Académie française : qui est cette gardienne de la langue française depuis 1635 ?

Rôle culturel, dictionnaire, rituels des immortels : Babbel vous invite à une plongée linguistique et historique dans l’Académie française !

Qu’est-ce que l’Académie française ? Vieille de près de quatre siècles, cette institution occupe une place à part dans le paysage culturel et linguistique francophone. Fondée sous Louis XIII, l’assemblée de 40 « immortels » défend la langue française. Babbel vous propose d’en découvrir les origines, la mission et le fonctionnement.

Aux origines de l’Académie française : une création du « Grand Siècle »

Qui a fondé l’Académie française ? C’est en 1635 que cette institution voit le jour sous l’impulsion du cardinal de Richelieu, principal ministre du roi Louis XIII. À l’origine, il s’agissait d’un petit cercle informel d’hommes de lettres qui se réunissaient régulièrement chez Valentin Conrart pour discuter de littérature. Richelieu, conscient de l’importance de la langue comme instrument de pouvoir et d’unification nationale, propose alors d’officialiser ce groupe en lui conférant une autorité royale.

Les lettres patentes de création de l’Académie sont signées par Louis XIII en janvier 1635 et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637. La mission initiale de cette jeune institution était de « donner des règles certaines à notre langue et la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». C’est ainsi que naquit la première académie linguistique officielle d’Europe, modèle qui inspira par la suite de nombreux pays !

Quels sont les rôles et les missions de l’Académie française ?

Dès ses débuts, l’Académie se voit attribuer une tâche colossale : celle de rédiger un dictionnaire de la langue française. Le premier dictionnaire de l’Académie française est finalement publié en 1694, après 59 ans de travail ! Une œuvre monumentale qui marque le début d’une longue tradition lexicographique qui se poursuit encore aujourd’hui.

Le dictionnaire de l’Académie française n’est pas un dictionnaire comme les autres : il a une vocation principalement normative, c’est-à-dire qu’il définit l’usage correct de la langue française selon les académiciens. Depuis sa première édition, neuf éditions complètes ont été publiées, la dernière datant de novembre 2024.

À côté du dictionnaire, l’Académie française remplit d’autres fonctions dans la préservation et l’évolution de la langue française. Elle se prononce sur les néologismes, les emprunts aux langues étrangères et propose des équivalents français pour les termes techniques, en particulier ceux issus de l’anglais, comme « courriel » plutôt que « e-mail » ou « divulgâcher » au lieu de « e-mail ».

Chaque année, l’Académie décerne plusieurs prix littéraires, dont le prestigieux Grand Prix de littérature. Grâce aux dons, elle soutient aussi des actions culturelles.

Comment devient-on académicien à l’Académie française ?

Depuis sa création, l’organisation et le fonctionnement de l’Académie française ont peu évolué. L’institution se compose de 40 membres, surnommés les « immortels » en référence à sa devise : « À l’immortalité ». Ce nombre, fixé dès l’origine par Richelieu, n’a jamais changé. Pour devenir académicien, il faut être coopté par les membres en place. Lorsqu’un fauteuil devient vacant suite au décès d’un membre, les candidats doivent faire acte de candidature par lettre. L’élection se déroule à bulletins secrets et requiert la majorité absolue. Une fois élu, le nouvel académicien est reçu lors d’une séance solennelle.

Les académiciens sont élus à vie et représentent tous les domaines de la culture et de la pensée. On y trouve des écrivains, des poètes, des philosophes, des historiens, des scientifiques, des hommes et femmes politiques, des religieux, etc. Historiquement masculine, l’Académie s’est progressivement ouverte aux femmes. La première académicienne, Marguerite Yourcenar, a été élue en 1980. En 2025, l’Académie française est présidée par Amin Maalouf, élu secrétaire perpétuel en 2023.

L’Académie française face aux défis de la langue moderne

L’Académie française ne fait pas l’unanimité et fait face à plusieurs défis pour garder sa pertinence et son influence. L’institution a dû moderniser ses méthodes de travail pour répondre à la révolution numérique et à l’accélération des échanges linguistiques : le monde a beaucoup changé depuis 1635. L’un des débats linguistiques les plus vifs concerne la féminisation des noms de métiers, titres et fonctions. L’Académie, initialement réticente, a progressivement assoupli sa position. Dans la neuvième édition de son dictionnaire, elle a intégré certaines formes féminines, tout en maintenant certaines réserves sur des évolutions qu’elle juge trop rapides ou mal formées. 

Avec plus de 300 millions de locuteurs dans le monde, le français est aujourd’hui une langue internationale. L’Académie française collabore avec les institutions de la francophonie pour promouvoir le français sur la scène mondiale et maintenir sa place parmi les grandes langues de communication internationale. Qu’on approuve ou critique ses positions, après presque quatre siècles d’existence, l’Académie française reste un symbole de l’attachement de la France à sa langue. Pour beaucoup de personnes, elle continue d’incarner la volonté de préserver la clarté, la précision et la richesse de la langue française en expliquant comment bien utiliser la langue.

Certaines personnes remettent en question l’autorité et l’influence réelle de l’Académie dans la société contemporaine. Est-elle un gardien nécessaire de la langue ou une institution élitiste déconnectée des usages réels ? Un débat récurrent qui incarne la tension entre tradition et modernité qui a toujours caractérisé les questions linguistiques… même avant 1635 !

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