Deux langues entrent dans un bar. La première dit : « Comment ça va? » La deuxième s’arrête pour réfléchir, puis dit : « Muy bien. Quelle belle nuit. » Il n’y a pas de chute, à moins que cette tentative très grossière d’illustrer la pidginisation avec une mauvaise blague de bar vous amuse. Les pidgins et les créoles sont tous deux le résultat de ce qui se passe lorsque vous mélangez deux langues ou plus, mais ce sont deux concepts différents.
Pigdin et Créole
Pour faire simple, un pidgin est la version première génération d’une langue qui se forme entre les locuteurs natifs de différentes langues : une passerelle de communication improvisée, en quelque sorte. Un créole est un pidgin qui est devenu la langue maternelle de ses locuteurs, ou qui a été transmis à une deuxième génération de locuteurs qui ont formalisé et renforcé ses structures avec une grammaire et une syntaxe entièrement développées.
En règle générale, les pidgins se forment dans un contexte multiculturel. Historiquement, cela s’est souvent produit dans des régions où plusieurs groupes commerçaient entre eux, ou lorsque des groupes d’esclaves de différentes nations ont été assimilés dans une seule population et ont développé une langue.
Les pidgins empruntent souvent des mots à leurs langues sources et présentent une grammaire simplifiée. C’est une langue rudimentaire conçue pour permettre une communication minimale. Lorsqu’un pidgin devient un créole, la langue a développé suffisamment de caractéristiques propres pour avoir une grammaire distincte. Au-delà du créole français/ouest-africain bien connu parlé en Haïti, il y a aussi le créole hawaïen, qui est un mélange d’hawaïen, d’anglais, de chinois, d’espagnol et d’autres langues. Le malais a également au moins 14 créoles reconnus du fait de l’impact colonial néerlandais et portugais. Le gullah est un créole à base d’anglais parlé dans le sud des États-Unis, et il existe également le créole louisianais à base de français. Citons aussi le chavacano, un créole à base d’espagnol parlé aux Philippines.
La liste est longue. Les linguistes ne sont pas tous d’accord sur l’évolution des pidgins : s’ils deviennent immédiatement des créoles ou si le processus peut nécessiter plus d’une génération. Certains avancent qu’il existe toujours un grand nombre de points communs sur le plan neurologique dans la façon dont les êtres humains apprennent leur langue maternelle. Ainsi, les locuteurs de première génération des langues créoles vont forcément « compléter les trous » de tout aspect linguistique manquant dans la version pidgin.
Cela dit, on remarque souvent beaucoup de changements de vocabulaire, de syntaxe et de prononciation au cours des 20 à 30 premières années de la formation d’un créole. Dans tous les cas, certains pidgins sont encore utilisés aujourd’hui, comme le pidgin nigérian et le pidgin anglais camerounais, mais on les qualifie souvent indifféremment de créoles ou pidgins. Vous êtes perdu·e ?
La limite entre le pidgin et le créole n’est pas tout à fait hermétique
Il existe également un désaccord sur le fait que les créoles naissent toujours des pidgins, ce qui est connu sous le nom de la théorie du “cycle de vie”, introduite par Robert Hall en 1962. D’autres théories ont vu le jour depuis, comme l’idée selon laquelle les créoles peuvent se développer dans des contextes bien plus intimes que le commerce, comme entre les esclaves et les propriétaires de plantations. Certains linguistes contestent l’idée que créole haïtien et le créole louisianais seraient nés d’une étape de pidginisation.
Par ailleurs, il est important de noter que les pidgins ne deviennent pas toujours des créoles. Si une deuxième génération de locuteurs adopte des aspects du pidgin comme deuxième langue, il est généralement toujours considéré comme un pidgin. De plus, si la société ne fournit pas un environnement où la langue peut continuer à se développer de façon relativement isolée, bien souvent le pidgin disparaîtra avec le besoin de cette langue.
Dans tous les cas, la distinction n’est pas toujours très claire. « En conditions réelles d’utilisation, les distinctions sont elles aussi difficiles, comme avec le tok pisin (dans son nom et aussi comme il est généralement considéré comme un pidgin) qui est maintenant la langue maternelle de certaines personnes en Papouasie-Nouvelle-Guinée », écrit Daniel Ross, doctorant en linguistique sur Quora. « Alors, est-ce que c’est un créole ? » En un sens, oui. Mais c’est aussi une langue étrangère majeure pour de nombreuses personnes. Il est donc impossible de définir des frontières parfaites, mais les idées sont assez claires. Je pense qu’il est plus difficile de distinguer les autres types de langues mixtes des créoles que de distinguer les créoles des pidgins. »
Comme pour les langues et dialectes, la limite entre le pidgin et le créole n’est pas tout à fait hermétique. Les langues font partie d’un vaste continuum, et sont en constante évolution. De quoi alimenter les conversations au bar, non ?
traduit avec l’aide de l’IA