L’alphabet anglais comporte cinq voyelles : A, E, I, O et U (et le Y que j’allais oublier). Cependant, inutile de passer des heures et des heures à écouter des contenus audio en anglais pour comprendre que ces lettres ne capturent pas tous les sons voyelles que prononcent les anglophones. Pour ne citer qu’un exemple parmi un million, la lettre O produit des sons différents dans coop, cope et cop. Cette caractéristique effraie parfois les personnes qui essaient d’apprendre l’anglais. Parmi ces difficultés, on retrouve le son de la voyelle schwa, ou ə. La voyelle anglaise schwa n’est peut-être qu’un détail pour vous, mais elle peut aussi vous en apprendre beaucoup sur la prononciation et les difficultés de la maîtrise d’une nouvelle langue.
Qui est vraiment la voyelle anglaise « schwa » ?
Vous savez comment prononcer des sons voyelles. Vous en produisez depuis que vous êtes dans le berceau. Vous n’avez pas besoin de réfléchir à deux fois avant de dire ah, eh, ee, oh, oo. Mais avez-vous déjà prêté attention à la façon dont votre bouche forme ces sons ? Bonne nouvelle, un tableau a été inventé à cet effet.
Ne vous laissez pas intimider par la complexité de ce schéma. Certes, il contient beaucoup de symboles méconnaissables et tout cela a l’air bizarre, mais au final, ce n’est pas très sorcier.
Tout d’abord, vous devez savoir que le tableau ci-dessus reprend toutes les voyelles de la galaxie. Or, aucune langue ne les utilise en totalité. L’anglais américain, par exemple, compte environ 14 voyelles (bien que les accents et d’autres facteurs rendent ce nombre flexible). Pour l’anglais standard, le tableau ressemble donc plus à ceci :
D’accord, c’est encore confus. Je comprends. Le problème tient en partie au fait que les symboles utilisés dans ce tableau proviennent de l’Alphabet phonétique international, ou API. L’alphabet latin, comme nous l’avons mentionné, ne capture pas tous les sons que les humains produisent. Pour combler les trous, on a créé l’Alphabet phonétique international. Mais il a encore besoin de symboles supplémentaires pour capturer tous les sons (l’IPA est lui aussi imparfait). L’utilisation d’un tableau API interactif est la meilleure façon d’apprendre à quels sons ces symboles correspondent.
Quel est le problème avec le diagramme en soi, alors ? Eh bien, cette grille de forme bizarre est en fait un schéma de votre bouche vue de côté. Chaque point représente l’endroit où se trouve votre langue dans votre bouche lorsque vous prononcez la voyelle. Essayons le i en haut à gauche, qui représente la voyelle du mot « keep ». Si vous maintenez ce « ee », vous pouvez voir comment votre langue est située à l’avant de votre bouche, et se rapproche du palais. En gardant votre langue là-haut, vous pouvez revenir au son « oo », qui est représenté dans le graphique par la lettre u. En allant plus loin, vous pouvez baisser la langue pour faire un son « aw », ou le ɑ. La qualité de la voyelle dépend également du fait que vous arrondissez ou non vos lèvres, mais le mouvement de votre langue est le facteur le plus important dans ce tableau.
En arrivant exactement au milieu du graphique, vous tombez alors sur notre sympathique ə, le schwa. Ici, votre langue reste au milieu de votre bouche. C’est le son que vous produisez lorsque vous ouvrez la bouche et commencez à émettre un son. Un euhhhhh très fade. C’est un « euh » différent de la voyelle prononcée dans le mot « cub », parce que le schwa n’apparaît que dans les syllabes qui ne sont pas accentuées. Par exemple, le « a » dans about et le premier « e » dans rebellious. Si vous commencez à y prêter attention, vous remarquerez bientôt des schwas partout.
Où trouver le schwa ?
Ce qui est étrange avec la voyelle anglaise schwa, c’est qu’elle n’est associée à aucune lettre spécifique de l’alphabet. C’est le son le plus courant en anglais — l’anglais nord-américain, du moins — et n’importe quelle voyelle peut créer ce son dans un mot. En ce qui concerne l’alphabet, le schwa n’existe pas du tout. Sauf que c’est le cas, et il est omniprésent.
Mais il n’a pas toujours été partout. En vieil anglais, les voyelles étaient plus complètes et il y avait moins de schwas, voire aucun. Si vous deviez imiter cette façon de parler avec l’anglais moderne, on aurait l’impression que vous articulez un peu trop. Avec l’évolution de la langue vers le moyen anglais, l’accent sur les mots est devenu plus central dans la prononciation (l’accent étant à peu près là où vous mettez l’emphase dans les mots). Les syllabes des voyelles anglaises non accentuées avaient tendance à devenir encore moins accentuées, ce qui les faisait se transformer en schwas.
Si le schwa a continué à proliférer dans l’anglais moderne, le terme « schwa » n’est apparu dans la langue anglaise qu’au XIXe siècle. Auparavant, on l’appelait « la voyelle naturelle » ou « la voyelle faible », car il fallait trouver un moyen de décrire cette voyelle anglaise qui n’était pas un A, E, I, O ou U. Le « schwa » est tiré de l’hébreu shva, qui renvoie à un symbole ressemblant à peu près au schwa. Il a traversé l’allemand avant d’être traduit en anglais, sa première utilisation remontant à 1895. Le mot « schwa » s’est développé de la même manière que les schwas eux-mêmes.
Le schwa peut disparaître dans un processus appelé syncope du schwa, qui est très courant en anglais nord-américain (et le phénomène existe également dans d’autres langues, notamment l’hindi et le français). Un mot comme « chocolate » a commencé à être prononcé plutôt comme « CHOC-o-late », puis cette voyelle du milieu s’est transformée en schwa pour devenir « CHOC-ə-late », et plus tard juste « CHOC-late ». Les mots « camera » et « family» en sont d’autres exemples ; et vous ne remarquerez peut-être même pas que vous ne prononcez pas ces lettres du milieu.
Si cela ne suffisait pas, le schwa peut également apparaître à des endroits où aucune lettre n’indique qu’il devrait se trouver. Parfois, la bouche humaine décide qu’il doit y avoir une voyelle entre deux lettres. Pour remplir cet espace, le schwa intervient dans un processus appelé « épenthèse du schwa ». Dans le nom Dwight, par exemple, un son est parfois ajouté entre le « D » et le « w », ce qui le rend plus proche de « də-WIGHT ». Un autre exemple courant transforme « realtor » en « real-ə-tor ». Cela n’arrive pas dans tous les dialectes, mais c’est assez courant en Amérique du Nord. Comme avec le phénomène de syncope, l’anglais n’est pas seul. D’autres langues ont des processus similaires, bien que toutes les langues n’insèrent pas un schwa dans ces trous.
Que peut nous apprendre la voyelle schwa sur la prononciation ?
Il est toujours utile d’en savoir plus sur la langue que l’on parle. Si vous n’avez jamais entendu parler des schwas auparavant, vous voyez à présent votre façon de parler sous un nouvel angle.
Mais apprendre à connaître les schwas est aussi une façon d’apprendre la prononciation en général. Lorsque vous étudiez une nouvelle langue, il ne suffit pas de regarder les mots pour savoir comment les prononcer. Si certaines langues orthographient les mots de la même façon qu’ils sont prononcés, aucune langue n’est sans nuance.
Si vous souhaitez améliorer votre accent dans une nouvelle langue, il est important de connaître toutes les particularités de la prononciation, notamment celles des voyelles. Vous avez de nombreuses possibilités pour y parvenir. Vous pouvez trouver un tableau des voyelles spécifique à la langue que vous apprenez pour vous faire une idée de leur son. Vous pouvez rechercher les particularités de chaque langue pour les intégrer dans votre discours. Et, plus important encore, vous pouvez écouter autant de discours de locuteurs natifs que possible. Bien qu’il soit tentant de se contenter de lire la langue, les textes ne peuvent pas vous préparer pleinement à ce que sera le fait de communiquer dans la langue. En accordant votre oreille aux subtilités d’une langue — qu’il s’agisse de la voyelle anglaise schwa ou d’autre chose — vous vous améliorerez en un rien de temps.