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Bonjour Betty ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour ! Je m’appelle Betty, j’habite à Berlin et je suis photographe et traductrice — à mon compte.
Justement, quelles étaient vos motivations pour vous installer à Berlin ? Vous êtes-vous préparée linguistiquement avant d’arriver sur place ?
D’abord parce que j’adore les langues ! Pouvoir découvrir de nouvelles cultures est vraiment enrichissant. Je souhaitais évoluer dans ma carrière et découvrir de nouveaux horizons. Comme j’avais déjà appris l’anglais et l’allemand durant mes études, Berlin était une évidence. J’en ai d’ailleurs profité pour reprendre les cours d’allemand une fois arrivée sur place.
Quelle est la langue que vous vouliez apprendre absolument en grandissant ?
J’ai voulu apprendre l’anglais très jeune. Petite déjà je m’amusais déjà à parler français en imitant l’accent anglais. Les raisons qui m’ont donné envie d’apprendre la langue de Shakespeare ? Je ne m’en souviens pas précisément, mais c’est une langue qui m’a toujours attirée. Je savais, en quelques sortes, que parler anglais pouvait réellement m’ouvrir des portes.
Combien de langues différentes parlez-vous aujourd’hui ?
À l’heure actuelle, je parle trois langues : le français, qui est ma langue maternelle, l’anglais que je parle couramment, et l’allemand.
Selon vous, laquelle était la plus facile à apprendre ?
La langue la plus facile à apprendre pour moi a été l’anglais, sans aucun doute. Je n’ai jamais vraiment rencontré de difficultés et son apprentissage a toujours été fluide, à l’école d’abord et pendant mes études après. Comme l’anglais est omniprésent dans notre quotidien (musique, cinéma, réseaux sociaux, médias…) et que sa grammaire est relativement accessible, je trouve que c’est finalement assez simple d’apprendre à parler anglais.
Et la plus difficile ?
J’ai eu plus de difficultés à apprendre l’allemand — d’ailleurs, je ne considère pas encore que c’est une langue que je maitrise. La grammaire allemande est quand même complexe ! Heureusement Berlin est une ville très multiculturelle. Les occasions de parler en anglais sont assez fréquentes !
Quel est votre secret pour apprendre efficacement ?
Pour moi, l’apprentissage de l’anglais se fait de manière beaucoup plus fluide que pour l’allemand. Dès que j’entends un mot en anglais que je ne connais pas, je le mémorise et j’essaye de l’intégrer directement à mon vocabulaire. Pour l’allemand c’est plus compliqué : j’ai besoin de revoir le terme plusieurs fois avant de pouvoir l’assimiler.
Je regarde toujours les films et séries en version originale, que ce soit en anglais ou en allemand. Je lis aussi beaucoup en anglais — et un peu en allemand ! Pour moi, la lecture est une excellente façon de progresser. Lorsque je découvre une nouvelle expression, je la note tout de suite quelque part. Une fois de retour chez moi, je prends le temps de chercher la définition, des exemples, des synonymes, etc. Et si c’est dans le cadre d’une conversation, je n’hésite jamais à demander la signification à la personne avec qui je suis en train de discuter.
Quelle sera la prochaine langue que vous apprendrez ?
Je viens de commencer à apprendre l’espagnol. Étant donné que c’est une langue latine assez proche du français, je rencontre assez peu de difficultés pour l’instant. Il y a de nombreux concepts grammaticaux communs au français, et la prononciation est assez facile. Pour la suite, je rêve également d’apprendre le russe. C’est une langue qui me fascine !
Parlons un peu de votre activité professionnelle. Quelle place y occupent les langues ?
Ma vie personnelle et ma vie professionnelle sont très liées. Les artistes que je côtoie dans le cadre du travail font aussi partie de ma sphère privée. Ce qui est certain, c’est que les langues y jouent un rôle très important pour moi !
Lorsque je revêts ma casquette de traductrice, je travaille principalement en anglais. Pour mon activité de photographe, je jongle entre l’anglais et l’allemand. D’ailleurs c’est parfois un sacré challenge de devoir changer de langue au milieu d’une conversation. J’ai parfois l’impression que mon français a régressé ! On m’a même déjà complimentée sur « mon niveau de français »… alors que j’étais simplement rentrée dans ma ville natale — en France donc — pour quelques jours, après de nombreux mois à l’étranger.
Quel est le niveau de langues étrangères requis dans vos activités professionnelles ?
Je pense que le niveau d’anglais requis pour pouvoir exercer chacune de mes deux activités professionnelles est très élevé. En revanche, je trouve que le niveau d’allemand nécessaire pour pouvoir travailler à Berlin est finalement relativement faible. Mais ça ne veut pas dire qu’il est inutile !
Je me suis déjà retrouvée dans des situations où il m’était difficile de communiquer en allemand avec des clients qui ne parlaient pas très bien anglais. Cela ne m’empêche pas de faire du très bon travail, mais la communication n’est pas toujours fluide.
On dit que l’apprentissage des langues aide à briser la glace… Êtes-vous d’accord ?
Pour éviter toute confusion, je n’hésite jamais à dire d’emblée que l’anglais ou l’allemand ne sont pas ma langue maternelle. Quand je sais que je vais avoir des difficultés à m’exprimer sur un sujet en particulier, je n’ai aucun problème à le prendre avec humour. Je suis adepte de l’autodérision depuis toujours, même en français. J’ai donc appris à l’utiliser dans mes langues d’adoption, en m’adaptant aux différences culturelles.
C’est tout particulièrement utile lorsqu’on se retrouve face à une personne qui s’exprime également dans une autre langue que sa langue maternelle. Nous partons du principe que ce n’est pas bien grave de faire une faute, et cela peut vraiment faciliter la discussion !
Avez-vous déjà fait semblant de comprendre ce qu’on vous disait dans une autre langue ?
Bien sûr ! Ça m’est déjà arrivé de faire semblant de comprendre ce que l’on me disait dans une autre langue — surtout en allemand — car je ne voulais pas interrompre la personne à chaque mot ou phrase.
Je préfère attendre que la personne en face de moi ait fini, en essayant de comprendre le plus d’informations possible, puis lui poser des questions si besoin. Le problème, c’est quand l’autre fini en posant une question… Ça peut parfois être un peu embarrassant, mais en jouant la carte de l’humour, cela se passe généralement plutôt bien.
Vous rappelez-vous la première fois où vous vous êtes vraiment sentie à l’aise en anglais ?
La première fois que je me suis sentie à l’aise en anglais, c’était lors de mon stage d’études en Inde. J’étais partie toute seule, pendant trois mois, et j’y ai évidemment noué de nombreuses amitiés.
Je me souviens que nous passions des soirées entières à échanger sur nos cultures respectives, et j’ai commencé à réaliser que mon niveau d’anglais évoluait considérablement. Un peu comme ces paliers qu’on se rend compte avoir franchi bien après l’avoir effectivement dépassé. Chaque palier correspond à de nouveaux concepts et de nouvelles subtilités de la langue, c’est extrêmement satisfaisant et gratifiant de réaliser qu’on les a acquis !
Comment jugeriez-vous votre niveau actuel en anglais ?
Je trouve que je fais encore pas mal d’erreurs en anglais, principalement des erreurs de grammaire. Mon erreur la plus courante ? J’ai tendance à utiliser les adverbes à la place des adjectifs et vice-versa, surtout quand il s’agit du même mot. Par exemple, je vais avoir tendance à dire “She plays the piano effortless” au lieu de “She plays the piano effortlessly” (« Elle joue du piano sans effort »). Si je m’en rends compte sur l’instant, alors je me corrige dans la foulée. Sinon, j’essaye de me faire une note mentale pour ne pas reproduire la même erreur la fois suivante !
Vous arrive-t-il parfois de penser en anglais… ou même de rêver ?
Oui, je rêve souvent en anglais et je pense aussi pratiquement tout le temps en anglais ! Ce qui étonnant, c’est que j’ai tendance à rêver et réfléchir en anglais dans mon quotidien, ici à Berlin, mais je recommence à penser en français à l’instant où je retrouve ma famille et mes amis en France.
J’ai vraiment l’impression que mon cerveau est divisé en deux en ce qui concerne l’utilisation des langues ! Par exemple, je n’ai jamais rêvé de ma mère en anglais ; par contre je n’arrive pas à réfléchir en français lorsque je suis à Berlin.
Une fois, j’ai même fait un rêve en allemand. C’était incroyable, je parlais parfaitement, tout était fluide ! Le lendemain, je me suis réveillée pleine d’espoir, et j’ai essayé de vivre ma journée comme si j’étais parfaitement bilingue. Bien entendu, ce n’était plus aussi fluide !
Pensez-vous que le fait d’avoir appris une langue étrangère vous a transformée ?
Oui, 100 % d’accord. Apprendre une langue change totalement notre perception du monde ! Découvrir une autre culture, voyager, vivre…
Parler une langue étrangère permet de mieux comprendre certaines nuances et concepts. Les tournures de phrase, les expressions, l’utilisation de l’humour peuvent en dire long sur une culture !
En allemand par exemple, la langue ressemble finalement beaucoup à ces locuteurs : assez directe et efficace. Plutôt qu’un d’inventer un tout nouveau mot, la langue de Goethe privilégiera l’assemblage de deux ou plusieurs mots (d’où ces fameux mots à rallonge)/
À titre personnel, je me sens désormais beaucoup plus libre ! J’ai fait des rencontres incroyables et j’ai appris énormément d’autres cultures. Je suis tout simplement plus ouverte d’esprit et plus curieuse.
Si vous pouviez apprendre une langue d’un coup de baguette magique, laquelle choisiriez-vous ?
Le russe, sans hésiter. C’est une langue très dure à apprendre, tellement différente de ma langue maternelle. Et si je pouvais voyager dans le temps, je me dirais de croire en moi et de prendre des cours d’allemand intensifs !