j’ai lancé ce service, mon idée première était de travailler avec des entreprises allemandes qui voulaient étendre leur activité en France. Dès ma première année d’activité, j’ai eu la bonne surprise de traiter avec des sociétés basées non seulement en Allemagne, mais aussi partout ailleurs dans le monde : Australie, Japon, Hollande, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg…

Qu’est-ce qui vous a poussée à venir vous installer à Berlin ?

J’ai habité cinq ans à Paris, mais je n’ai jamais vraiment été fan de la ville. J’avais vraiment besoin de changer d’air et je recherchais la capitale européenne parfaite pour associer vie professionnelle et personnelle, tout en profitant d’une meilleure qualité de vie. J’ai choisi Berlin, car il y avait énormément d’opportunités dans mon domaine. Et puis c’est surtout une ville que j’adore !

Vous êtes-vous préparée linguistiquement avant d’arriver en Allemagne ?  

Oui un peu ! Je savais que je devrais parler anglais au travail, donc j’ai travaillé mon anglais en regardant des films et séries en versions originales. Pour l’allemand, j’ai surtout utilisé les méthodes modernes (applis, etc.) pour apprendre le vocabulaire de base. Il faut dire que je n’avais absolument aucune connaissance de la langue !

Vous rappelez-vous ce qui vous a motivée à vous lancer dans l’apprentissage d’une nouvelle langue ?

Quand j’étais adolescente, je rêvais de parler anglais pour comprendre et chanter les paroles de mes chansons préférées. Je me souviens qu’à l’époque je chantais et dansais sur des chansons sans vraiment comprendre leurs significations. Aujourd’hui, ça m’arrive très souvent d’être surprise de redécouvrir les paroles de certains tubes des années 90. Un exemple ? Bad, de Michael Jackson. Quand on traduit le refrain en français, ça donne quelque chose de très drôle :

« Parce que chuis vilain, chuis vilain — viens !

Vilain vilain, très très vilain

T’sais chuis vilain, chuis vilain — tu le sais ! »

Combien de langues différentes parlez-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je parle anglais au quotidien. Non seulement c’est la langue dans laquelle je travaille, mais je l’utilise aussi pour le plaisir. Je lis, je regarde des séries et films en anglais sans avoir besoin de me concentrer. C’est purement récréatif !

Comme j’habite à Berlin, je me débrouille aussi en allemand… mais comme mon niveau n’est pas aussi bon qu’en anglais, je dois rester concentrée quand je regarde une série. D’ailleurs en ce moment je regarde la série Stromberg. C’est la version allemande de la série anglo-américaine The Office. C’est très drôle, et je trouve que c’est une façon très efficace de pratiquer mon allemand tout en m’amusant. Enfin, j’ai aussi quelques notions en espagnol, même si j’ai finalement assez peu l’occasion de m’en servir.

Et avez-vous déjà décidé quelle sera la prochaine langue que vous apprendrez ?

En ce moment je me concentre surtout sur l’apprentissage de l’allemand. Je pense que c’est une langue qu’on ne finit jamais vraiment d’apprendre ! D’autant plus que comme je n’ai jamais appris l’allemand à l’école, je trouve que c’est d’autant plus compliqué d’en apprendre les bases.

« Il faut pouvoir être capable d’exprimer et défendre ses idées pour être crédible et convaincre. »

Parlons un peu de votre vie professionnelle. Quelle place y occupent les langues ?

C’est très — trop ? — facile de se laisser happer par le travail ! Comme je travaille à mon compte, il y a toujours quelque chose à faire. J’essaie avant tout de séparer vie professionnelle et personnelle afin de pouvoir profiter de vrais temps de pause, et de garder pour moi mes soirées et mes weekends. Mais ce qui est certain lorsqu’on travaille à l’étranger, c’est que les langues sont omniprésentes. On a toujours l’occasion de rencontrer des personnes de différentes nationalités, c’est très enrichissant !

En travaillant à l’étranger, on sort plus facilement de la routine. On rencontre des collègues qui ont une culture différente la nôtre, et des traditions différentes de celles que nous connaissons. Vivre dans une ville comme Berlin me permet de rencontrer et de travailler au quotidien avec de nombreuses nationalités dont je ne connaissais rien d’autre que les clichés auparavant ! 

D’après votre expérience, quel est le niveau de langue requis pour travailler à l’étranger ?

C’est très important de maîtriser la langue parlée dans l’entreprise pour laquelle on travaille. Il faut pouvoir être capable d’exprimer et défendre ses idées pour être crédible et convaincre. Cela demande une certaine maîtrise des langues pour accéder à des postes à responsabilités, et être en mesure de donner des directives claires à ses collègues. C’est aussi un prérequis pour tout ce qui concerne les négociations par exemple.

Et à titre personnel, que vous apporte le fait de parler anglais dans votre activité ?

Étant donné que les entreprises avec lesquelles je travaille sont toutes étrangères, je communique avec elles en anglais. C’est comme ça que je suis en mesure de les aider. L’une des raisons principales pour lesquelles mes clients prennent contact avec moi est qu’ils ont parfois des difficultés à communiquer avec les partenaires potentiels implantés en France… qui ne maitrisent pas forcément suffisamment l’anglais et ne peuvent donc pas communiquer, collaborer… Et c’est à ce moment-là que j’interviens ! 

Avez-vous déjà fait semblant de comprendre ce qu’on vous disait dans une autre langue ?

Bien sûr ! Ça m’arrive encore de temps en temps pour être honnête. Typiquement le genre de situation qui arrive dans la vie tous les jours, par exemple lorsque quelqu’un va dire quelque chose un peu trop rapidement et s’en aller sans attendre de réponse. 

Ça me rappelle une anecdote qui m’est arrivée… la semaine dernière. J’attendais mon tour à la caisse avec une amie quand le caissier de la supérette nous a dit quelque chose que nous n’avons pas compris. Ça ressemblait à une blague, mais mon amie italienne et moi nous n’en étions pas très sûres. C’est toujours un peu délicat de demander à quelqu’un de vous expliquer une blague… surtout si ce n’en est pas une ! Nous lui avons donc fait un petit sourire et sommes parties sans demander plus d’explications ! 

Vous rappelez-vous la première fois où vous vous êtes sentie vraiment à l’aise en parlant votre langue d’adoption ?

Je crois que c’était en racontant une blague… Je ne me souviens pas précisément des circonstances, mais je me rappelle par contre très bien du sentiment que ça m’a procuré. Je crois que c’est quand on commence à faire des blagues dans sa langue d’adoption qu’on commence à vraiment se sentir à l’aise !

C’est tellement difficile de ne pas être capable de s’exprimer de façon spontanée quand on apprend une langue, de montrer sa vraie personnalité. Le jour ou l’on commence a se sentir soi-même malgré la barrière linguistique, c’est le signe qu’on commence a vraiment maîtriser la langue ! 

Juste par curiosité, quelle est votre expression préférée en anglais ?

It is nice to be important, but more important to be nice” (ndlr : « C’est agréable de se sentir important, mais c’est encore plus important de se sentir agréable »), sans hésitation. C’est une expression fameuse de John Templeton, un businessman philanthrope qui m’a beaucoup inspiré.

Vous est-il déjà arrivé de rêver dans une autre langue ?

Je me rappelle qu’après un voyage à Stockholm, en Suède, j’avais fait ce rêve dans lequel j’étais capable de parler suédois de façon courante, presque comme si c’était ma langue natale. Je comprenais tout, je pouvais lire et communiquer sans aucune difficulté. C’était vraiment incroyable d’imaginer parler dans une langue que je ne connais absolument pas, c’était presque surréaliste !  

On dit que l’apprentissage des langues aide à changer notre propre perception du monde. Qu’en pensez-vous ?  

Oui, c’est certain ! Parler des langues étrangères, c’est pouvoir interagir avec d’autres cultures, et de découvrir le monde sous un angle nouveau. À titre personnel, le fait de parler anglais m’a vraiment transformée. Ça m’a ouvert des horizons que je n’avais jamais envisagés, une carrière professionnelle dont je suis très fière et des amitiés qui ont une valeur inestimable pour moi !

« Le jour où l’on commence à se sentir soi-même malgré la barrière linguistique, c’est le signe qu’on commence à vraiment maîtriser la langue. »

Si vous pouviez apprendre une langue d’un coup de baguette magique, laquelle choisiriez-vous ?

Je rêve de cette petite baguette magique ! Peut-être même que dans le futur nous aurons la possibilité de jongler d’une langue à une autre instantanément et de parler toutes les langues du monde ! J’espère sincèrement qu’un jour l’équipe de Babbel pourra la mettre au point.

Et si vous pouviez remonter dans le temps, quel conseil vous donneriez-vous ?

Sympa comme idée ! Si je pouvais remonter dans le temps, je pense que je ferai en sorte d’être plus attentive pendant les cours de langues et j’essaierai d’en apprendre le plus possible — c’est tellement plus facile d’apprendre quand on est jeune !

Marine vient d’une petite ville du sud de la France, près d’Aix-en-Provence. Titulaire d’un Master en Communication, elle a commencé sa carrière à Paris, dans les secteurs du web, du journalisme, et des relations presse. Elle vit et profite désormais pleinement de Berlin — « une ville dans laquelle on ne s’ennuie jamais ! » et ce depuis plus de 4 ans.

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