Vous voulez apprendre l’espéranto ? Nous connaissons la destination parfaite ! En Basse-Saxe, à environ cent kilomètres au sud de Hanovre, la ville allemande d’Herzberg am Harz est surnommée die Esperanto-Stadt, ou « la ville de l’espéranto » en français. Il s’agirait de la ville comptant le plus grand nombre d’espérantophones au monde.
Inventé à la fin du XIXe siècle dans le but de devenir la langue universelle qui saura unir les peuples, l’espéranto a une histoire fascinante. Vous souhaitez vous lancer dans l’apprentissage de cette langue artificielle ? Découvrez notre guide pour apprendre l’espéranto !
Qu’est-ce que l’espéranto ?
L’espéranto est une langue construite, créée par l’ophtalmologue polonais Ludwik Lezjer Zamenhof en 1887. L’objectif de ce médecin polyglotte aux multiples talents était clair : inventer une langue universelle, facile à apprendre, dans l’espoir de rassembler les peuples du monde entier. L’espoir justement, c’est l’étymologie même du mot espéranto choisi pour désigner la langue.
L’idée de l’espéranto n’a pas germé de nulle part. À la fin du XIXe siècle, la région polonaise où vivait Ludwik Lezjer Zamenhof était administrée par l’Empire russe. Si l’optimiste Dr. Zamenhof avait le russe pour langue maternelle, il parlait également polonais, yiddish, allemand, anglais, espagnol, lituanien, italien et français – à des niveaux de maîtrise différents. Plusieurs années d’études et de réflexion ont été nécessaires à la publication d’Unua Libro (Premier Livre en espéranto) qui pose les bases grammaticales de la langue.
Pourquoi inventer une langue universelle ?
Alors que l’anglais s’impose aujourd’hui dans les échanges internationaux et que le français était très courant à la cour russe, pourquoi avoir fait le choix d’une langue construite plutôt qu’une langue existante comme langue universelle ? Dans un souci de neutralité, le Dr. Espéranto – comme Zamenhof se surnommait lui-même – ne voulait privilégier aucun locuteur natif. Aujourd’hui, l’espéranto serait parlé par environ 2 millions de personnes – soit environ autant de locuteurs que le letton – dans 120 pays. Il s’agit même de la langue maternelle d’un millier de personnes !
Le saviez-vous ? L’espéranto n’est ni la dernière… ni la première langue construite ! En 1879, le prêtre allemand Johann Martin Schleyer avait déjà mis au point le volapük – dont il ne reste pas grand-chose aujourd’hui. Depuis, science-fiction et séries TV ont fait la part belle à un grand nombre de langues artificielles, du klingon au dothraki.
Pourquoi apprendre l’espéranto ?
L’espéranto est une langue facile à apprendre, car simple et logique. On raconte même que deux heures auraient suffi à Tolstoï pour l’apprendre ! La grammaire est basique, la syntaxe est flexible, l’orthographe régulière, il n’y a ni genre grammatical ni exceptions aux règles… Et c’est une langue neutre qui fait fi des privilèges culturels octroyés aux langues dominantes. Tous les arguments sont présents pour se mettre à l’espéranto ! Notons cependant que la neutralité de ce projet utopiste n’est que partiel. L’espéranto se base sur les langues indo-européennes, en particulier sur les langues romanes.
Comment apprendre l’espéranto ?
Pour apprendre l’espéranto, comme pour n’importe quelle autre langue, il faut commencer par la base. Que faites-vous si vous voulez apprendre le russe ? Vous commencez par déchiffrer l’alphabet cyrillique ! La base de l’espéranto, c’est également son alphabet. Que faire ensuite ? Quelles ressources utiliser et comment s’y prendre pour être capable d’avoir une conversation en espéranto ? La réponse pourrait tenir en un seul mot : Internet.
Sites utiles pour apprendre l’espéranto en ligne
- lernu! est le service le plus connu, le plus réputé et le plus complet pour apprendre l’espéranto – et c’est entièrement gratuit !
- iKurso est un cours en 10 leçons pour maîtriser rapidement les bases.
- Kurso Saluton est un autre programme intuitif pour un apprentissage 100 % autodidacte.
- Kurso de Esperanto regroupe des leçons, des exercices et des ressources ludiques
Un site francophone dédié rassemble toutes les informations et les actualités sur l’apprentissage de l’espéranto, y compris sur les stages linguistiques et autres événements. Et puisque voyager est toujours une raison suffisante pour apprendre une langue, sachez qu’il existe Pasporta Servo, une plateforme d’hébergement qui met en relation les espérantistes du monde entier.
Un peu de culture en espéranto !
Pour consolider vos acquis, vous prendrez bien un peu de culture en espéranto. Kastelo De Prelongo (Le Château de Prélong en français) fut le premier roman écrit en espéranto en 1907. Des ressources écrites plus accessibles sont disponibles, comme le magazine bimestriel Kontakto. Le journal français Le Monde Diplomatique dispose même de sa version en espéranto !
Si vous avez une mémoire auditive, les chansons de Martin Wiese ou de Ĵomart et Nataŝa pourront vous aider dans votre apprentissage de l’espéranto. Côté cinéma, le film Incubus avec William Shatner et tourné en espéranto reste sans aucun doute le plus célèbre !
Mini-guide de conversation français-espéranto
En espéranto, tous les noms communs se terminent par « o », ce qui n’est pas sans rappeler les terminaisons masculines en italien. Ainsi, ami se dit amiko, très proche d’ailleurs de l’italien amico. Les adjectifs se terminent par « a » (amika, amical) et les adverbes par « e » (amike, amicalement). Et pour exprimer le contraire, le préfixe mal est utilisé : bela, beau devient ainsi malbela, laid (avec, encore une fois, une proximité très forte avec l’italien et le français). Besoin d’expressions utiles pour sympathiser entre espérantophiles ? En voici quelques-unes !
Bonjour ! Saluton!
Comment allez-vous ? Kiel vi sanas?
Comment vous appelez-vous ? Kio estas via nomo?
Je ne comprends pas ! Mi ne komprenas!
Je ne sais pas ! Mi ne scias!
Quel avenir pour l’espéranto ?
L’espéranto, succès ou échec ? Si la langue n’a peut-être pas rencontré l’enthousiasme espéré par son inventeur, l’espéranto continue malgré tout à trouver son public. Traumatisé par les horreurs de la guerre et la montée de l’antisémitisme, Zamenhof aspirait avant tout à pacifier le monde par la linguistique. Mort en 1917, il n’assistera pas à la répression de sa langue construite par les régimes soviétique et nazi. Dans les années 1930, Adolf Hitler et Joseph Staline firent assassiner un grand nombre d’espérantistes qui ne correspondaient pas à leur idéaux politiques. Même aux États-Unis, Joseph McCarthy, figure phare de l’anticommunisme américain, y était réticent et accusait les espérantophones d’être des communistes.
Apporter sa contribution à un monde plus tolérant, ne serait-ce pas au final la plus belle motivation pour apprendre l’espéranto ? Bonŝancon! (Bonne chance !)