Neurosciences et apprentissage : quel rôle joue notre cerveau ?

Trop vieux, aucun talent, pas le temps de me consacrer à une nouvelle activité… Ces excuses sont-elles vraiment valables ? D’après les neurosciences, la réponse est non. Et voici pourquoi.
Le lien entre neurosciences et apprentissage des langues n'a jamais été aussi fort. La preuve !

Trop vieux, pas le temps, aucun talent… Lorsqu’on débute dans une discipline, on sait souvent faire preuve d’une grande créativité afin d’inventer des obstacles qui, soi-disant, nous empêcheraient de nous atteler sérieusement à la tâche. La conviction de ne pas être doué pour quelque chose, en particulier, est une idée reçue qui nous empêche de sauter le pas et d’accomplir nos rêves. Des excuses, comme par exemple prétendre ne pas avoir l’oreille suffisamment musicale pour jouer du piano, ne pas être assez sportif pour préparer un marathon ou ne pas être doué en langues étrangères, mettent trop souvent notre bonne volonté à l’épreuve.

La motivation est beaucoup plus décisive que le talent.

Pourtant, les neurosciences ont montré qu’en matière d’apprentissage, le growth mindset (qu’on traduit en français par « état d’esprit de développement », autrement dit, la motivation) pèse bien plus lourd dans la balance que le talent lui-même. Ainsi, lorsque vous êtes convaincu que vous allez échouer, il y a de grandes chances que cela se produise effectivement – justement, parce que vous en êtes convaincu. C’est le principe de la prophétie autoréalisatrice. À l’inverse, si vous aimez les nouveaux défis et les mises à l’épreuve, et que vous cherchez constamment à vous dépasser, vous avez toutes les chances de parvenir à mener à bien votre entreprise. Peu importe qu’il s’agisse d’appliquer le théorème de Pythagore, de changer une roue ou de lire l’alphabet russe : en théorie, tout le monde en est capable. Plus facile à dire qu’à faire, me rétorquerez-vous. Certes, mais pas impossible pour autant. Ces dix conseils sont justement destinés à accompagner le passage de la théorie à la pratique, et à vous apprendre comment tirer le meilleur de vous-même.

1. Raccourcissez les leçons

Oubliez les longues heures passées à apprendre ! C’est possible, mais parfaitement inefficace. Neurosciences et apprentissage vont de paire : c’est d’ailleurs grâce à elles que nos experts gardent en tête que notre temps de concentration excède rarement les 15 minutes tout au plus. Diviser le temps d’étude en courtes sessions de travail s’avère, à cet égard, bien plus efficace. Varier son activité améliore également l’apprentissage. Ainsi, si vous apprenez l’italien, vous pourriez consacrer 20 minutes au vocabulaire, 20 minutes à la révision du subjonctif, et enfin 20 minutes à la compréhension orale, par exemple en regardant des vidéos ou en écoutant de la musique. Entre chaque session, ménagez-vous quelques instants pour un café, quelques minutes de marche ou des exercices d’étirement.

2. Faites-vous des fiches

Rédiger des fiches facilite la concentration, canalise l’attention et aide à la mémorisation. Les fiches consistent en prises de notes sous forme de mots-clé, de schémas ou de tableaux. Elles ne doivent pas être rédigées de façon linéaire ou prétendre à l’exhaustivité, mais plutôt être présentées de manière à ce que l’on puisse immédiatement immédiatement saisir le message et les points essentiels lorsqu’on les relit. Dans ce but, elles doivent être personnelles, donc adaptées à votre propre façon de comprendre et d’exposer une difficulté (qu’il s’agisse de grammaire, de vocabulaire, de style ou autre). Des études prouvent que le fait de prendre des notes permet d’aborder un problème d’un point de vue différent et de visualiser celui-ci, ce qui renforce la capacité à le saisir et à le retenir. Si, par exemple, vous avez des réticences à passer le code parce que vous ne savez pas comment changer une roue, préparez quelques schémas simples qui vous permettront de mieux retenir chacune des étapes et de comprendre, en décortiquant l’opération, comment celles-ci s’enchaînent.

3. Remettez-vous en question

Réfléchir à la façon dont on apprend est tout aussi important que l’apprentissage lui-même. La méthode que vous avez choisie est-elle la mieux adaptée à votre mémoire et à votre intellect ? Certains aspects pourraient-ils être améliorés ?

Il est également nécessaire de se fixer des objectifs réalistes et de dresser régulièrement un bilan des progrès accomplis. Vous pourriez, par exemple, envisager de filmer quelques-unes de vos séances d’entraînement au marathon afin d’analyser votre technique, puis concentrer vos efforts dans le but d’améliorer vos points faibles. Plus tard, si vous répétez l’opération, vous pourrez ainsi voir comment vous avez évolué.

4. Utilisez des moyens mnémotechniques

« Mais où est donc Ornicar ? » : si on vous a enseigné cette phrase mnémotechnique en primaire afin de retenir les conjonctions de coordination en français, il est à peu près certain que vous vous en souvenez encore. Bien que la phrase n’ait, en soi, rien de particulier, elle restera probablement gravée à vie dans votre mémoire. Les moyens mnémotechniques s’insèrent dans une stratégie de mémorisation extrêmement efficace. De façon similaire, vous pouvez utiliser des jeux de mots, des devinettes ou des acronymes. Ceci permet notamment d’intégrer du vocabulaire nouveau dans un contexte et, ainsi, de mieux le garder en mémoire.

5. Faites des pauses

Lorsqu’on apprend quelque chose de nouveau, on ressent parfois un sentiment d’illumination soudaine, que les Anglais appellent l’effet eurêka (« J’ai trouvé ! »). Cette sensation a une origine neurologique bien précise. Elle correspond en effet à l’instant où deux neurones se connectent l’un à l’autre, créant ainsi une nouvelle synapse. Or, ce phénomène intervient fréquemment dans des moments de pause, essentiels pour permettre à la mémoire d’assimiler et de traiter de nouvelles informations. N’avez-vous jamais remarqué que les meilleures idées viennent souvent lorsqu’on est seul, et au calme ?

6. Travaillez en groupe

Travailler et apprendre en groupe n’est pas que divertissant et agréable, c’est surtout une habitude qui porte ses fruits. N’hésitez pas à former des tandems ou des cercles de travail avec vos collègues, vos voisins de classe ou vos amis. Rencontrez-vous régulièrement pendant la pause déjeuner, dans la soirée ou le week-end. Dans l’idéal, vous apprendrez non seulement avec les autres, mais aussi les uns des autres.

Travailler et apprendre en groupe est une habitude qui porte ses fruits.

7. Apprenez en musique

L’examen de maths approche et vous ne parvenez toujours pas à retenir le théorème de Pythagore, par contre la chanson que vous venez d’entendre à la radio, elle, ne vous sort plus de la tête ? Inutile de crier à l’injustice ! Sachez que si la musique reste aussi facilement en mémoire, c’est parce qu’elle est reliée à presque toutes les aires de notre cerveau. Le cas de Clive Wearing illustre cela de façon frappante : Clive Wearing est un musicien, ténor, pianiste et chef d’orchestre britannique. Alors qu’il subissait une opération du cerveau, son hippocampe (la structure cérébrale en partie responsable de la mémoire) a été endommagé. Ainsi, à son réveil, le musicien était devenu totalement amnésique et était incapable de mémoriser durablement toute information. Cependant, fait extraordinaire, malgré ces graves troubles de la mémoire, Clive Wearing peut encore jouer au piano n’importe quel morceau qu’il a appris par le passé.

Ainsi, au lieu de répéter cinquante fois de suite les déclinaisons en allemand et de vous décourager un peu plus à chaque erreur, facilitez-vous donc la tâche en recourant à un morceau de musique ! Même chose pour les notes de solfège : essayez de les mémoriser en les chantant, comme vous l’avez certainement fait avec l’alphabet !

8. Offrez-vous des récompenses

Les données et études scientifiques mettent en lumière les processus neurologiques impliqués dans l’apprentissage et aident ainsi à en améliorer l’efficacité. Cependant, elles ne donnent aucune information réellement pertinente concernant la motivation personnelle, et celle-ci, au final, reste l’affaire de chacun. Comment surmonter le manque d’envie chronique, les « coups de mou » passagers ? Selon le principe de l’âne et de la carotte, dans ce domaine, la récompense reste la meilleure solution. Elle constitue une excellente raison d’apprendre de nouvelles choses, et aide aussi à rester constant et à poursuivre son projet dans la durée. Néanmoins, les récompenses ne se réduisent pas à une barre de chocolat ou bien, pour faire dans les extrêmes, à une virée en Italie… Elles peuvent être très simples, mais tout aussi efficaces : une promenade avec un ami après deux heures d’étude, quelques minutes au soleil, ou encore un épisode de sa série préférée.

9. Prenez de bonnes habitudes

Lorsque vous apprenez quelque chose, la méthode la plus simple est d’en faire une habitude. Le schéma « point de départ – routine – récompense » est d’une efficacité redoutable. Lorsqu’on débute, on a souvent besoin d’un signal de départ, de pouvoir se dire à un moment précis : « c’est parti ». Ensuite, il s’agit simplement de prendre de nouvelles habitudes et d’adapter son comportement, sans oublier la récompense à la fin (cf. point n° 8). Un exemple : vous prenez tous les matins le bus pour vous rendre au travail. Dès que vous êtes assis dans le bus (point de départ), vous sortez votre téléphone de votre poche et révisez dix mots de vocabulaire en italien grâce à votre outil de révision (habitude). Puis, une fois arrivé au bureau, vous vous offrez tout de suite une bonne tasse de café au lait (récompense). Cependant, veillez à ne profiter de la récompense promise que lorsque vous avez véritablement accompli l’effort et atteint l’objectif fixé, sinon elle perd son sens !

Créer une nouvelle connexion neuronale nécessite en moyenne vingt répétitions. Une habitude s’établit durablement au bout d’environ quarante répétitions.

10. Dormez

Encore un dernier conseil : dormez suffisamment ! Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous ne parveniez pas à travailler correctement votre piano et reproduisiez sans cesse les mêmes erreurs le jeudi matin, alors que le vendredi après-midi, vous arrivez à exécuter le même morceau sans aucun problème ? La raison est certainement le manque de sommeil. Le sommeil aide à guérir plus rapidement lorsqu’on est malade, mais il permet aussi de consolider la mémorisation de ce qu’on apprend. Bien que les spécialistes ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la durée moyenne de sommeil nécessaire au corps humain, ils l’estiment généralement à environ huit heures.

Sur ce : travaillez bien, et bonne nuit !

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Nicki Hinz

Nicki adore apprendre de nouvelles choses et se lancer toutes sortes de défis, depuis l’apprentissage de l’hébreu à celui du codage HTML ou du piano, en passant par le triathlon ou le théâtre d’improvisation – défis qu’elle relève toujours avec enthousiasme ! Elle aime expliquer et transmettre son savoir, un domaine dans lequel elle est passée maître puisqu’elle a enseigné l’allemand, le français et le latin durant six années à Londres – expérience grâce à laquelle elle a notamment appris l’art de la didactique et de la rhétorique.

Nicki adore apprendre de nouvelles choses et se lancer toutes sortes de défis, depuis l’apprentissage de l’hébreu à celui du codage HTML ou du piano, en passant par le triathlon ou le théâtre d’improvisation – défis qu’elle relève toujours avec enthousiasme ! Elle aime expliquer et transmettre son savoir, un domaine dans lequel elle est passée maître puisqu’elle a enseigné l’allemand, le français et le latin durant six années à Londres – expérience grâce à laquelle elle a notamment appris l’art de la didactique et de la rhétorique.