Un Américain à Rio : ce que j’ai appris à la “Cidade Maravilhosa”

À quelques jours des Jeux, nous avons envoyé notre rédacteur, J.E., à Rio. Il n’avait encore jamais mis les pieds en Amérique du Sud, ne parle pas un traître mot de portugais et n’a aucune idée de ce qui l’attend là-bas. Notre gringo a beaucoup à apprendre de Rio.

Quand on m’a demandé de participer à un voyage au Brésil deux semaines avant le départ prévu, je n’ai pas beaucoup tergiversé.

Une seconde… Le voyage va être intégralement filmé ? Tout le monde pourra me voir poser des questions bêtes avec mon air de touriste débarqué de nulle part, et se moquer de mon niveau de langue proche de zéro ?

Aucun problème. Brasil, me voilà !

Praia do Leme

Première étape, le centre névralgique de la capitale brésilienne, j’ai nommé… la plage ! Praia do Leme offre une vue digne des plus belles cartes postales en matière de paysages tropicaux : palmiers, sable fin, kiosques vendant de l’eau de coco à déguster directement à la paille. Ah, et bien sûr, partout des gens s’adonnant à des sports divers et variés avec le plus grand sérieux. On croirait presque que la plage est réservée aux sportifs professionnels. Connaissant les clichés qui courent sur les Brésiliens bodybuildés, j’aurais dû m’y attendre… Il n’empêche que ça en impose et que je me sens, avec ma carrure pas franchement impressionnante, légèrement intimidé.

Mais je ne peux pas non plus faire les cents pas le long de la plage toute la journée. Je finis par me décider à rejoindre la foule. Un enseignant de boxe thaïlandaise me laisse participer à son cours, à l’ombre des palmiers (je ne parle pas portugais, mais heureusement pour moi, il semble que l’expression « Fight Club » soit universellement comprise). Faire des séries de coups est l’occasion parfaite d’apprendre à compter en portugais, et je peux maintenant le faire jusqu’à dix – mais pas plus (c’est mon corps qui refuse de suivre, pas ma tête). J’apprends aussi à dire « merci » (obrigado quand on est un homme, obrigada quand on est une femme). Un peu plus loin, un groupe s’entraîne à un sport dont j’ignorais complètement l’existence, le futevôlei, à mi-chemin entre le football (futebol) et le volley-ball (voleibol) et inventé ici même, à Rio. Ça n’a pas l’air simple mais je ne me dégonfle pas et tente l’expérience. C’est aussi l’occasion d’apprendre quelques mots comme chutar (shooter), ainsi que des parties du corps. En revanche, si mon niveau de langue s’améliore, ce n’est pas le cas de ma condition physique. C’est désormais une certitude : je n’ai aucun talent d’athlète. Impossible de faire une cabeça (tête), ni de shooter avec le braço (bras), le peito (poitrine), ni même les pés (pieds).

La semaine prochaine, je vous ferai découvrir les incroyables vues qu’offre la ville.

Arpoador

On est parfois tenté de croire qu’on peut toujours s’en sortir en parlant anglais. Au Brésil, ce n’est pas le cas. Pourtant, plus mon séjour avance, plus je réalise à quel point les gens, à Rio, sont sociables et acceptent facilement d’entamer la discussion, alors même que nous ne n’avons aucune langue en commun. Je me suis retrouvé plongé dans de longues conversations, moi parlant exclusivement anglais, mon interlocuteur, exclusivement portugais. Si mes gestes, et bien sûr mon T-shirt couvert de symboles, m’aident à me faire comprendre, je le dois surtout à la bonne volonté et à la patience infinie des gens.

Je demande et retiens quelques mots par-ci par-là — boteco, gelada, feijoada — jusqu’à ce que, par chance, je rencontre à Arpoador (un coin d’Ipanema très prisé pour son coucher de soleil) deux jeunes femmes qui, spontanément, décident de me donner un cours de portugais dans les règles de l’art. Grâce à elles, je sais maintenant que les habitants de Rio de Janeiro sont dénommés cariocas, que la glace que je suis en train de déguster est à l’açai, à base de baies d’Amazonie, et (je me laisse un peu emporter, je sais…), comment inviter quelqu’un à danser : Você quer dançar comigo? – ou bien, plus formel : Você gostaria de dançar comigo?

Prochaine étape : dénicher un endroit où danser dans le quartier populaire de Lapa. Oups, j’aurais peut-être dû anticiper avec un cours de samba. Você poderia me ensinar a sambar?

Lapa

En général, la samba est réservée au samedi soir, et nous sommes mardi. Ce n’est pas l’idéal, mais quelqu’un m’a quand même donné un bon tuyau : me rendre dans le quartier de Lapa, le centre névralgique de la vie nocturne à Rio. Si on danse la samba quelque part en ville ce soir-là, c’est à Lapa. La seule chose que j’ai à faire est de me laisser guider par la musique qui s’échappe des bars. Je m’arrête devant l’un d’eux, d’où l’on entend venir des rythmes endiablés. Je n’ai encore jamais vraiment vu quelqu’un danser la samba, et je suis immédiatement séduit par l’incroyable énergie, l’atmosphère intimiste, presque familiale, qui règnent en cet endroit. Alors que je suis terrifié à l’idée de m’avancer sur la piste et d’étaler mon inexpérience devant des danseurs ultra rodés, je me rends immédiatement compte qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. Le bar est tellement bondé que personne ne prête attention à mes pas hésitants.

La semaine prochaine, on voyagera en mototáxi dans la favela de Morro do Vidigal.

Morro do Vidigal

Rio ressemble à un patchwork géant, la ville est pleine de contrastes : béton armé et nature luxuriante, richesse et pauvreté, danger et beauté, tout se mélange. La favela de Vidigal est un condensé de ces contrastes. Lorsqu’on entend parler de favelas viennent immédiatement à l’esprit des images de bidonvilles insalubres. Pourtant, à mes yeux de touriste, Vidigal ne correspond en rien à ce cliché ; cette favela est plutôt un vibrant et vivant hommage à la créativité et à l’imagination. Pardonnez ce regard un peu naïf et romantique d’étranger, d’autant plus que je ne fais que traverser l’endroit, assis sur mon mototáxi. Celui-ci s’engouffre dans les ruelles, zigzague entre les véhicules, monte et descend les collines à toute vitesse. Mais là encore, toutes les personnes que je croise (chauffeurs de taxi attendant leur dû, vendeurs dans leurs kiosques, promeneurs) se montrent chaleureuses, accueillantes et, une fois n’est pas coutume, incroyablement patientes lorsqu’il s’agit de faire un brin de conversation avec un gringo comme moi.

Un touriste à Rio de Janeiro

Mon séjour touche à sa fin ; il est temps de faire ressurgir le touriste lambda qui dort en moi. Au programme : le Museu do Amanhã (Musée de Demain) du célèbre architecte Santiago Calatrava, dans le quartier de Centro (Le Centre) ; l’Escadaria Selarón (escalier Selarón), des marches ornées de carreaux de faïence colorés ; l’Arcos da Lapa (Arches de Lapa), un aqueduc transformé en voix de tramway ; la Lagoa Rodrigo de Freitas (lagune Rodrigo de Freitas), un lagon d’où l’on peut admirer une vue à 360° de la ville ; et enfin, le Pão de Açúcar (Pain de Sucre), dont je sais maintenant que c’est une montagne de granit, et non pas un dessert. Pas le temps de me rendre au sommet du Corcovado, depuis lequel le célèbre Cristo Redentor (Christ Rédempteur) surplombe Rio. La ville est immense et le programme déjà bien chargé. Mais ce n’est que partie remise…

Ce voyage à Rio a été pour moi une source d’inspiration. Sans aucun doute, ce sont en premier lieu les gens que j’ai rencontrés qui ont contribué à rendre ce séjour inoubliable. Les quelques rudiments de portugais que j’ai appris çà et là m’ont donné un aperçu furtif d’un autre monde, et cette fenêtre entr’ouverte m’a communiqué le désir et la motivation d’aller plus loin dans ma découverte de la culture brésilienne. J’ai déjà hâte de commencer à préparer mon prochain séjour en apprenant sérieusement la langue, et d’ainsi vivre une expérience encore plus riche. La prochaine fois, je serais mieux aguerri !

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John-Erik Jordan

John-Erik Jordan est originaire de Los Angeles, Californie. Il a fait des études d'arts à la Cooper Union à New York puis a travaillé comme monteur à L.A. avant de se tourner vers l'écriture. Depuis qu'il est venu habiter à Berlin en 2009, il écrit pour PLAYBerlin, HAU (Hebbel am Ufer) et diverses autres publications. Il est rédacteur de Babbel depuis 2014.

John-Erik Jordan est originaire de Los Angeles, Californie. Il a fait des études d'arts à la Cooper Union à New York puis a travaillé comme monteur à L.A. avant de se tourner vers l'écriture. Depuis qu'il est venu habiter à Berlin en 2009, il écrit pour PLAYBerlin, HAU (Hebbel am Ufer) et diverses autres publications. Il est rédacteur de Babbel depuis 2014.