Comment les institutions aux États-Unis fonctionnent-elles exactement ? Yes, we can… explain that to you!
Comme l’Allemagne, les États-Unis sont un État fédéral (federal state) constitué de 50 États. À la tête de chaque État, le gouverneur (governor) est le chef politique élu au suffrage universel direct. Les dernières élections de gouverneurs datent de novembre 2021. Elles concernaient 3 États : la Californie, le New Jersey et la Virginie. Le fédéralisme est l’un des trois principes fondamentaux du système politique des États-Unis, aux côtés de la république et de la démocratie. La Constitution des États-Unis date de 1787 et contient 27 amendements.
Le saviez-vous ? En plus des 50 États qui composent le pays, la fédération compte 7 territoires non incorporés. Ces territoires politiques indépendants des États sont : Porto Rico (ou Puerto Rico, en anglais et en espagnol), Guam, les Samoa américaines, les îles Mariannes du Nord, les îles Vierges des États-Unis, les îles mineures éloignées des États-Unis et l’atoll Palmyra. Quant à la capitale Washington, D.C. (District of Columbia), elle dispose du statut de ville indépendante et n’est rattachée à aucun État. Elle ne doit pas être confondue avec l’État de Washington au nord-ouest du pays, à la frontière avec le Canada.
Les institutions aux États-Unis : une histoire de pouvoir(s)
Aux États-Unis, le pouvoir exécutif est tenu par le président. Le Congrès (Congress) est garant du pouvoir législatif. L’Administration désigne le gouvernement, constitué de Departments (ministères) avec un Secretary (ministre) à la tête de chacun d’entre eux. Quant au Congrès, il est composé de deux chambres :
- La Chambre des représentants (House of Representatives), constitué de 435 représentants, un pour chaque district congressionnel (congressional district). Ils sont élus pour un mandat de 2 ans.
- Le Sénat (Senate), constitué de 100 sénateurs représentant les États de la fédération, à raison de deux sénateurs par État. Ils sont élus pour 6 ans par mandats alternés. Tous les deux ans, des élections ont lieu pour réélire un tiers des sénateurs.
Ainsi, le rôle du Congrès est de créer les lois, et celui du président, de les exécuter. La Cour Suprême (Supreme Court) détient le pouvoir judiciaire pour contrôler et interpréter les lois.
Le président américain est élu au scrutin indirect. Les citoyens américains élisent des grands électeurs qui votent ensuite pour un ticket, constitué d’un président et d’un vice-président. Ces grands électeurs, au nombre de 538, forment le collège électoral (Electoral College). Le président est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Rien n’empêche un vice-président en fonction pendant deux mandats de se porter ensuite candidat à la présidence. C’est le cas de Joe Biden, vice-président pendant 8 ans sous Barack Obama entre 2009 et 2017, puis élu président à son tour en 2020.
Si le président meurt, démissionne ou est destitué, le vice-président prend automatiquement les pouvoirs. Lorsque le président Kennedy est assassiné à Dallas en 1963, c’est Lyndon Johnson qui assume ses fonctions. En tant que président du Sénat, l’une des institutions clés aux États-Unis, le vice-président a également la capacité de donner son vote pour l’adoption d’un texte si l’assemblée est bloquée.
Qui peut devenir président des États-Unis ?
Pour pouvoir briguer le poste suprême, il faut tout d’abord être né aux États-Unis. D’après l’article II de la Constitution, il faut par ailleurs avoir au moins 35 ans et avoir vécu aux États-Unis au cours des 14 dernières années. C’est pourquoi Arnold Schwarzenegger, engagé en politique pour le Parti républicain et gouverneur de Californie de 2003 à 2011, mais né en Autriche, ne pourra jamais devenir président des États-Unis. Quant aux conditions pour pouvoir voter, il faut avoir au moins 18 ans et être de nationalité américaine.
Le saviez-vous ? On calcule le taux d’abstention différemment en France et aux États-Unis. En France, les abstentionnistes à une élection sont comptabilisés par rapport au nombre d’inscrits sur les listes électorales. Aux États-Unis, c’est par rapport à la population totale d’électeurs potentiels, inscrits ou non sur les listes.
Quels sont les partis politiques des États-Unis ?
Historiquement, deux grands partis politiques se partagent les institutions aux États-Unis :
- Le Parti démocrate (Democratic Party) – Joe Biden, Barack Obama, Bill Clinton…
- Le Parti républicain (Republican Party) – Donald Trump, George W. Bush, George H. W. Bush…
Le Parti démocrate est un parti progressiste situé au centre voire au centre gauche. Il est traditionnellement représenté par un âne. Le Parti républicain est un parti conservateur situé à droite. Il est traditionnellement représenté par un éléphant. Les démocrates défendent le libéralisme social tandis que les républicains sont favorables au libéralisme économique.
Andrew Jackson fut le premier président démocrate, et Abraham Lincoln, le premier président républicain. Depuis l’élection du candidat démocrate Franklin Pierce en 1853, on observe une alternance régulière entre les deux grands partis. Aucun autre parti n’a remporté le poste présidentiel depuis.
Quels sont donc les autres partis américains ? Certains partis politiques historiques ont aujourd’hui disparu. C’est le cas du Parti fédéraliste du président John Adams, du Parti whig, du Parti du sol libre ou encore du Parti républicain-démocrate, représenté entre autres par Thomas Jefferson et ancêtre du parti démocrate actuel. Il existe aujourd’hui des partis mineurs, notamment :
- Le Reform Party au centre ;
- Le Libertarian Party, parti libéral et non-interventionniste ;
- Le Green Party, parti écologiste et anticapitaliste ;
- Le Constitution Party, parti conservateur placé à l’extrême-droite de l’échiquier ;
- Le Communist Party, parti d’extrême-gauche ;
- Le PIP (Partido Independentista Puertorriqueño), parti de centre gauche militant pour l’indépendance de Porto Rico.
Qu’est-ce que le « Winner Takes All » ? Aux États-Unis, les grands électeurs de chaque État ne sont pas répartis entre chaque candidat proportionnellement aux votes. Le « vainqueur prend tout », soit en anglais « the winner takes all ». Dans deux États (le Nebraska et le Maine), les règles sont un peu plus compliquées. Il faut non seulement remporter l’État mais aussi les districts. Autre particularité électorale aux États-Unis : first-past-the-post (FPTP). Littéralement, c’est le premier qui passe qui remporte le vote. En français, on parle de « scrutin uninominal majoritaire à un tour ». L’électeur choisit un candidat avec un vote unique. C’est le candidat qui obtient le plus de voix au premier tour qui est élu, indépendamment du score réalisé (majorité relative). Souvent critiqué, ce système reste privilégié dans les votes par circonscriptions des pays anglo-saxons (États-Unis mais aussi Canada et Royaume-Uni).
Élections et institutions aux États-Unis : les mots à connaître
- Caucus : réunion politique rassemblant les membres d’un parti et/ou ses sympathisants (dans une salle, un gymnase, une école, etc.)
- Swing state, littéralement État oscillant ou « balançoire » : se dit d’un État dont le vote reste incertain et peut se montrer décisif à l’approche d’une élection présidentielle. On parle aussi de purple state (« État violet », par combinaison du bleu des Démocrates et du rouge des Républicains). Plus rarement, on trouve l’expression battleground state (en français, « État champ de bataille »).
- DINO/RINO : acronymes basés sur des jeux de mots (dinosaure et rhinocéros), signifiant respectivement Democrat/Republican In Name Only (« Démocrate/Républicain seulement de nom »). Ces termes désignent des démocrates qui adoptent des positions politiques proches du programme républicain et inversement.
- NRA (National Rifle Association) : Association défendant le droit des Américains à porter des armes en vertu du 2e amendement de la Déclaration des droits (Bill of Rights). Cette organisation témoigne de l’importance des lobbies dans le paysage politique américain.
- Super Tuesday : depuis 1988, le « Super mardi » est un mardi stratégique du mois de mars de l’année d’une élection présidentielle. Plusieurs États sont alors invités à voter le même jour (à travers des primaires ou caucus) pour désigner le candidat officiel des deux grands partis.
- Impeachment : mise en accusation qui peut conduire à la destitution du président. Dans les années 1970, elle a été appliquée à Richard Nixon suite au scandale du Watergate. Celui-ci a préféré démissionner avant la fin de la procédure. D’autres présidents après lui, Bill Clinton et Donald Trump, ont fait l’objet de procédures d’impeachment non abouties.
- Designated Survivor : Membre du cabinet présidentiel désigné pour ne pas assister à un événement qui réunit le président et plusieurs grands représentants de l’État. En cas d’attentat ou de catastrophe, ce « survivant désigné » devient automatiquement président et le reste jusqu’à la fin du mandat en cours. Il est personnellement choisi par le président. Il peut s’agir du vice-président, du président pro tempore du Sénat, du procureur général ou de tout ministre (Secretary).
- State of the Union address : discours annuel tenu par le président au Capitole à Washington D.C pour présenter son programme pour l’année.
- Inauguration Day : cérémonie d’investiture du président tenue le 20 ou 21 janvier de l’année suivant l’élection présidentielle. Si le président choisit généralement de prêter serment sur la Bible conformément à la devise nationale In God We Trust (« En Dieu Nous Croyons »), ce n’est pas une obligation.
D’où vient la devise « In God We Trust » ? Il s’agit d’un des vers du célèbre poème « The Star-Spangled Banner » de Francis Scott Key, devenu hymne national des États-Unis. Écrit en 1814, le poème n’a été adopté comme hymne national officiel que… 117 ans plus tard ! Quant à la devise nationale imprimée sur tous les billets et pièces de dollars américains, elle est elle aussi relativement récente. Elle remplace l’ancienne devise en latin « E Pluribus Unum » (en français, « De plusieurs, un ») depuis 1956.