Quels livres avez-vous prévu d’emporter dans vos valises pour les vacances, cet été ? Que ce soit à la plage, dans sa maison de campagne ou chez soi, rien de mieux que de lire un bon livre pendant l’été. Quels sont les meilleurs romans étrangers de ces deux dernières années ? Nous vous proposons, dans cet article, neuf livres de l’été à lire en version originale… ou en version française, si vous n’êtes pas en train d’apprendre l’anglais, le suédois, l’italien ou l’espagnol simultanément.
Voici les critères que nous avons retenus pour cette sélection de livres de l’été :
-
Ce sont des romans (ni essais, ni BD, ni biographies, etc.) étrangers, c’est-à-dire écrits par des auteurs non francophones
-
Ils sont reconnus pour leur qualité, sans pour autant être « compliqués » à lire (comme peuvent l’être Ulysse de James Joyce ou La Montagne magique de Thomas Mann)
-
Ils sont donc relativement divertissants tout en restant intelligents : ce sont des « page turners », qui mettent en scène des histoires donnant envie de connaître la suite
-
Ils ont été récemment publiés; à l’exception du dernier
-
Ils sont faciles à trouver en librairie et/ou faciles à commander, en version originale, auprès de votre libraire
Et, si vous n’aimez pas lire, vous pouvez toujours jeter un œil sur notre sélection des meilleurs podcasts pour apprendre une langue !
Quels sont les livres de l’été ?
1. 🇩🇪 Glückskind mit Vater, de Christoph Hein (L’ombre d’un père)
En 1945, un célèbre dignitaire nazi se fait exécuter par les troupes polonaises. Son fils, qu’il n’aura pas le temps de voir naître, portera toute sa vie le poids de ses nombreux crimes de guerre. Fuyant cet héritage, allant jusqu’à changer de nom et de pays, il se fait néanmoins rattraper par un passé dont il n’est pas responsable.
Glückskind mit Vater est autant un roman d’aventures, un roman d’apprentissage, un roman historique, une fresque familiale, qu’une intense réflexion sur le travail de mémoire. Quelle place accorder à l’oubli ? Quelle aurait été la vie de Konstantin s’il était né en zone alliée, plutôt que sous occupation soviétique ? Aurait-il réussi à fuir l’ombre de son père, s’il avait intégré la Légion étrangère ? Couronné du Prix du Meilleur livre étranger 2019, le roman aurait été écrit à partir d’événements authentiques : « les personnages ne sont pas inventés » écrit l’auteur.
2. 🇪🇸 Ordesa, de Manuel Vilas
Manuel Vilas a 57 ans. À la mort de ses parents, l’écrivain plonge dans une profonde mélancolie, prélude à un travail de deuil qu’il accomplit grâce à la prose, la poésie, l’écriture et le souvenir. La description de la vie simple et heureuse de cette famille modeste est un portrait de l’histoire espagnole, depuis les années cinquante jusqu’à nos jours.
Best-seller espagnol, Ordesa a été élu « Meilleur livre de l’année 2019 » par les deux principaux journaux du pays, El País et El Mundo. Cette autobiographie a rencontré un immense succès grâce à deux ingrédients principaux : l’écriture de Manuel Vilas, en même temps poignante et poétique. Ainsi, la beauté de l’histoire de ses parents, l’amour dont ils rayonnaient, inconditionnel et inébranlable malgré les vicissitudes politiques de l’Espagne franquiste.
3. 🇨🇦 The Testaments, de Margaret Atwood (Les Testaments)
Colauréat du Man Booker Prize 2019 (le prix littéraire le plus prestigieux du monde anglophone), The Testaments est la suite de The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate), dystopie publiée en 1985 et adaptée en série TV depuis 2017 par la chaîne Hulu. Difficile d’en dire plus sans spoiler mais, on vous l’assure : ça vaut vraiment le coup d’être lu. On vous conseille néanmoins de commencer par la lecture de The Handmaid’s Tale si vous ne l’avez pas encore lu, et ce, même si vous avez vu tous les épisodes de l’excellente série TV.
4. 🇺🇸 Where the crawdads sing, de Delia Owens (Là où chantent les écrevisses)
Près d’une petite ville de Caroline du Nord (États-Unis), une petite fille de dix ans, abandonnée par sa famille, vit seule dans un marais. Elle n’est allée à l’école qu’une seule journée dans sa vie, mais Tate, un jeune homme cultivé, lui apprend à lire et à écrire. Lorsqu’il doit la quitter pour continuer ses études, Kya se retrouve seule, et doit compter sur ses propres forces pour survivre. Un jour, elle se retrouve accusée de meurtre.
Where the crawdads sing est le premier roman de Delia Owens, née en 1949, diplômée en biologie et zoologie. Cela n’a pas empêché ce livre d’être l’un des plus grands succès de librairie de ces dernières années : le roman a passé une centaine de semaines consécutives sur la liste des Best Sellers du New York Times. Bientôt adaptée au cinéma, l’histoire déchirante de Kya a bouleversé des millions de lecteurs par sa force, par sa beauté, par sa sensibilité et son attachement à la nature. Assurément, un des meilleurs livres à (re)découvrir cet été.
5. 🇸🇪 1793, de Niklas Natt och Dag
En 1793, l’Europe est prise dans le tourbillon de la Révolution française. La Suède n’échappe pas au phénomène et, un an après la mort du roi Gustav III, la monarchie vacille. Le peuple conspire, les bourgeois complotent, et un corps est découvert dans le lac de Stockholm. L’enquête est confiée à Cecil Winge, homme de loi d’un genre particulier, qui devra traverser toutes les strates de la société suédoise de 1793 pour révéler une sombre réalité.
Voilà un autre phénomène d’édition pour un premier roman. 1793 est un thriller historique et policier, un genre hybride qui permet une immersion extrêmement divertissante et intelligente dans la Suède du XVIIIe siècle. Le roman a souvent été comparé au Parfum de Patrick Süskind ; mais il faudrait également mettre des bouts de Millenium, des polars nordiques, et des thrillers de James Ellroy pour réellement avoir un aperçu de ce qu’est 1793.
6. 🇲🇽 Las mutaciones, de Jorge Comensal (Les mutations)
Ramón, cinquante ans, découvre qu’il a un cancer unique au monde. Le seul traitement qui lui permette de guérir est l’ablation de la langue. Désormais muet, il se lie d’amitié avec un perroquet qui insulte les personnes à sa place. Il fait la connaissance de Teresa, une psychanalyste amatrice de gâteaux au cannabis, et d’Aldama, un médecin convaincu que le cancer de Ramón lui apportera le prix Nobel.
Il y a, dans Las mutaciones, beaucoup d’humour. Un humour cinglant, parfois noir, et parfois lumineux, qui transforme cette tragicomédie en valse de sentiments contradictoires. Un roman inégal, mais très divertissant, narré dans un espagnol mexicain très accessible si l’on fait fi des termes médicaux.
7. 🇵🇱 Prowadź swój pług przez kości umarłych, d’Olga Tokarczuk (Sur les ossements des morts)
Janina Doucheyko est une retraitée passionnée par l’astrologie, vivant dans un petit village des Sudètes. Un soir, son voisin, braconnier notoire, meurt dans sa cuisine, étouffé par le petit os d’un animal. Janina pense que les animaux se sont vengés et le fait savoir aux villageois, qui la prennent pour une folle. Mais, lorsque d’autres morts suspectes comment à apparaître, elle décide de mener l’enquête… au grand dam de la police.
Lauréate du Prix Nobel de Littérature 2018, Olga Tokarczuk livre ici une enquête policière très poétique, drôle et triste, qui ne cesse de surprendre son lecteur sans pour autant enchaîner les rebondissements artificiels. Le polar flirte souvent avec le fantastique, sans jamais avoir recours au Deus Ex Machina. Au contraire : le mystère est souvent métaphorique, sans être obscur, parlant d’universalité grâce à l’anecdotique.
8. 🇪🇸 Un hijo, d’Alejandro Palomas (Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins)
Guille, un jeune garçon rêveur et doté d’une imagination sans bornes voue un véritable culte à Mary Poppins. Tout le monde s’inquiète pour lui : son père, qui l’élève seul, a honte d’avoir un fils aussi sensible. Son institutrice s’inquiète de le voir décrocher avec la réalité, au profit d’un monde imaginaire. Et sa psychologue pense que Guille va beaucoup trop bien pour que cela ne cache pas quelque chose…
Un hijo fait partie des plus livres à découvrir cet été, une superbe histoire portée par d’excellents personnages et une magnifique réflexion sur les rêves, l’imaginaire, l’enfance et l’amour. La beauté est constamment présente, sans pour autant que tout ne soit rose ; mais on ressort du livre heureux, un peu triste et mélancolique, avec le sentiment que ce roman nous a fait du bien.
9. 🇮🇹 L’arte della gioia, Goliarda Sapienza (L’art de la joie)
Ce n’est pas un nouveau livre, ni même une découverte récente : publié en 1998, imprimé en seulement quelques exemplaires, L’arte della gioia acquiert le statut de roman majeur de la littérature italienne après sa parution… en France, en 2005. Réédité et retraduit en 2015 par les éditions du Tripode, il faut attendre les années 2019 et 2020 pour que le bouche-à-oreille populaire en fasse, enfin, un best seller dans les librairies.
Le succès de ce chef-d’œuvre écrit, dans la douleur, entre 1967 et 1976, repose sur de nombreux éléments qu’il est difficile de mettre en avant sans divulgâcher son contenu. Mais nous pourrions résumer cela par : la force des mots ; des images qui marquent l’esprit au fer rouge ; une vie pour laquelle on éprouve énormément d’empathie et de sympathie ; la naissance fascinante d’une conscience politique.