Bonjour Anne-Lucie, et encore bravo pour votre seconde place attribuée par le jury du parrainage Babbel 2020 ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Anne-Lucie Robin, j’ai 22 ans et je suis actuellement en deuxième année de Master trinational HisCLLEEA (Histoire de la Culture, de la Littérature et de la Langue dans les Espaces d’Expression allemande). J’ai cours sur trois campus à la fois : Luxembourg, Sarrebruck et Metz. Je suis passionnée de musique, diplômée du Conservatoire Régional du Grand Nancy en piano, formation et écriture musicale et je suis actuellement cheffe de chœur d’une petite chorale que j’ai créée en novembre 2019.
J’aime beaucoup les langues étrangères et plus particulièrement l’analyse des poèmes. Je trouve fascinant le fait de pouvoir dire et transmettre beaucoup d’idées avec peu de choses et le sujet du mémoire que j’écrirai au prochain semestre se concentre sur un corpus de poétesses juives germanophones de la période du national-socialisme (1933-1945). J’ai vraiment hâte de commencer ce mémoire.
Chez Babbel, nous partageons une passion inébranlable pour l’apprentissage des langues étrangères. « Apprendre une nouvelle langue », qu’est-ce que ça évoque pour vous ?
Pour moi, l’apprentissage de langues est une opportunité à saisir pour découvrir le monde et en faire un lieu de paix. Pour avoir moi-même vécu à l’étranger, notamment en Allemagne et en Slovaquie, je trouve que cette ouverture sur le monde permet de s’épanouir tant sur les plans culturels, intellectuels, sociaux et bien d’autres encore.
S’ouvrir au monde, cela signifie s’ouvrir aux autres, à une autre culture, détruire les préjugés qui ne peuvent que nous diviser. Et cela n’est pas seulement valable à l’étranger mais aussi dans notre propre pays d’origine. L’apprentissage de langues ouvre au dialogue, à la compréhension des uns et des autres et c’est ce qui permet donc de vivre sereinement ensemble sur une seule et même planète.
Justement, comment les langues ont-elles influencé votre parcours personnel ?
Les langues ont toujours fait partie de ma vie. Ma mère est d’origine slovaque et mon père d’origine française. Nous passons tous nos étés en Slovaquie depuis mon enfance, et c’est la première fois cette année que je n’ai pas pu y aller en raison de la pandémie du coronavirus et d’un stage.
Pour revenir à mon parcours, une professeure d’allemand de seconde m’a beaucoup aidée dans l’apprentissage de la langue. J’avais un niveau très faible et cette professeure prenait systématiquement sur son temps en dehors des cours pour corriger des textes que je lui envoyais par mail toutes les semaines. La régularité, c’est une façon d’apprendre la langue de manière durable.
Ensuite, quand je suis partie en Erasmus, mes colocataires allemands me corrigeaient tout le temps quand je faisais des fautes. Alors j’ai pris l’habitude de les écrire dans un petit carnet en ajoutant en dessous la correction. Il me suffisait de lire ce carnet cinq minutes par jour pour ne plus jamais refaire ces fautes. Et puis le plus important, c’est de s’amuser en apprenant, c’est ainsi que l’on apprend le mieux : regarder des séries, des vidéos, des films dans la langue que l’on veut apprendre par exemple.
Comment avez-vous entendu parler du parrainage Babbel ?
J’aime beaucoup cette question parce qu’il y a une petite histoire autour de cela. Un très bon ami m’a envoyé un message sur WhatsApp avec le lien pour participer au parrainage Babbel 2020, qu’il avait reçu par E-mail. À ce moment-là, j’étais vraiment très prise par le travail, par la fac, j’ai lu très rapidement la page sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait, et j’ai juste répondu : « je n’ai pas le temps pour ça, je suis désolée ». Mon ami m’a répondu : « non, mais je ne t’oblige pas à le faire, j’avais juste pensé à toi car je suis certain que tu y arriverais si tu le faisais. ».
J’ai donc relu très attentivement les informations sur la page de parrainage et le thème de l’essai m’a beaucoup plu. Je me suis donc lancée et ai envoyé ma candidature fin octobre à l’équipe de Babbel… Il s’avère que mon ami avait raison.
Le thème de l’essai portait sur la problématique du dépassement de soi, ou comment sortir de sa zone de confort. Pourquoi pensez-vous qu’il est important de se dépasser et d’affronter les défis avec une attitude positive ?
Comme je l’avais écrit dans l’essai, même après de nombreuses expériences, il est toujours difficile de sortir de sa zone de confort. Par définition, si l’on sort de cette zone, c’est que l’on est dans l’inconfort. Pourquoi s’infliger ça me direz-vous ?
Je pense qu’il est très important de vivre de temps en temps ces moments de vulnérabilité, d’inconfort, pour se forger de bons réflexes dans le cas où un incident grave se produisait. Cela nous apprend l’échec mais aussi la réussite. Sortir de sa zone de confort, c’est aussi admettre que l’on ne maîtrise pas tout, que l’on n’est pas tout-puissant et c’est donc reconnaître que l’on n’est pas plus fort qu’un autre, mais aussi faible que tous les autres et c’est par cette reconnaissance de notre faiblesse que l’on est fort finalement.
Lorsque je revois les moments où je suis sortie de ma zone de confort, je m’aperçois qu’ils m’ont apporté beaucoup de bonheur malgré les échecs qui font aussi partie du jeu. J’écrivais plus haut qu’il n’était pas plus facile de sortir de sa zone de confort après de nombreuses expériences, et pourtant, lorsque l’on expérimente ces moments de vulnérabilité, c’est toute la beauté de la vie qui rejaillit !
Pouvez-vous nous en donner un exemple ?
Au second semestre de l’année d’Erasmus, j’ai eu la possibilité de travailler pour une société d’interprétariat. On ne peut pas maîtriser son environnement, on le découvre sur le moment et on doit immédiatement le comprendre pour le retranscrire dans les deux langues. Je n’avais jamais fait cela, je ne savais vraiment pas à quelle sauce j’allais être mangée sachant que je ne maîtrisais pas du tout le vocabulaire médical ou juridique en allemand !
J’ai donc aidé des francophones, mineurs et majeurs, à s’entretenir avec des médecins, des avocats et d’autres instances à Leipzig et dans ses environs. C’était une expérience extrêmement enrichissante et très difficile sur le plan émotionnel. Une femme a perdu tous ses enfants pendant la traversée vers le continent européen, le médecin m’avait demandé pourquoi elle voyait un psychiatre. Un enfant, victime de racisme, a été battu presque à mort dans la cour de son école et mon rôle était de traduire entre l’avocat et l’enfant sur son lit d’hôpital.
Ce saut dans l’inconnu, en choisissant ce travail, m’a enrichie et endurcie comme jamais je ne l’aurais imaginé. Il arrivait parfois que je ne comprenne pas des termes médicaux comme la Nasennebenhöhlenentzündung (littéralement « inflammation des cavités qui se trouvent à côté du nez ») qui est en fait une simple sinusite, mais ce genre d’incompréhensions finissaient toujours par faire rire.
Pour finir cet entretien, nous avons une dernière question : comment comptez-vous utiliser votre prix ?
Tout d’abord, j’aimerais utiliser mon abonnement Babbel pour apprendre une nouvelle langue : l’espagnol. J’ai rencontré une personne extraordinaire à Leipzig pendant mon année d’Erasmus et il s’avère qu’elle vient de Granada, dans le sud de l’Espagne ! J’ai vraiment hâte d’apprendre l’espagnol pour pouvoir profiter de mon voyage quand je viendrai la voir et que je foulerai pour la première fois le sol espagnol.
En ce qui concerne le prix obtenu, je dirais qu’il tombe à pic ! Je ne suis certainement pas la seule étudiante à avoir éprouvé quelques difficultés financières liées à la pandémie mondiale. Grâce à cette bourse, je vais pouvoir faire plaisir à mes proches pour Noël et finir mes études en toute tranquillité. Et bien sûr, je remercie chaleureusement l’équipe Babbel pour ce soutien et pour leur confiance !