Plongeons-nous pour quelques minutes dans votre futur londonien… Vous avez atterri dans la capitale il y a une semaine. Vos valises ne sont pas encore entièrement défaites, votre mini-dictionnaire d’anglais ne quitte pas votre poche et déjà, une vague nostalgie vous envahit. Vous arpentez les rues du quartier à la recherche de quelque nourriture familière mais jusqu’à maintenant, vous avez fait chou blanc : les seuls restaurants que vous avez repérés sont trois vietnamiens, quatre indiens et deux fish and chips. Pas l’ombre d’une cuisse de grenouille (bon ok… j’exagère un peu).
Vous rentrez chez vous et passez en revue les photos publiées par vos amis sur Instagram : un concert de ce petit groupe que vous adorez tant, un apéro en terrasse chez votre pote Matthieu pendant que vous, ici, vous devez lutter contre le vent qui vous glace les os, le bébé de votre meilleur ami, qui vient à peine de naître… Autant de choses qui vous empêchent de couper le cordon.
Warning : n’attendez pas plus pour vous reprendre… Commencez dès maintenant à vous adapter !
Enfin arrive le moment crucial, celui pour lequel vous vous êtes tant battu : votre premier jour de travail. La veille, vous avez inspecté en détail le contenu de votre placard à la recherche de la tenue idéale, à la fois élégante et décontractée. Vous appréhendez les premières heures, toujours un peu intimidantes, où l’on se perd dans les couloirs, où l’on repère les meilleurs coins pour la pause-déjeuner, où l’on essaye d’être le plus naturel possible avec ses nouveaux collègues tout en cherchant secrètement à identifier le plus sympa de la bande et celui qu’il faudra peut-être éviter.
Mais arrêtons-nous un instant… Ici, ce n’est pas comme à la maison. Il va falloir apprendre à jouer selon de nouvelles règles. Voici 5 choses quasi inévitables et bonnes à savoir avant de faire vos premiers pas sur ce plateau de jeu flambant neuf.
Le premier jour
Lorsque vous arriverez au bureau, voici ce qui risque de se passer : quelqu’un vous accompagnera à votre place et vous désignera votre bureau. Lorsque vous vous assiérez, la personne en face de vous se risquera peut-être à vous jeter un coup d’œil, voire même à vous lancer un « Hello » frileux, mais attendez-vous à ce que la conversation n’aille pas plus loin. C’est peut-être le temps qui rend certains Anglais si distants.
La pause-déjeuner
Depuis ce matin, vous vous préparez mentalement à la question : « On va déjeuner ? Je viens de découvrir un petit bistro délicieux, on y mange pour une bouchée de pain ! ».
Or, les aiguilles continuent leur chemin et rien ne se passe.
C’est vrai, il n’est encore que midi, un peu tôt pour avoir faim. Vous seriez cependant prêt à changer vos habitudes, par esprit d’équipe et par volonté de vous intégrer. Mais voilà, l’heure tourne et personne ne vous a encore invité… Vous finissez donc par avaler un sandwich devant votre ordinateur, sans même vous arrêter de travailler.
Les petits noms doux
Vous venez à peine de débarquer et déjà, les petits noms doux fusent. Pas de panique, n’y voyez aucune offense à votre intimité ! Que quelqu’un vous interpelle par un « love », « darling » ou « sweetie » n’est pas le signe d’un penchant amoureux de cette personne à votre égard. Vous vous en rendrez d’ailleurs rapidement compte lorsque vous entendrez ces sobriquets de la bouche du chauffeur de bus ou de la caissière du supermarché. Il ne s’agit que de surnoms, affectueux certes, mais rien de plus.
Le mystérieux feedback
Voilà déjà un mois que vous avez rejoint votre nouvelle entreprise. À cette occasion, votre chef a prévu un entretien afin de faire le point sur vos débuts. Pendant une heure et demie, vous vous entendez répéter que « vous faites certaines choses parfaitement, d’autres un peu moins parfaitement », sans toutefois parvenir à saisir lesquelles, ni ce que ce « parfaitement » signifie en réalité. C’est parfaitement normal. Les Britanniques sont maîtres dans l’art d’emprunter des voies sinueuses et préfèrent tourner autour du pot que de pointer les choses du doigt trop clairement. Pour parvenir à communiquer de façon pacifique et constructive avec vos collègues, il va falloir apprendre l’art du décryptage.
Le choc bureau-pub
La journée prend fin, il est temps de rentrer faire les courses, cuisiner le dîner, appeler à la maison… Pardon ?!? Oubliez tout ça ! Maintenant, c’est l’heure de la bière !! Après le travail, filez au pub et commencez à enchaîner les pintes comme si aujourd’hui était votre dernier jour. Le dîner ? Inutile. Cela ne ferait que ralentir le processus, l’alcool faisant plus vite effet sur un estomac vide.
Préparez-vous aussi à découvrir une facette tout nouvelle chez certains de vos collègues. Même ceux qui ne vous ont pas encore adressé la parole au bout d’un mois se mettront tout à coup à déballer les histoires les plus personnelles, voire embarrassantes, et ce avec un volume sonore largement au-dessus de la moyenne. On est très loin des conversations à voix feutrée de Down Town Abbey. Si jamais ces pratiques vous mettent mal à l’aise, la meilleure solution est certainement de commander une autre pinte !
Cet article est dédié à ma sœur qui a quitté Madrid pour travailler à Londres il y a déjà quelques mois, mais qui, bien qu’elle parle au moins aussi bien que la reine d’Angleterre, cherche encore comment se faire au choc « earl grey » vs. « café serré ».