Préparez vos casques audio : aujourd’hui nous vous proposons d’embarquer pour un tour du monde… musical. Nous vous avons ainsi préparé la playlist idéale pour continuer de progresser dans votre apprentissage des langues tout en poussant la chansonnette. Au programme : nos 12 chansons du monde préférées ! Outre leurs qualités musicales, nous avons sélectionné des chansons du monde qui présentent un intérêt linguistique bien particulier, qu’il s’agisse de la beauté du texte, ou des défis de traduction qu’ils peuvent représenter.
Pour en savoir plus : Comment la musique peut-elle aider à apprendre les langues ?
Douze très belles chansons du monde entier
Trois belles chansons anglophones
Over the Rainbow (Judy Garland)
Nous sommes en 1938. Judy Garland n’est pas encore une star de cinéma : elle n’a que 16 ans, et s’apprête à incarner le rôle principal (Dorothy) dans Le Magicien d’Oz. Le monde est au bord du gouffre et les tensions, qui déboucheront sur la seconde guerre mondiale, rendent la jeunesse extrêmement pessimiste quant à son avenir. Et c’est dans ce contexte qu’est écrite, en une seule nuit, la chanson Over the Rainbow.
Lors d’une première écoute, les paroles de la chanson peuvent paraître mièvres. Mais cette comptine plaintive, faussement naïve, révèle progressivement le désir d’une adolescente – et de toute une génération – de s’échapper du monde dans laquelle elle vit. Le monde, raconte-t-elle, n’est qu’un « désordre sans espoir ». Mais, parfois, la pluie, les nuages, le gris et les soucis peuvent donner vie à un arc-en-ciel; et lorsqu’il apparaît, se crée un chemin vers un lieu où “les soucis fondent comme une glace au citron”.
En 2009, Le Magicien d’Oz a été considéré, par la Bibliothèque du Congrès américain, comme le film ayant été le plus vu au monde. De fait, Over the Rainbow, chantée par les troupes américaines en Europe, puis reprise par la communauté LGBT lors des émeutes de Stonewall, est devenue aujourd’hui un hymne international, incarnant les espoirs d’une génération rêvant de l’avènement d’un monde idéal ; après la pluie.
Quelque part au-dessus de l’arc en ciel, loin là-haut
Se trouve un pays dont j’ai entendu parler une fois dans une berceuse
Oh, quelque part au-dessus du ciel de l’arc-en-ciel, les cieux sont bleus
Et les nuages, au-dessus de l’arc en ciel, donnent vie à tous vos rêves
Heroes (David Bowie)
Après avoir atteint le sommet du Hit-Parade américain en 1975 avec la chanson Fame, David Bowie décide de s’expatrier à Berlin-Ouest. Entre 1977 et 1979, il écrit sa « trilogie berlinoise » : Low, Lodger, et Heroes, dont les paroles lui auraient été inspirées par la vision de l’une de ses choristes, Antonia Maass, en train d’embrasser son producteur, Tony Visconti, devant le mur de Berlin.
La chanson est un hymne aux gens normaux, aux “n’importe qui” pouvant devenir “quelqu’un” à un instant de l’histoire, pourvu qu’ils prennent le train en marche au bon moment, au bon endroit. Un hommage au pouvoir de la foule, du peuple, des gens de rien qui peuvent faire vaciller les gouvernements et le despotisme, devenir les héros d’une nation – et, de fait, Heroes a un aspect prophétique, prédisant la chute du mur de Berlin en 1989.
Je deviendrai roi
Et tu seras reine
Même si rien ne les chassera
Nous pouvons les battre, juste pour un jour
Nous pouvons être des héros, juste pour un jour
The Sound of Silence (Simon & Garfunkel)
Profondément marqué par l’assassinat de John F. Kennedy, Paul Simon compose d’abord la célèbre mélodie de The Sound of Silence avant d’écrire l’une des plus célèbres chansons du monde. De nombreuses théories ont émergé quant au sens réel des paroles, avant que Paul Simon ne finisse par lever le mystère : il ne s’agit ni d’un hommage à dieu, ni d’une chanson sur la mort, mais du manque de communication entre les hommes.
Les premiers vers de la chanson, quant à eux, parlent … de la salle de bain de Paul Simon, où le musicien avait l’habitude de composer, appréciant l’écho du son contre le carrelage.
Et dans la lumière nue, je vis
Dix mille personnes, peut-être plus
Parlant sans converser
Entendant sans écouter
Écrivant des chansons dont les voix ne partageaient rien
Et personne n’osait
Perturber la mélodie du silence
Pour en savoir plus : https://fr.babbel.com/fr/magazine/apprendre-une-langue-en-musique
Trois belles chansons allemandes
Du Bist Die Ruh (Schubert)
Avant d’être une chanson, Du Bist Die Ruh était un poème écrit par Friedrich Rückert. Lorsque Schubert compose en 1823 la mélodie pour piano de Du Bist Die Ruh, il essaie de traduire tout ce que le poème lui fait ressentir – sensualité, émotions, dévotion – dans sa musique. De laquelle sort l’expression d’un amour désintéressé et indéterminé dans son objet (dieu ? une femme ? un autre homme ?), donc pur.
Chasse tout chagrin
De mon sein.
Que ce cœur soit plein
De ta joie.
99 Luftballons (Nena)
Cette célèbre chanson engagée est apparue dans les années 80, restituant à merveille l’ambiance de la guerre froide telle qu’elle était ressentie par les Allemands. La chanson raconte l’histoire de ballons gonflés à l’hélium, lâchés par les habitants de Berlin Ouest en toute innocence, mais détruits par 99 avions de chasse d’Allemagne de l’Est, “Chacun était un grand guerrier Se prenant pour capitaine Kirk”. Mais il ne peut y avoir, à ce jeu, “aucune place pour les vainqueurs”.
As-tu un peu de temps pour moi ?
Alors je te chanterai une chanson
Sur 99 ballons
Sur leur chemin vers l’horizon
Wir Sind Wir (Paul Van Dyk et Peter Heppner)
On l’oublie souvent mais l’Allemagne, à la fin des années 90, était un pays profondément incertain de son avenir. La crise économique et la réunification avaient mis le pays à genou ; et de nombreux Allemands ressentaient encore l’angoisse de la guerre et l’insécurité, pessimistes quant à leur avenir et quant à leurs chances de se relever. La fierté d’être Allemand était quelque chose de rare.
Mais, face au défaitisme, cette chanson de 2004 proclame que tout cela n’est “qu’une mauvaise période à passer”. Hymne à l’identité allemande, à la réconciliation, et à l’optimisme, la chanson de Paul Van Dyk et Peter Heppner est connue de tous les Allemands nés dans les années 80 et 90.
Bien des fenêtres vont rester vides
Bien des personnes ne sont jamais revenues
Et des choses du passé
Plus personne ne parle
Mais je continue à demander : qui sommes-nous ?
Trois belles chansons hispanophones
Latinoamérica (Calle 13)
Ce magnifique portrait du continent latino-américain par le groupe mexicain Calle 13 est un hymne à tous les combats qui animent le continent. C’est à la fois un cri de rage, une revendication, une contemplation, et un appel au combat, à la lutte contre certains maux qui gangrènent ce bout du monde depuis si longtemps.
Tu ne peux pas acheter le vent
Tu ne peux pas acheter le soleil
Tu ne peux pas acheter la pluie
Tu ne peux pas acheter la chaleur
Tu ne peux pas acheter les nuages
Tu ne peux pas acheter les couleurs
Tu ne peux pas acheter ma joie
Tu ne peux pas acheter mes douleurs
Volver (Estrella Morente)
La chanson de flamenco Volver est devenue célèbre dans le monde entier grâce au film éponyme de Pedro Almodovar, réalisé en 2006. Mais saviez-vous qu’il s’agit, à l’origine, d’une chanson composée par Alfredo Le Pera et interprétée par Carlos Gardel en 1935 ?
Volver est l’un des tangos les plus connus au monde, évoquant la nostalgie des émigrés pour leur contrée natale. Un hymne universel à la fois déchirant, mélancolique, et néanmoins rempli d’un espoir lucide sur le fait que le retour n’est pas souhaitable. Ni même souhaité. Mais simplement désiré.
Et même si l’on ne souhaite pas le retour,
On revient toujours à son premier amour
(…)
Et, même si l’oubli qui détruit tout
A tué mes vieilles illusions,
Je garde cachée une humble espérance,
Qui est toute la fortune de mon cœur.
Libre (Nino Bravo)
En 1962, un jeune Allemand de 18 ans, Peter Fechter, fut le premier à tenter de franchir le mur de Berlin, érigé un an plus tôt. Accompagné d’un ami, il se mit à grimper sur le mur, seul, et sourd aux injonctions des soldats soviétiques lui criant de cesser son entreprise.
Il marchait si heureux
Qu’il n’entendit pas la voix qui l’appela
Alors les soldats firent feu, et le jeune homme, “qui venait d’étendre ses ailes”, tomba – au beau milieu du No man’s land séparant l’Est et l’Ouest. Étaient présents une foule de journalistes, de militaires, de citoyens et de passants, appelant à l’aide, réclamant que quelqu’un vienne au secours de Peter Fechter ; mais personne n’osa intervenir, de peur de déclencher les hostilités entre les deux camps.
Libre rend hommage au jeune Allemand, et raconte ce désir intense de liberté qui influença tant les années 60.
Trois belles chansons italiennes
Caruso (Lucio Dalla)
Caruso est l’une des plus célèbres chansons italiennes. Écrite en 1986 par l’auteur-interprète Lucio Dalla, elle raconte l’histoire d’un vieil homme sur son lit de mort, et sa douleur en revoyant les yeux d’une jeune femme.
Il s’agit d’une vision romanesque des derniers instants du ténor Enrico Caruso, qui fut la plus grande légende de l’opéra italien du XXe siècle.
Là où il y a la mer et un vent déchaîné
Sur une vieille terrasse donnant sur le golfe de Sorrente
Un homme embrasse une fille après qu’elle eût pleurée
Puis s’éclaircit la voix et recommence à chanter …
C’è chi dice no (Vasco Rossi)
C’è chi dice (“Certains disent non”) est une chanson qui pourrait paraître, de prime abord, simple. C’est en réalité tout le contraire : les multiples interprétations déclenchent de vifs débats sur les forums, et personne, pas même Vasco Rossi, n’est réellement certain de l’identité de ceux qui disent non.
Pour quelqu’un qui apprend l’italien, les paroles de cette chanson est un défi de traduction très intéressant, du fait d’une langue très idiomatique, aux nombreux niveaux de lecture.
Il y a quelque chose de faux
Dans ces paradis
Il y a quelqu’un
Qui ne sait plus
Quelle heure il est
Tu vuo’ fa’ l’americano (Renato Carosone)
Vous connaissez forcément la mélodie de cette chanson composée en 1956. Reprise à de très nombreuses reprises par des artistes du monde entier, cette chanson emblématique de l’après-guerre, écrite en napolitain, a conquis le monde en mélangeant le swing, la chanson traditionnelle napolitaine et le boogie-woogie.
Les paroles racontent la vie d’un jeune Italien séduit par l’American Dream, singeant et se réappropriant toutes les importations culturelles venues d’outre-Atlantique avec les soldats de l’Oncle Sam : Baseball, cigarettes, jeans et rock’n’roll … Sauf que le jeune homme n’aurait jamais accès à tout cela sans l’argent de la Mamma.
Tu portes un pantalon avec une marque sur le derrière
Une casquette à la visière relevée
Tu passes en carillonnant dans tout Toledo
Comme un voyou, pour te faire remarquer
Tu veux faire l’Américain
Tu danses le rock and roll
Tu joues au baseball
Mais l’argent pour les Camel
Qui te le donne ?
C’est le porte-monnaie de maman !
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