Certains pays portent bien leur nom. Dans la langue islandaise, Ísland signifie littéralement « pays de glace », par association des mots ís (glace) et land (pays). Si les étendues de neige, les cascades glacées et les terres gelées sont les premières images que l’on se fait de cette île nordique baignée par les eaux glaciales de la mer du Groenland, d’autres évocations sont plus chaleureuses. Comme les belles couleurs des aurores boréales, le plaisir d’un verre de Brennivín partagé ou les douces vocalisations d’une langue méconnue.
En attendant la prochaine saison de la série Vikings ou le prochain album du groupe Of Monsters and Men, Babbel vous propose de dévoiler les mystères de la langue islandaise !
L’islandais, la langue scandinave oubliée
Cumulant plus de 20 millions de locuteurs natifs, le suédois, le danois et le norvégien sont les trois grandes langues scandinaves, sous-groupe de la famille des langues germaniques — et donc cousines éloignées de l’allemand, du néerlandais et de l’anglais. Toutes trois langues scandinaves orientales, elles en évinceraient presque les langues scandinaves occidentales que sont l’islandais mais aussi le féroïen (80 000 locuteurs, principalement sur les îles Féroé), quelques dialectes du norvégien et le rodi, issu du mélange du romani et de langues scandinaves.
Parlé par environ 300 000 personnes, l’islandais n’est pourtant pas la seule langue officielle de l’Islande. Depuis 2011, la langue des signes est également reconnue par le parlement islandais, l’île comptant environ 300 malentendants — soit un Islandais sur mille.
La langue médiévale qui survécut
Très différente du suédois et encore plus de l’anglais, l’islandais a pour plus proche parent le féroïen. Ce qui ne signifie pas pour autant que les deux langues sont quasiment identiques. Une des particularités de l’islandais est que la langue n’a presque pas changé depuis le Xe siècle. Si un Français d’aujourd’hui éprouverait bien du mal à lire (et à comprendre !) un texte en français tel qu’il était parlé il y a 1 000 ans, la lecture du vieux norrois (langue éteinte au XVe siècle) se fait presque naturellement pour un Islandais. Sur la même période, le norvégien a connu de nombreux changements, en intégrant certaines caractéristiques du danois et du suédois.
L’islandais apparaît alors comme une langue insulaire, non seulement parce qu’elle est principalement parlée sur une île mais aussi parce qu’elle donne l’image d’une résistante isolée face aux flots des évolutions linguistiques. Plus encore, elle apparaît comme l’une des rares langues médiévales à avoir survécu. L’une des raisons qui permettent de comprendre cette situation linguistique originale ? Le purisme islandais.
Le saviez-vous ? Il existe une Journée de la langue islandaise (dagur íslenskrar tungu, en islandais), célébrée le 16 novembre en hommage au poète Jónas Hallgrímsson, né le 16 novembre 1807. Parmi les différentes manifestations culturelles prévues, le ministre de l’Éducation décerne le Prix Jónas Hallgrímsson à un écrivain islandais ayant contribué au rayonnement de la langue.
Pureté des glaciers et purisme de la langue islandaise
Si les Islandais accueillent la modernité avec la même joie que n’importe quel autre peuple, la langue islandaise se montre plus frileuse. En particulier depuis la fin du XIXe siècle et l’arrivée de nouveaux concepts techniques. L’adaptation de nouveaux mots à la structure de l’islandais, même pour des termes admis internationalement, entre en concurrence directe avec la glíma pour remporter le titre de sport national.
- Satellite devient gervintungl, de gervi (artificiel) et tungl (lune) ;
- Téléphone devient sími, mot vieilli pour ficelle ;
- Électricité devient rafmagn, de raf (ambre) et magn (pouvoir), calquant la formation grecque du mot international où ἤλεκτρον signifie aussi ambre
Et s’il vous faut une autre preuve du pouvoir poétique et de l’inventivité de l’islandais, il existe un mot sans équivalent en français pour décrire une météo capricieuse, douce et agréable en apparence lorsqu’on l’observe par la fenêtre mais froide et désagréable dès qu’on passe le seuil de la porte pour sortir. Un peu comme ces dimanches pluvieux et venteux qu’on se plait à passer sous la couette. Ce mot islandais, c’est gluggaveður.
L’alphabet islandais
Les sons de l’islandais ont de quoi déstabiliser les oreilles non habituées. Souvenez-vous de l’éruption du Eyjafjöll en 2010 qui avait paralysé le trafic aérien européen… et les mâchoires des courageux qui s’étaient essayés à prononcer le nom de ce volcan ! Car l’originalité de l’islandais se retrouve aussi dans son alphabet :
- la lettre Þ þ se prononce comme le « th » anglais de « think » ;
- la lettre Ð ð se prononce comme le « th » anglais de « mother » ;
- la lettre Æ æ se prononce comme le « aï » de « rail » ;
- la lettre Ö ö, proche de son équivalente en allemand (prononcée comme un « eu ») ;
- la lettre Á á, à ne pas confondre avec le « à » français puisqu’elle se prononce « au » ;
- la lettre Ú ú se prononce « ou ».
L’islandais en 8 expressions clés
Quelques mots islandais ont influencé jusqu’au français, comme en témoignent les termes geyser et saga. En dehors de ces deux mots adoptés par la langue courante, peu nombreux sont ceux qui peuvent se vanter de pouvoir mener une conversation en islandais. À défaut d’ajouter une quatrième langue scandinave à son catalogue et bien que les Islandais soient réputés à l’aise en anglais, voici un lexique de 8 mots et expressions utiles si vous envisagez de partir à Reykjavik :
- Bonjour > Halló/Góðan daginn
- Comment t’appelles-tu ? > Hvað heitir þú?
- Je m’appelle… > Eg heiti…
- Parlez-vous français ? > Talar þú frönsku?
- Combien ça coûte ? > Hvad kostar thetta?
- Où est … ? > Hvar er… ?
- J’ai faim > Ég er sjangur
- L’addition, s’il vous plaît ! > Reikninginn, takk!