Illustration par Marine Ropton
Ekaterinbourg, Ekaterinbourg… Si vous avez déjà entendu parler d’Ekaterinbourg, c’était probablement dans un livre d’histoire. En russe, ça donne Екатеринбург, et parfois Iekaterinbourg en français du fait de la lettre russe E qui se prononce é ou ié selon les mots. Il s’agit de la quatrième ville de Russie et de la capitale de la région de l’Oural. C’est un centre industriel, artistique, commercial et scientifique majeur du pays qui ne va pas tarder à occuper une position centrale en matière de tourisme !
La ville est un compromis parfait pour celles et ceux que Moscou agace et que la Sibérie angoisse. Au kilomètre 1700 du Transsibérien, elle marque la frontière entre les continents européen et asiatique. Elle se situe exactement à la limite entre la moderne et riche Russie de l’Ouest et les déstabilisantes et plus pauvres régions de l’Est. D’où, sûrement, son apparence un peu atypique. L’architecture traditionnelle est plutôt bien préservée tandis que les gratte-ciel poussent comme des champignons. La localisation et la taille de la ville lui confèrent un rôle majeur dans l’Histoire du pays. C’est ici que le dernier tsar est mort et que le premier président russe est né.
Ekaterinbourg est et sera toujours une ville très importante pour les Russes. Alors, comment profiter au mieux d’un court séjour à Ekaterinbourg sans rien rater ? Voici nos conseils.
Se rendre sur les lieux du crime
Saint-Pétersbourg, 1917. L’Empire russe est renversé, les bolcheviks prennent le pouvoir. Nicolas II (en alphabet cyrillique, Николай II), dernier tsar de Russie, est déporté dans l’Oural, à 2000 kilomètres de la capitale. Il est fusillé avec toute sa famille dans la cave de la maison Ipatiev (Дом Ипатьева) dans le centre d’Ekaterinbourg. Aujourd’hui, la maison a été rasée. Sur les lieux du crime, un édifice religieux aux murs blancs et aux dômes dorés a été édifié.
La splendide église de Tous-les-Saints (Храм на Крови) est devenue le symbole de la ville. Nombreux sont les Russes à venir en pèlerinage sur ce lieu saint. Il n’y a pas meilleur endroit pour rendre un dernier hommage à Anastasia (Анастасия), fille du tsar assassinée à 17 ans. Pour y entrer, il vous faudra gravir 23 marches, en mémoire des 23 marches descendues par le tsar avant de mourir.
Faire connaissance avec le premier président russe
Depuis quelques années, un autre lieu de recueil vise à détrôner l’église de Tous-les-Saints. Ekaterinbourg, c’est aussi la ville de Boris Eltsine – ou Ieltsine – (Борис Ельцин), le premier président de la Fédération de Russie. Le Centre Eltsine (Ельцин Центр) est un musée interactif et fascinant dédié aux années 1990. L’un des meilleurs endroits de tout le pays pour comprendre la transition de l’URSS à la Russie actuelle.
Des archives sous forme d’images et de vidéos permettent de replonger dans l’Histoire de la nation et l’histoire de l’homme. La reconstitution du salon de l’appartement de Boris Eltsine et du bureau du Kremlin est saisissante de réalisme. Chose assez rare en Russie, les informations sont accessibles en russe ET en anglais.
Faire le tour du lac
Si vous visitez Ekaterinbourg l’hiver, vous aurez la chance d’admirer le Gorodskoy Prud (городской пруд) gelé. Il s’agit d’un lac en plein centre-ville, justement situé entre l’église de Tous-les-Saints et le Centre Eltsine. Se promener autour de ce plan d’eau, de jour comme de nuit, constitue l’un des passe-temps favoris des Ekaterinbourgeois. L’été, les lumières des gratte-ciel qui se reflètent à la surface risquent de vous donner le vertige.
Longer la principale avenue de Ekaterinbourg
Plusieurs villes russes possèdent leur avenue Lénine (проспект Ленина)… et Ekaterinbourg ne fait pas exception à la règle. Cette artère pleine de vie qui traverse le centre passe également par plusieurs des principales attractions. La longer, c’est l’occasion de rencontrer la jeunesse de l’Oural dans tous ses états. Musiciens de rue, peintres et adeptes de skateboard s’y retrouvent souvent. Vous pourrez également admirer la fantastique maison de Sevastianov.
Sa façade colorée en fait un des plus beaux bâtiments de la ville. Après un détour sur la place historique et un passage devant l’imposant hôtel de ville et sa tour de l’horloge, voici Lénine. En statue, bien sûr : le révolutionnaire russe de pierre ne vous laissera pas de marbre. Entouré de fast-foods américains et situé à quelques encablures de l’église de Tous-les-Saints, il est l’incarnation de l’esprit de contradiction de la ville. Tsar sacrifié, communiste révolutionnaire et capitalisme font visiblement bon ménage.
Arpenter la rue piétonne
Entre le brouhaha des voitures et du tramway qui défilent sur l’avenue Lénine, il est difficile de se reposer. Les vieux modèles de tram ne manquent pas de charme, mais on aimerait parfois s’en éloigner. Grâce à une rue piétonne, par exemple. La rue Vaïner est là pour cela (Улица Вайнера). Bordée de magasins, de restaurants et de cafés, elle permet de profiter des avantages d’une grande ville sans les inconvénients de la circulation.
On y trouve plusieurs statues sculptées dans des styles différents, comme c’est souvent le cas en Russie. Mais, il y en a une qui ne manque pas d’originalité, et qui attire à elle seule plus d’amateurs de selfies que toutes les autres réunies : une statue de Michael Jackson ! Le roi de la pop ferait-il de l’ombre à Lénine ? Pour ses habitants, Ekaterinbourg est un modèle d’universalité. Frontière entre Asie et Europe et gratte-ciel à l’américaine le prouvent. Quoi de mieux qu’un hommage au plus grand artiste pop pour incarner cette volonté ?
Voir d’autres églises
La course aux icônes est une distraction majeure en Russie. Et ce, quelle que soit la ville. À Ekaterinbourg, ne manquez pas la cathédrale Alexandre Nevski au milieu d’un parc verdoyant. Elle intéresse beaucoup moins les touristes, et pourtant c’est la mieux décorée. La Grande Zlatoust (Большой Златоуст) est également incontournable. Détruite par les Soviétiques en 1930 puis reconstruite en 2010, elle vous surprendra par sa forme compacte et élancée. Encore une autre victime du passé tourmentée de la ville.
Ekaterinbourg offre donc un concentré de contrastes représentatifs de la richesse du pays. Visiter la capitale de l’Oural, c’est lever un peu plus le voile sur la mystérieuse âme russe. Offrez-vous le détour sans hésiter !