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Russie, Ukraine, Pologne : qui sont les Slaves… et leurs langues ?

De Prague à Varsovie en passant par Moscou, les Slaves forment la plus grande famille linguistique d’Europe. Quels sont leurs points communs et leurs différences ? Découvrons ensemble qui sont les Slaves et ce qui fait la richesse de leur culture !
Russie, Ukraine, Pologne : qui sont les Slaves… et leurs langues ?

On a tous des histoires de famille. Sur la piste d’une proie lors d’une journée de chasse, les trois frères Lech, Čech et Rus prirent des directions opposées. Lech s’établit au nord, sur un territoire qui devint la Pologne. Čech mit le cap vers l’ouest et fondit la Bohême. Quant à Rus, le troisième frère, il voyagea à l’est, où naquit la Ruthénie. Cette légende raconte la dissémination des peuples slaves en Europe. En réalité, on ne sait pas très bien où se trouve le berceau de la culture slave. Si ce n’est quelque part entre l’Europe centrale, de l’est et du nord-est. Contrairement aux Romains, les Slaves ont laissé peu de traces archéologiques. Ce qui nous laisse aujourd’hui encore avec cette question : qui sont les Slaves… et leurs langues ?

300 millions de Slaves en Europe

Aujourd’hui, les langues slaves forment le plus grand groupe ethnolinguistique européen, devant les langues romanes et germaniques. De Prague à Vladivostok, les Slaves sont regroupés en trois familles.

Les Slaves orientaux, environ 200 millions, sont les Slaves de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie. Des tribus médiévales de la Rus’ de Kiev à la grande-principauté de Moscou et jusqu’aux républiques socialistes soviétiques, ces peuples ont un long héritage historique et politique en commun. Sur le plan religieux, ils sont rattachés à l’Église orthodoxe. Et sur le plan linguistique, ils parlent des langues très proches : les langues slaves orientales, c’est-à-dire le russe, l’ukrainien et le biélorusse. Ces trois langues utilisent des variantes de l’alphabet cyrillique. Si vous connaissez déjà l’alphabet russe (au passage, il suffit d’un week-end pour l’apprendre), vous pourrez facilement déchiffrer le biélorusse et l’ukrainien :

– La lettre І, і remplace le И, и en biélorusse et en ukrainien ;

– La lettre Ў, ў est propre au biélorusse et se prononce généralement comme le son « ow » du mot anglais cow ;

– Le Ґ, ґ est une lettre traditionnelle des alphabets biélorusse et ukrainien. Elle est l’équivalent du Г, г russe. Supprimé sous l’URSS, le Ґ a été réintroduit en Ukraine depuis mais pas en Biélorussie. La lettre Г existe aussi en ukrainien mais correspond au son « h » comme dans le mot гривня (hryvnia), la monnaie du pays ;

– Le Ї, ї correspond au son « yi » en ukrainien ;

– Le Є, є correspond au son « ié » en ukrainien ;

– Enfin, l’apostrophe (‘) y est similaire au signe dur Ъ, ъ russe.

Les Slaves occidentaux sont les Slaves d’Europe centrale, c’est-à-dire les Polonais, les Tchèques et les Slovaques. Leur présence est attestée dans la région depuis le VIIIe siècle lors de la création des premières principautés slavophones indépendantes. Environ 55 millions aujourd’hui, ils sont majoritairement catholiques et utilisent l’alphabet latin.

Enfin, les Slaves méridionaux sont les Slaves des Balkans, autrement dit les Slovènes, les Croates, les Bosniens, les Serbes, les Monténégrins, les Macédoniens et les Bulgares. Formant une communauté d’environ 25 millions de slavophones, ils sont les descendants de migrations commencées au VI siècle et les ex-membres de la Yougoslavie (littéralement « pays des Slaves du Sud »), à l’exception de la Bulgarie. Les langues slaves méridionales sont celles qui possèdent la plus grande proximité linguistique. On compte trois langues principales (le slovène, le BSCM et le bulgare) pour sept appellations et dialectisations. Véritable creuset ethnique et religieux, la région fait une utilisation conjointe des alphabets cyrillique et latin selon les pays. Le catholicisme est dominant en Slovénie et en Croatie, tandis que l’islam est majoritaire en Bosnie-Herzégovine et que la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bulgarie sont orthodoxes, ce qui explique les préférences alphabétiques régionales.

Pour des raisons historiques, il existe également d’importantes communautés slaves dans le Caucase (Arménie, Géorgie et Azerbaïdjan), en Asie centrale et en Amérique du Nord.

Au fait, et les Roumains ?

Les Roumains ne sont pas un peuple slave… mais un peuple latin. Leur localisation en Europe de l’Est et l’influence des langues slaves sur le roumain (en particulier le bulgare) créent souvent la confusion et l’amalgame. Il n’en reste pas moins que le roumain est une langue romane, même si elle est la seule à utiliser le mot da pour dire oui !

La situation de la Moldavie voisine, rattachée à l’Empire russe puis à l’URSS pendant de nombreux siècles, est un peu plus complexe. Roumanophones et russophones, les Moldaves restent fortement influencés par ces deux blocs culturels. À la frontière avec l’Ukraine, la Transnistrie revendique son identité slave et s’est proclamée indépendante, sans reconnaissance internationale à l’heure actuelle.

À l’origine du mot slave

Si nous ne savons pas avec précision d’où viennent les Slaves, connaissons-nous au moins l’étymologie du mot « slave » ? La proximité avec l’anglais slave est tentante. Les Slaves doivent-ils leur nom aux esclaves ? Pas si vite ! C’est un peu la question de l’œuf et la poule. Le mot latin sclavus viendrait du mot slave et non l’inverse ! Il a ensuite donné esclave, slave, schiavo, esclavo, Sklave, etc. dans la plupart des langues indo-européennes – mais esclave se dit rob dans les langues slaves (à l’origine du mot robot). Deux pistes subsistent alors pour expliquer l’origine du mot slave :

– le mot слава, slava qui signifie gloire ;

– le mot слово, slavo qui veut dire… mot !

Plus qu’un peuple glorieux, les Slaves formeraient le peuple qui possède le mot. Et c’est sûrement pour cette raison que les Russes nomment les Allemands Немцы (Nemtsy) de немой (nemoy), muet pour désigner ceux qui ne parlent pas la même langue et avec qui il est impossible de communiquer. C’était bien avant l’époque de Babbel et les possibilités d’apprentissage en ligne…

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Arnaud Bernier
Arnaud est un ch’ti junkie des langues. À l’âge de dix ans, son exil à la Réunion lui fait prendre conscience de la beauté et de la diversité des cultures. Devenu aujourd’hui blogueur passionné et voyageur insatiable, il est particulièrement fasciné par le monde russophone et rêve parfois de tout plaquer pour élever des ours en Sibérie.
Arnaud est un ch’ti junkie des langues. À l’âge de dix ans, son exil à la Réunion lui fait prendre conscience de la beauté et de la diversité des cultures. Devenu aujourd’hui blogueur passionné et voyageur insatiable, il est particulièrement fasciné par le monde russophone et rêve parfois de tout plaquer pour élever des ours en Sibérie.

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