Illustration de Marine Ropton
Bienvenue au Tatarstan ! À environ 700 kilomètres à l’est de Moscou, Kazan (Казань) affiche un visage très différent de celui de la capitale de la Russie. Ici, la culture est beaucoup plus orientale. Kazan dispose de sa propre langue, le tatar, une langue altaïque très proche du turc et qui s’écrit avec une version adaptée de l’alphabet cyrillique. Dans les rues comme dans le métro, toutes les signalisations sont au moins bilingues (tatar et russe) voire parfois trilingues (anglais).
À l’instar de la Tchétchénie, le Tatarstan (Татарстан) est une des républiques autonomes de Russie et l’Islam en est la religion dominante. Kazan, principale ville et capitale du Tatarstan, est la sixième de Russie quant à sa population. Mais il n’est pas rare d’en entendre parler comme étant la « troisième capitale de Russie » pour la richesse inouïe de son patrimoine où coexistent cultures russe et tatare en totale harmonie. Faisons un petit tour d’horizon de ce qui lui vaut ce titre.
Que faire, que voir à Kazan ?
Visiter le kremlin
Comme de nombreuses villes de Russie (notamment Moscou et Nijni Novgorod), Kazan dispose de son propre kremlin. Et c’est sans aucun doute le plus original du pays ! La forteresse de pierre blanche semble tout droit sortie d’un conte de fées. D’ailleurs, son entrée est fièrement gardée par une statue de dragon ailé. Il s’agit du Zilant, une créature légendaire devenue le symbole de la ville. Doté d’une architecture unique, le kremlin de Kazan est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est sans aucun doute le monument, que vous devez voir en priorité si vous visitez la capitale du Tatarstan.
Derrière les murs, le dôme et les minarets bleus de la mosquée Qolsharif dominent la ville. Le kremlin abrite aussi quelques jolies églises et cathédrales, dont la sublime cathédrale de l’Annonciation. On peut admirer une tour penchée (comme à Pise) : la tour Söyembikä. On trouvera également dans l’enceinte de cette forteresse certains des bâtiments officiels de la République de Tatarstan, dont la résidence du président de la République du Tatarstan. Si vous aviez encore un doute sur le sujet, cette seule visite souligne à quel point Kazan est différente du reste du pays.
S’imprégner de la culture tatare au marché central
Puisque nous en sommes à évoquer l’ambiance orientale de Kazan, passons à son marché central. Que ce soit pour vous promener ou faire quelques courses, l’étape est immanquable. Les odeurs exotiques des rangées de fruits, d’épices et de produits locaux envahissent aussitôt les narines des visiteurs. Le lieu n’est pas sans rappeler les célèbres bazars de Turquie, ainsi que ceux du Kazakhstan (Казахстан) et de l’Ouzbékistan (Узбекистан), pays russophones et majoritairement musulmans eux aussi.
Grimper au sommet de la cathédrale de l’Épiphanie
Rappel : Kazan est bel et bien en Russie. Et comme la plupart des villes majeures du pays, elle aussi dispose de sa grande rue piétonne, la rue Bauman (Улица Баумана). On y trouve des magasins de souvenirs, des restaurants traditionnels tatars, des cantines soviétiques, des cafés, des bars… et une magnifique cathédrale orthodoxe ! La silhouette élancée de la cathédrale de l’Épiphanie a de quoi donner le vertige. Il est possible de monter au sommet du clocher pour profiter d’une vue imprenable sur la capitale du Tatarstan.
Gouter la cuisine locale
Une culture, ça se découvre aussi (voire surtout) avec le ventre. Alors que le reste du pays raffole des bortchs, pirojkis et autres varenikis, à Kazan le menu est différent. Tellement différent qu’on se croirait presque à Istanbul. Ne passez pas à côté des echpochmaks (Эчпочмак), de délicieux triangles fourrés à la viande et aux pommes de terre. Ils se dégustent traditionnellement avec un bon thé tatar, qui comme partout ailleurs en Russie est LA boisson incontournable. Envie d’un petit dessert pour finir ? Commandez donc un chak-chak (Чак-чак), un ensemble de boules de pâte enrobées de miel. Il faut aimer (et tolérer) le sucre, vous êtes prévenus !
Admirer la ville de nuit
Quelle ville n’est pas belle la nuit ? En tout cas, Kazan l’est sans l’ombre d’un doute. Quand les lampadaires se mettent à briller, le charme opère systématiquement. La jeunesse tatare en profite alors pour se donner rendez-vous dans les bars branchés du centre. Et vous ? Vous aussi, vous avez rendez-vous ! Ne manquez pas les illuminations de la mosquée Qolsharif, ni celles des petites rues et grandes avenues du centre.
Faire un détour au Temple de toutes les religions
Kazan est décidément un modèle de tolérance religieuse. En plus de ses mosquées et de ses cathédrales orthodoxes, on y trouve un lieu de culte unique au monde. Un peu à l’écart du centre-ville se dresse l’étonnant Temple de toutes les religions (Храм всех религий), également appelé Temple universel (Вселенский храм). Il regroupe actuellement une église orthodoxe, une mosquée et une synagogue sous le même toit. À l’image de la Sagrada Familia de Barcelone, la construction de l’édifice n’est toujours pas achevée. À terme, il devrait rassembler seize religions, y compris des religions disparues. Ah, si seulement le monde pouvait être un peu plus kazanais ! Il connaitrait surement enfin la paix. Est-ce pour cette raison que les Russes désignent « le monde » et « la paix » par le même mot мир ?
Kazan est donc une des villes les plus surprenantes et fascinantes de Russie. Le plus vaste pays du monde affiche ici une belle facette de sa richesse et de sa diversité. Musulmane dans la foi, orientale dans le cœur et turque dans la langue, Kazan n’en reste pas moins russe !